Avant cette nouvelle règle, les personnes sous influence qui arrivaient à Siloam Mission devaient se tourner vers un autre refuge pour passer la nuit. Consciente des stigmas qui entourent les personnes sans abri, Tessa Blaikie Whitecloud, directrice générale de l’organisme, a voulu changer cette politique. « Depuis un moment, nous nous posions des questions sur notre approche. Avant, les personnes faisaient une auto déclaration pour dire si elles prenaient des substances. Nous mettions les personnes dans une situation où elles devaient mentir pour que leurs besoins soient satisfaits.
« Nous sommes arrivés à la conclusion que ce n’était pas juste de dire que la sobriété était un facteur sécuritaire pour les personnes qui vivent à Siloam. Certaines personnes, qui n’utilisent pas de substances, ont des comportements tout à fait inappropriés pour avoir un environnement sécuritaire.
« Nous reconnaissons aussi que les addictions sont le résultat de traumas. Alors quand des personnes viennent chez vous et que vous leur dites Non vous ne pouvez pas rester, c’est un nouveau trauma qui peut s’ajouter. »
Organisation interne
Avec cette remise en question, l’équipe de Siloam Mission a commencé à repenser l’organisation interne. Depuis juin 2022, Tessa Blaikie Whitecloud y travaille. « Siloam Mission a développé une courbe de comportement. Grâce à ce travail, nous sommes arrivés fin mars avec un plan en trois parties qui nous semble plus juste pour les personnes qui en ont besoin. »
La courbe de comportement est une partie en elle-même. Une autre se concentre sur les réponses des membres de l’équipe quand une personne commet une infraction à la courbe de comportement. Enfin, s’il y a eu une infraction à la courbe de comportement, le personnel travaille avec la personne dans le cadre d’un processus de justice réparatrice afin qu’elle puisse un jour revenir et utiliser les services de Siloam Mission.
Avec ce changement, les employés ont également dû recevoir des formations pour être préparés davantage. « Nous avons offert des formations sur les trois parties à tous nos employés. C’était vraiment important que tout le monde sache comment répondre et prenne conscience de l’évolution au sein de l’organisation. Si les choses ont commencé en juin 2022, il a donc fallu un certain temps pour que toute l’équipe prenne toutes les formations. »
« Nous avons beaucoup de programmes. Une entreprise sociale, deux logements dont un logement à long terme, un programme pour les jeunes qui sont dans les services sociaux, de la santé mentale. Nous offrons donc beaucoup plus que ce que les gens peuvent penser. »
Tessa Blaikie WhiTecloud
Clinique médicale
En poste depuis seulement 16 mois, Tessa Blaikie Whitecloud n’a pas de données à partager sur le nombre de personnes qui ont dû être redirigées vers d’autres refuges. Siloam Mission possède actuellement 143 lits dont 26 pour les femmes. Consommer des drogues dans l’enceinte de Siloam Mission restera cependant illégal. Sur place, le refuge offre une clinique médicale. « Nous avons la chance d’avoir des médecins bénévoles sur place qui peuvent accompagner les personnes sans abri en recherche de réponses sur la détox.
« En enlevant cette obligation, on enlève aussi la honte qu’on faisait peser sur les personnes sans abri. Elles peuvent alors se sentir plus à l’aise de raconter leur histoire. Ou tout simplement de demander de l’aide.
« L’année dernière, nous avions utilisé 80 doses de naloxone pour venir en aide à des personnes qui étaient à un niveau critique de dépendance.
Cette année, il y a eu une plus grande utilisation de naloxone. Pour nous, c’est significatif que les personnes se sentent plus à l’aise de demander de l’aide. »
Pour autant, Tessa Blaikie Whitecloud reconnaît que toutes les personnes n’ont pas les mêmes besoins. « Il y a des personnes qui sont en guérison de leur addiction. Elles ont besoin d’une place où il n’y a pas de substances. Il faut trouver un équilibre entre les refuges sans obligation et avec obligation pour venir le mieux possible en aide aux personnes. »
Ce changement signifie aussi l’ajout de quatre nouveaux employés à temps plein à l’accueil de l’organisme. Ainsi, Siloam Mission compte 173 employés. « Nous avons beaucoup de programmes. Une entreprise sociale, deux logements dont un logement à long terme, un programme pour les jeunes qui sont dans les services sociaux, de la santé mentale. Nous offrons donc beaucoup plus que ce que les gens peuvent penser. C’est aussi quelque chose qui a pesé dans notre décision. Avec le montant de services qu’on propose, nous ne pouvions pas exclure une partie de la population qui a besoin de notre aide. Ce n’était pas productif. »