Par: Michel LAGACÉ
Devenue Première ministre du Manitoba le 2 novembre dernier, Heather Stefanson a pris son temps avant de mettre son empreinte sur le gouvernement en remaniant le conseil des ministres la semaine dernière. C’était l’occasion idéale pour elle de donner une nouvelle image à son parti et d’indiquer quelles seraient les priorités qui allaient la différencier de son impopulaire prédécesseur.
Ainsi, Mme Stefanson aurait pu démontrer qu’elle allait poursuivre des politiques différentes dans la gestion de la pandémie en changeant de ministre de la Santé. Mais non, Audrey Gordon demeure en poste. Et pour gérer les finances publiques durant cette période difficile, la Première ministre remet Cameron Friesen aux finances, le portefeuille qu’il avait occupé dans le premier gouvernement de Brian Pallister. Un poste où il avait démontré qu’il ne maîtrisait en rien ses dossiers.
Exemple : lors de son premier budget, il avait annoncé qu’il avait trouvé 122 millions $ d’économies. Mais il ne pouvait pas identifier ces économies parce qu’il n’y en avait pas. Il annonçait tout simplement que le déficit de l’année suivante allait être plus bas que celui de l’année courante.
Pour des raisons que seule connaît Heather Stefanson, le ministre de l’Agriculture, Ralph Eichler, sans doute le ministre rural le plus influent du gouvernement, n’est plus ministre alors qu’il était de ceux qui l’avaient appuyée dès qu’elle s’est présentée comme candidate à la chefferie du parti. Et alors que Scott Fielding semblait avoir une compréhension des finances publiques, il a été rétrogradé au poste de ministre des Ressources naturelles. Alan Lagimodière demeure en poste, lui qui avait défendu le système d’écoles résidentielles lorsqu’il est devenu ministre des Relations avec les Autochtones.
Quoiqu’il en soit de ses choix de ministres, Heather Stefanson a clairement indiqué qu’elle assumait la pleine responsabilité de la gestion de la pandémie. Elle a déclaré qu’elle ne se limiterait pas à prendre conseil seulement auprès des spécialistes de la santé publique. En d’autres mots, elle se propose de subordonner les avis des spécialistes à son jugement politique. Et si elle gère la pandémie pour plaire à la base de son parti qui résiste à la vaccination, tant pis pour ceux et celles qui attendent des interventions chirurgicales et des tests de diagnostic.
La nouvelle Première ministre semble donc vouloir perpétuer les politiques de son prédécesseur pour garder l’appui d’une aile importante de son parti qui résiste aux directives sanitaires. Une chose est sûre : changer de cap exigerait beaucoup de courage, une denrée rare en politique quand il s’agit de servir le bien commun avant tout.
Force est de conclure que Heather Stefanson semble avoir comme ambition le simple exercice du pouvoir.