Cette entrevue avec Cristian De La Luna a été réalisée avant que son concert, prévu le 21 mars au CCFM ne soit annulé. Ses propos prennent, en ces temps d’exception, une résonnance toute particulière.

Par Laëtitia KERMARREC

La confidence arrive spontanément : c’est notre satellite qui inspire Cristian De La Luna, à cause de l’absence de frontières. Parce que sur Terre ces limites nous imposent indéniablement une identité.

Le chanteur d’origine colombienne est convaincu que les frontières terrestres imposent « une étiquette. » Il a choisi le nom de Cristian De La Luna il y a cinq ans, à l’occasion du lancement de sa carrière solo. À travers ce patronyme, il revendique le besoin de solidarité entre êtres humains : « Plus on est ensemble, mieux c’est. » Au lieu d’imposer des séparations virtuelles entre individus.

Cristian De La Luna est chanteur depuis une vingtaine d’années. Il explique que, au-delà d’être sa passion, la musique est avant tout un besoin pour lui. Elle lui permet d’exprimer ce qu’il n’arrive pas à dire autrement. « C’est plus facile de raconter son histoire de cette manière. La musique guérit tout, peu importe ce que l’on a vécu. »

Et l’artiste parle en connaissance de cause. Car son histoire est plutôt dramatique. Le chanteur n’avait pas encore dix ans, que son père, Norberto, a été accusé à tort d’avoir tué en 1989 un candidat à l’élection présidentielle de Colombie, Luis Carlos Galam Sarmiento. Après trois ans et demi de prison, il a finalement été disculpé et libéré.

Mais le chemin était encore long avant de retrouver la paix. Certaines personnes restaient convaincues de la culpabilité de Norberto. La famille de quatre enfants a alors dû se cacher pendant plus de sept ans pour se protéger, avant de venir au Canada comme réfugiés. L’isolement était pesant.

Sa musique est son histoire. Mais c’est aussi le soleil et la gaieté de ses origines colombiennes, qui ont été mêlées au reggae, au funk, à la pop et même parfois au rock’n’roll, au fur et à mesure de ses expériences au Canada, pour un résultat à fusion latine.

Cristian De La Luna est en effet arrivé au Québec à l’âge de 17 ans, avant de s’établir en Alberta huit ans plus tard. C’est là qu’il a commencé à composer en français.

Last but not least (voir encadré), après une longue tournée dans l’Ouest canadien entamée depuis le 29 février, Cristian De La Luna aurait eu sa dernière représentation au CCFM.

Il y jouera quelques chansons de son premier album solo, Sabes, sorti en octobre 2018, et réserve également « quelques surprises ». Il invite à venir écouter sa musique ensoleillée « pour avoir du fun et finir par écraser l’hiver. »

Cristian De La Luna entame également plein de projets. Parmi eux, une collaboration avec des artistes albertains pour réaliser un album de Noël franco-espagnol.

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Le Manitoba tremplin de La Luna 

La Province du Milieu représente une attache particulière pour Cristian De La Luna. Son collaborateur Raphaël Freynet, dont il est proche, est originaire du Manitoba.

Cristian De La Luna connaît bien la famille Freynet, dont une partie vit encore dans la province.

Il a toujours trouvé les Manitobains très accueillants.

Ainsi, l’artiste rappelle le soutien important qu’il a reçu au Manitoba, notamment à travers différents organismes comme Manitoba Music ou le 100 Nons, l’organisme qui soutient les musiciens francophones du Manitoba.

Le chanteur avait participé entre autres au camp des artistes entrepreneurs de l’Ouest en 2016, aux côtés d’autres artistes naissants comme Rayannah, Pierre Freynet, ou encore Justin Lacroix, ce qui évoque en lui de très beaux souvenirs de découverte et de partage.