Maggie est une chienne croisée labrador et bouvier bernois, de deux ans, qui a une mission spéciale : aider un jeune garçon autiste dans sa vie.
Camille SÉGUY
À première vue, Marek Laczko, 12 ans, est comme tous les enfants de son âge. Il est même un peu plus grand que la moyenne. Et pourtant, la communication et les interactions sociales sont pour lui des immenses défis.
« Marek a été diagnostiqué autiste moyen à sévère quand il avait deux ans et demi, explique sa mère, Martine Bonneau-Laczko. Il est non verbal, ce qui veut dire qu’il prononce des mots, mais qu’il n’est pas capable de tenir une conversation. »
Ainsi, Marek Laczko ne peut pas exprimer ses émotions ou ses envies, qu’il ait faim, soif ou encore mal, ce qui l’amène à faire des crises de frustrations. De plus, il n’a pas le sens du danger, ni des codes de bienséance en diverses situations.
« Il est comme un nouveau-né dans un corps de grand, confie sa mère. Rien n’est inné chez lui. Il faut lui répéter beaucoup pour qu’il apprenne, étape par étape. Et un jour, on ne sait pas pourquoi, ça clique. »
De l’aide
Cependant, la vie de Marek Laczko et de sa famille a pris un heureux tournant le 26 avril dernier.
Ils ont en effet accueilli, chez eux, la première chienne d’assistance de l’Ouest, Maggie, offerte par la Fondation Mira au Québec.
« Notre programme de chiens d’assistance est normalement limité au Québec, plus quelques chiens au Nouveau-Brunswick, précise le psychologue et directeur de recherche et développement à la Fondation Mira, Noël Champagne. On a fait une faveur à la famille de Marek Laczko parce qu’ils sont originaires du Québec et ils y reviennent souvent. »
Martine Bonneau-Laczko a pour cela passé une semaine d’entraînement au Québec, afin d’apprendre à diriger la chienne.
« Pour le moment, je suis son maître et c’est à moi que Maggie répond, indique Martine Bonneau-Laczko. Un enfant autiste n’est pas capable de gérer un chien, car il ne peut pas prévenir une situation. Il n’a pas le sens du danger et de l’anticipation. »
Noël Champagne souligne que « l’innovation du programme de chiens d’assistance Mira, c’est qu’on n’attribue pas le chien à la personne handicapée, mais à ses parents. C’est un outil pour que les parents puissent rendre la vie de leur enfant meilleure ».
Le programme de chiens d’assistance pour enfants atteints de troubles envahissants du développement (enfants TED), dont l’autisme, est assez récent à Mira. La recherche a commencé il y a environ cinq ans.
La Fondation a donné 48 chiens les premières années et prévoit en donner environ 70 cette année. « On a de plus en plus d’entraîneurs », explique Noël Champagne. Avec l’entraînement intensif qu’il a reçu, un chien d’assistance Mira a une valeur de 20 000 $. Mira effectue des suivis auprès des familles d’accueil pour s’assurer que tout va bien pour le chien et pour la famille.
« C’est Mira qui jumelle chaque chien avec un enfant malade, selon les besoins, précise Martine Bonneau-Laczko. Marek avait besoin d’un chien qui le calmerait, donc il a reçu une labernoise. C’est une race inventée par Mira, qui croise le labrador bonace et calme, avec le bouvier bernois chaleureux, observateur et humain. »
Nouvelle amie
« La fonction de Maggie est d’assister Marek dans son handicap, explique Martine Bonneau-Laczko. Elle le calme, car elle reste toujours tranquille. Elle l’accompagne quand il marche. Elle reste avec lui.
« Ce n’est pas un remède miracle, poursuit-elle, mais on voulait surtout que Marek ait une amie. On espère que le chien va le sortir de sa bulle, le forcer à voir qu’il y a d’autres choses autour de lui. »
Alors que son fils est incapable d’interagir avec d’autres personnes, Martine Bonneau-Laczko était heureuse de constater que deux semaines seulement après l’arrivée de Maggie à la maison, « Marek la caressait, et maintenant, elle dort même avec lui ».
Elle ajoute que « Marek est plus heureux et plus calme depuis que Maggie est là. Pour moi, c’est une sécurité. Je peux les laisser un moment tous les deux, quand il regarde la télévision par exemple ».
Pour Marek Laczko et ses parents, avoir Maggie permet aussi d’adoucir le regard des autres. « Avant, quand Marek faisait des choses qu’il ne fallait pas faire, certains ne voulaient pas croire qu’il était handicapé parce que ça ne se voit pas, raconte sa mère. Maintenant, quand on est avec le chien, les gens voient et ils comprennent. Il n’y a plus besoin d’entrer dans une explication. »
Marek Laczko pourra désormais posséder à vie un chien d’assistance, financé par la Fondation Mira. Quand Maggie devra prendre sa retraite, il en recevra