Homme de théâtre, auteur et journaliste, le Franco-Manitobain d’origine et Suisse d’adoption Jean-Pierre Dubé signe deux nouveaux ouvrages disponibles cet automne. L’un est une exploration de sa vie manitobaine et l’autre est un roman de fiction qui dévoile les secrets les plus profonds d’une famille.
Découverte de ces deux livres avec l’auteur revenu au Canada depuis quelques jours pour le lancement de ses deux livres.
Par Jonathan SEMAH
Que ce soit personnellement ou professionnellement, Jean- Pierre Dubé fait un retour marquant au Canada et notamment au Manitoba.
En effet, l’auteur était jeudi 17 novembre au Centre culturel franco-manitobain pour présenter Le Radeau, publié aux Éditions du Blé. Quelques jours plus tard, Jean-Pierre Dubé se présentera le 25 et 26 novembre au Salon du livre du Montréal pour parler de ce premier livre, mais aussi de Et après, nouvelles et récits du crépuscule, publié aux Éditions du Péricarde.
| Deux livres en même temps
Celui qui vit depuis une dizaine d’années en Europe a hâte, mais aussi un peu d’appréhension à l’idée de retrouver son Manitoba natal. « Ça fait trois ans et demi que je ne suis pas revenu à cause de la pandémie. Les circonstances sont différentes puis j’arrive avec le lancement de deux livres, ce n’est pas anodin. Ça va être terriblement occupé, ça va être fou, fatiguant et stressant. Mais je suis content de ce retour, j’ai de la famille au Manitoba et au Québec donc pour ça, c’est une bonne chose. Mais ça va être assez envahissant et j’aime bien avoir ma tranquillité. »
En effet, sortir deux bouquins pratiquement en même temps est plutôt original. L’auteur, originaire de La Broquerie, explique que les deux textes n’ont en revanche pas été écrits en même temps.
Et après est le résultat de 40 ans d’écriture. C’est une compilation de textes et d’observations de la vie de l’auteur au Manitoba. Le Radeau est une fiction et l’idée est dans la tête de Jean- Pierre Dubé depuis de longues années. « Oui pour le recueil de nouvelles et récits, certains des textes remontent aux années 1980 et 1990. Par exemple, l’un des chapitres du livre s’appelle L’heure solennelle. Il a été publié à l’origine dans le cahier de Noël de La Liberté en 1984.
« Quant au projet du Radeau, il remonte au début des années 2000. Dans un stage d’écriture à Montréal, j’avais écrit un synopsis pour un potentiel court-métrage. Ce projet n’a pas vu le jour, mais la base du roman était là. Ça a grandi dans mon subconscient toutes ces années-là. Je l’ai repris il y a quelques années pour être revu et augmenté avant d’arriver à sa version finale. »
| Noël comme thème commun
Alors que les deux oeuvres abordent des thèmes et des registres très différents, ces deux livres ont quelques points en commun cher à l’auteur.
En effet, les relations humaines, la nuit, le froid et surtout les fêtes de fin d’année sont au coeur des deux oeuvres. Jean-Pierre Dubé explique son attrait pour cette période de l’année. « C’est vrai que dans le fond, presque que tout ce que j’écris, se passe à ce moment-là. J’ai une vraie fascination pour cette période qui remonte à l’enfance. La magie de Noël, c’est quelque chose qui m’a marqué de façon très forte. Comme enfant puis adolescent, c’était des moments extraordinaires parce qu’il y avait beaucoup de rituels. C’était la fête des fêtes! »
Jean-Pierre Dubé prend notamment quelques instants pour parler plus en longueur du Radeau. Alors que ce livre est une fiction, il aurait pu s’ouvrir à d’autres moments, d’autres endroits et laisser vivre son imagination.
Or, l’action du livre suit des frères et soeurs lors d’un réveillon de Noël dans le village de Saint-Raymond au Manitoba. L’ancien journaliste de Radio-Canada et La Liberté raconte le processus unique qu’il a suivi pour écrire ce roman en se basant sur des souvenirs personnels, mais aussi beaucoup de recherches.
| Une manière d’écrire différente
« Dans Le Radeau, le réveillon représente 250 pages, c’est une conversation entre six personnes. Pour ce livre, j’ai d’ailleurs fait quelque chose que je n’avais jamais fait dans mon écriture. J’ai passé des mois et des mois à écrire des biographies pour chacun des personnages. Ça a été très utile, car une fois que ces personnages ont été inventés, je les mets en scène dans un huis clos autour d’une table. J’avais une trame dramatique, mais c’est comme-si tout se passait en même temps. Plus les personnages se dévoilaient, plus l’intrigue s’approfondissait. Même moi, je ne savais pas où on s’en allait. Ça a vraiment été une expérience d’écriture étonnante. »
Ce qui a été aussi une expérience pour Jean-Pierre Dubé a été ce qu’il a vécu à titre personnel. Depuis 2021, il connaît des problèmes de santé dont il parle notamment dans Et après. « Je me suis réveillé un matin avec une paralysie de côté gauche de mon visage. Je ne savais pas encore qu’un cancer de la glande parotide était la cause de l’hémiplégie », explique-t-il dans le livre.
Alors, cette période délicate de sa vie a-t-elle eu un impact sur son travail pour ces livres? « Mon visage s’est paralysé le lendemain du premier jet complet du roman. C’est peut-être une coïncidence, mais j’étais en panique. C’était dur. L’écriture était passée, mais le plus compliqué a été la relecture. Relire et réviser un roman de 400 pages des dizaines de fois a été très fatigant. Je suis très content d’en être sorti et de pouvoir proposer ces livres au public. »