Réjean Nicolas est enseignant depuis 14 ans. Il enseigne à l’École Taché en maternelle depuis six ans. Il a reçu le prix du Premier ministre Justin Trudeau pour l’excellence dans l’enseignement en 2021. Reconnaissance d’un travail qui tient aux petits détails.
Par Ophélie Doireau
C’est avec beaucoup d’humilité et de reconnaissance envers ses collègues que Réjean Nicolas s’exprime sur ce prix.
« Depuis que j’ai reçu ce prix, je me sens un peu gêné. C’est un beau prix qui n’est pas remis à tout le monde. Alors certes je suis fier de mon travail. Mais je veux reconnaître qu’il y a beaucoup d’enseignants qui travaillent fort, qui se démarquent et qui vont passer une carrière sans être reconnu officiellement. Les efforts des enseignants ne sont pas toujours
remarqués.
« Si j’ai obtenu ce prix c’est grâce aux mentors qui m’entourent. Je ne suis pas le même enseignant que j’étais lors de ma première année d’enseignement. Il y a énormément d’enseignants à la Division scolaire franco-manitobaine avec lesquels je collabore tous les jours.
« Même après 14 ans d’enseignement, on est toujours débutant et on apprend tous les jours. Alors c’est important pour moi de prendre l’occasion de les reconnaître. »
Pourtant au départ, rien ne prédestinait Réjean Nicolas à l’enseignement. « J’ai fini le secondaire et j’ai commencé à travailler. Ensuite, j’ai vu que ce n’était peut-être pas pour moi de travailler dans des emplois comme en restauration.
« Je me suis donc inscrit à l’Université de Saint-Boniface. Mais pas en éducation. J’ai animé des camps d’été avec des enfants, j’ai enseigné des cours de français langue seconde pour les adultes. Je sentais que je pouvais contribuer dans ce domaine, pas forcément avec les adultes. De fil en aiguille, je me suis dit que la Faculté d’éducation était le bon endroit pour
moi. »
Réjean Nicolas a été nominé par une dizaine de parents à ce prix. C’est son approche personnalisée qui a su les convaincre. « Comme enseignant, on se questionne constamment. Alors recevoir ce prix permet aussi de venir se dire : Ok, je suis dans la bonne voie.
« Surtout que les deux dernières années ont été particulièrement difficiles pour l’enseignement. Ce prix vient aussi me rassurer que mes efforts font une différence et que des personnes remarquent les petits détails.
« Avant la pandémie, j’invitais énormément les parents en salle de classe parce que j’aime qu’ils fassent partie du processus d’apprentissage. On n’est pas une garderie, c’est un travail d’équipe entre l’école et la maison.
« J’utilise aussi beaucoup la plateforme Seesaw pour que les parents voient ce qui se passe en classe, je prends des photos, des vidéos. De cette manière les parents se sentent impliqués parce que souvent à l’âge de cinq ans les enfants disent souvent qu’ils n’ont rien fait en salle de classe. »
L’enseignement a été boule-versé par la pandémie de COVID-19 et par les restrictions sanitaires comme le souligne Réjean Nicolas. « Bien que les plateformes numériques faisaient déjà partie de ma vie, j’ai fait du perfectionnement professionnel. Je savais que ça ferait partie de mon enseignement pour un bout de temps encore.
« J’essayais de préparer des leçons efficaces et ludiques. J’ai commencé à me filmer et à faire du montage assez drôle. Il fallait trouver une façon de piquer la curiosité des enfants surtout à cet âge-là.
« Les parents se sont rendu compte du rôle des enseignants durant les confinements. Parce qu’à cinq ans les enfants ne sont pas autonomes donc les parents devaient être présents. En maternelle, on entend souvent que les enseignants passent leur journée à jouer. J’en ris beaucoup parce que je suis tellement fatigué après une journée d’enseignement. On anime beaucoup, on investit énormément d’énergie et ça ne s’arrête pas aux jeux, il y a toujours une intention pédagogique. »
Phi-Vân Nguyen est l’une des parents qui a participé à la nomination de Réjean Nicolas, elle confirme les propos de l’enseignant. « Lorsque les écoles ont fermé et les enfants se sont retrouvés à la maison pour de longues semaines. Certains enseignants ont pris une à deux semaines pour donner aux parents et aux enfants un programme d’apprentissage à suivre à la maison, Réjean Nicolas a réagi en l’espace d’une demi-journée à peine. »