Plus de 4,5 millions $, en partie en provenance du gouvernement fédéral, vont être alloués à l’Université de Saint-Boniface (USB) pour financer deux projets d’infrastructures. Pour l’un des projets, il aura fallu trois demandes de financement de la part de L’USB pour obtenir satisfaction.
Par Vincent Erario
Dans un communiqué, publié le 23 février, Patrimoine canadien a annoncé que le gouvernement fédéral va investir 1,935 million $ pour la rénovation et mise à niveau des laboratoires de chimie du Département des sciences expérimentales de la Faculté des arts et la Faculté des sciences. Il s’agit d’un investissement sur deux ans.
« C’est sous l’entente Canada-Manitoba, que ces fonds-là sont accordés, précise Lucile Griffiths, directrice des finances de L’USB. Nous avons travaillé avec le Bureau de l’éducation française (ministère de l’éducation du Manitoba), qui nous a servi d’intermédiaire avec le Fédéral. »
Lucile Griffiths raconte qu’une première demande de financement fédéral pour ce projet avait été faite en 2016 : « On avait avancé un projet, mais il n’avait pas été retenu. On avait quand même reçu du bon feedback, qui disait que c’était un projet valable. » Une deuxième demande a été rejetée en 2019. Lucile Griffiths explique qu’une condition n’était pas remplie à chacun des refus : « Le financement fédéral se limite à 50 % du coût du projet, donc lorsque l’on fait une demande il faut montrer que l’on a déjà l’autre moitié des fonds. »
L’USB a finalement apporté cette preuve lors de sa dernière demande, à l’été 2021. Lucile Griffiths insiste sur le fait qu’il s’agit de fonds internes : « Ce sont vraiment des fonds de L’USB. La Province nous finance certes toute l’année, mais il n’y a pas de nouvel argent provincial pour ce projet-là. C’est L’USB qui avance l’autre moitié. »
Pour l’autre projet d’infrastructure, le même partage des coûts entre le fédéral et L’USB a été opéré : 286 631 dollars vont être respectivement versés pour moderniser le pavillon de la Faculté d’éducation. Le projet a été soumis en août 2021 et approuvé du premier coup. « C’était un plus petit projet », commente Lucile Griffiths.
Un très grand laboratoire
« Les laboratoires de chimie ont été bâtis dans les années 1970, confie François Gauvin, professeur agrégé en chimie à L’USB. Aucune rénovation d’envergure n’a été faite dans ces locaux depuis cette époque, excepté le remplacement des hottes chimiques pendant les années 1990. »
François Gauvin résume l’objectif des futurs travaux : « On passe de cinq salles à trois salles dans le même espace, les deux laboratoires d’enseignement actuels vont être remplacés par un grand laboratoire d’enseignement. Il va également y avoir un laboratoire de recherches plus grand et mieux équipé que celui qu’on avait auparavant. Enfin, une salle de préparation de taille normale. »
Selon les estimations transmises par l’université de Saint-Boniface, la superficie du nouveau laboratoire d’enseignement devrait atteindre 1 728 pi2, soit un gain de 551 pi2 par rapport à l’actuel laboratoire principal. Le laboratoire de recherches et d’instrumentation devrait couvrir 430 pi2 et la salle de préparation 220 pi2. L’université de Saint-Boniface insiste sur le fait que les plans ne sont pas encore finalisés et que ces données ne sont pas définitives.
La rénovation va permettre de pouvoir accueillir 32 étudiants à l’intérieur du nouveau laboratoire d’enseignement. Soit huit de plus, par rapport au plus grand des deux laboratoires actuels.
« Avant la pandémie, j’avais des groupes de 30 étudiants donc il fallait que j’envoie huit à 10 étudiants dans le laboratoire de surplus. Cela nécessitait d’avoir un assistant là-bas et il fallait que je me déplace », explique le professeur de chimie.
La mise à niveau vise ensuite à mieux équiper les stations de travail des étudiants. Il s’agit de limiter les déplacements et augmenter la sécurité, comme l’indique François Gauvin. Il donne l’exemple des hottes, au nombre de cinq dans l’actuel laboratoire d’enseignement et situées le long d’un mur : « Les bonnes pratiques sécuritaires en chimie nécessitent maintenant de travailler presqu’exclusivement sous des hottes en tout temps, à raison d’un ou deux étudiants par hotte. »
L’enjeu de la sécurité a été accentué par la pandémie. En raison de la distanciation physique, les étudiants ont dû être répartis en petits groupes. « Si on avait eu déjà le grand laboratoire que l’on a en projet pendant la pandémie, on aurait peut-être pu avoir tous les étudiants dans le laboratoire avec deux mètres de distance », lance François Gauvin, qui révèle que certaines activités en laboratoire n’ont ainsi pas pu être réalisées en raison des rotations.
Chaque année, environ 95 étudiants de la Faculté des sciences de L’USB participent à cours qui utilisent les espaces de chimie. « Les laboratoires sont vraiment importants, souligne Alexandre Brassard, doyen de la Faculté des arts et la Faculté des sciences. Nos programmes de sciences se caractérisent par un usage intensif de l’apprentissage en laboratoire. Il s’agit de l’une de nos marques de fabrique. »
Pas question d’interrompre les activités en laboratoire durant la durée des travaux, dont le démarrage est prévu à l’été 2022. « On calcule que pendant toute une année complète, nous n’utiliserons pas les laboratoires de chimie actuels, projette Alexandre Brassard, on va déplacer les étudiants dans le laboratoire André-Fréchette, qui est un laboratoire polyvalent, normalement voué à la biologie. On va également déplacer certains horaires. »