photo : Marta Guerrero
↓Le cinéaste manitobain, Mike Maryniuk, tient dans ses mains l’un des prototypes qu’il a utilisé pour le montage de son court-métrage sélectionné dans la compétition du Festival international du film d’animation d’Annecy, Nuit de juin : une maquette de lit sur laquelle repose la figure de Buster Keaton. La photo a été prise dans le parc Fort Rouge qui l’a inspiré pour son scénario.
Grande première pour le Winnipégois Mike Maryniuk, qui a grandi à Île-des-Chênes : son œuvre surréaliste est en compétition officielle au prestigieux Festival international du film d’animation d’Annecy 2021, en France. (1)
Le natif de Winnipeg est très enthousiaste à l’idée de participer au Festival d’Annecy. « C’est le plus grand festival de films d’animation au monde. C’est un peu les Olympiques de l’animation. En 2021, 44 films sont en compétition dont quatre courts métrages de cinéastes canadiens, donc le ratio n’est pas mauvais. » (2)
Pour le francophile, qui a déjà été sélectionné dans d’autres festivals internationaux, son travail retenu est un court métrage de quatre minutes, Nuit de juin (June Night), en anglais avec sous-titres français.
Ce film est produit par l’Office national du film du Canada (ONF) et fait partie de sa collection abordant la pandémie intitulée La courbe : des histoires de distanciation sociale qui nous rapprochent, dans le volet Ruptures et révélations. (3) Les films créés pour cette collection sont destinés à être mis en ligne.
Les œuvres les plus remarquables ont cependant été soumises au Festival d’Annecy, dont Nuit de juin.
« C’est une ode surréaliste à la renaissance et à la réinvention. Elle s’inscrit dans une logique de rêve post-COVID. Pour mon personnage principal, j’ai choisi la figure de la légende du cinéma muet des années 1920 à 1960, Buster Keaton. Buster vit un moment d’introspection.»
« Dans ce paysage onirique utopique, il songe à toutes les choses dont il n’a plus besoin, pour réimaginer un monde façonné par les forces de la nature. Comme la nature n’a pas besoin des humains, que se passe-t-il lorsqu’ils sont pris dans leur maison pour un an? »
Ses inspirations sont nées d’observations puisées dans cette période de pandémie. « J’ai rencontré des personnes qui, pour la première fois, avaient un rêve. Elles semblaient vivre un moment de réflexion personnelle pour s’apercevoir de ce qui est réellement important pour elles. J’espère que Nuit de juin puisse amener les spectateurs à ce genre de réflexion. »
Pour réaliser son court métrage, l’autodidacte a utilisé des images d’archives qu’il a juxtaposées et animées à la main. « C’est une technique avec du papier dont peu de personnes se servent parce qu’elle demande beaucoup de temps.
« J’ai utilisé à peu près 16 000 morceaux de papier pour former les images du film. Il faudrait normalement compter des années pour ce travail. Mais pour le projet La courbe de l’ONF, je l’ai préparé en quelques mois pour pouvoir être dans les temps. »
| Un heureux accident
Plus qu’un travail, la réalisation de films est sa passion, qu’il a découverte par accident. « Il y a plus de 20 ans, je travaillais à la démolition d’une boutique de chaussures, où j’ai découvert des affiches de cinéma des années 1920.
« Ça m’a donné envie de m’immerger dans cet univers du cinéma. J’ai commencé à suivre des ateliers avec le Winnipeg Film Group, puis avec l’ONF, pour apprendre à tourner des films en noir et blanc en format 16 mm. »
Dans ses créations, il apprécie faire appel à sa jeunesse à Île-des-Chênes, où il a vécu toute son adolescence. Ainsi son précédent long métrage sorti en 2018, The Goose, a été inspiré par certains évènements qui se sont produits dans la municipalité de Ritchot.
Mike Maryniuk a maintenant plus de 40 films à son actif. Ses œuvres ont été projetées partout dans le monde, notamment au Sundance Film Festival dans l’Utah, au SXSW (South by Southwest) Festival au Texas, au New York Views from the Avant Garde, et au TIFF (Toronto International Film Festival).
À l’image de son personnage dans Nuit de juin, Mike Maryniuk caresse un rêve. « C’est le Canadien Theodore Ushev qui a remporté le Festival international du film d’animation d’Annecy en 2020. Alors qui sait? Peut-être que les Canadiens vont arriver premiers aussi cette année?
« Quoi qu’il arrive, être sélectionné pour le Festival d’Annecy, c’est en soi déjà un prix. Sans compter le véritable privilège de pouvoir continuer à faire de l’art en temps de pandémie. »
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