Il y a foule dedans et devant la salle du Stella’s ce samedi 18 mars à 10 h. Pourtant le brouhaha s’en vient d’un peu plus loin.
Au-delà de la galerie d’art du CCFM, au rez-de-chaussée, des cris et des rires, qui ne sont pas sans rappeler la cour de récréation, s’échappent du studio d’art.
À l’intérieur, ce ne sont pas moins de 12 enfants qui sont assis sur des chaises minuscules. Pinceaux à la main et langue dehors, tous s’affairent à la décoration de petits masques de cuir et interrompent leurs coups de poignet ponctuellement, comme les enfants savent si bien le faire, pour aller voir ce qu’il se passe du côté du voisin.
Bilan
Ce samedi, c’est la dernière session des ateliers d’art jeunesse animés par Daniela Smith-Fernandez. Tailleuse de formation et actuellement étudiante en éducation à l’Université de Saint-Boniface, Daniela Smith-Fernandez fait des grimaces, elle dit des bêtises, mais surtout anime les ateliers et semble s’amuser au moins autant que les tout petits. Cette dernière session, c’est le moment idéal pour la future éducatrice de faire le bilan de toutes ces semaines de travail. « Nous avons eu des objets formidables, je suis très fier de mes petits artistes! »
Chaque séance, les enfants ont utilisé des outils différents. « On a travaillé l’argile, dessiné sur les tissus et même fait de la couture, s’enorgueillit Daniela Smith-Fernandez. Il était vraiment important pour moi que les enfants aient l’expérience de toucher les choses, d’exprimer leur créativité via des médiums qu’ils n’ont pas l’habitude de voir à l’école. »
Et justement, aujourd’hui on travaille sur des masques en cuir. Pour ça, l’animatrice chilienne canadienne s’est rapprochée de Sean Orne, artisan maroquinier.
Sean Orne ne cesse de jongler entre la poinçonneuse et la paire de ciseaux. « Je dirais que j’ai fait 24 masques ce matin, s’amuse l’artisan. » 24 masques pour 12 enfants, l’engouement et clair et Sean Orne l’explique : « C’est un textile avec lequel ils peuvent être créatifs. Surtout avec la popularité des superhéros en ce moment, les masques c’est un bon moyen pour eux de s’exprimer. »
S’exprimer et faire plaisir aussi
Lilian « sans e », 8 ans, tient deux masques dans ses mains : « Un pour moi, et un pour mon frère jumeau Thomas. » Selon les dires de Lilian : « Thomas préfère qu’on l’appelle tomate, et il est fan de Batman. » Si le sourire en coin de la petite artiste nous fait douter de la première information, il est fort plausible que son frère soit bel et bien admirateur du héros de Gotham City. Elle arbore donc un masque noir et jaune « comme Batman » et un autre aux couleurs vives : « moitié supergirl, moitié chic. »
Pour Mélanie Rey, coordonnatrice de programmation artistique et culturelle au CCFM, ces ateliers sont particulièrement importants pour nos enfants : « Ce sont les petits qui vont porter la créativité francophone à l’avenir. » Alors pour les encourager à poursuivre leurs efforts créatifs, mais aussi pour les féliciter, Mélanie Rey, a fait des litres de limonade et déposé des cookies sur une table devant la salle Pauline Boutal. Les murs quant à eux sont couverts de photos prises au cours des ateliers. « Les parents ne peuvent pas assister aux sessions, ils ne voient pas les interactions. Avec les photos, ils peuvent s’en faire une idée et on fait plaisir aux enfants. » Il ne s’agit donc pas d’un vernissage à proprement parler, puisque les enfants rentrent systématiquement du CCFM avec leurs créations. C’est en tout cas une jolie façon de clore près de deux mois de travail artistique en français et donner envie aux enfants de revenir pour la session d’avril.
