La construction du Fort Gibraltar tel qu’il est aujourd’hui s’est faite en 1978. Ce fort devait être une réplique du premier Fort Gibraltar construit en 1810, qui appartenait à la compagnie du Nord-Ouest. Le fort original occupait une place sur la rive ouest de la rivière Rouge, en face du fort actuel.
Debout depuis 45 ans, le Fort Gibraltar appartient à la Ville de Winnipeg, qui l’a placé sous la gérance du Festival du Voyageur. Il a été inspecté pour la dernière fois en 2006 et a été réparé pour la dernière fois en 2013. Selon un porte-parole de la ville, « lors de ces réparations, les travailleurs ont remplacé des rambardes pourrissantes, des sections de palissade et des clôtures. Sur le moment, une inspection n’était pas nécessaire ».
Une explication scientifique
Le Fort Gibraltar est exposé aux conditions météorologiques à longueur d’année, et avec cette exposition vient un certain risque.
Stavros Avramidis, professeur à la tête du département de la science du bois à l’Université de Colombie- Britannique à Vancouver, explique : « L’intégrité du bois est seulement affectée quand la température atteint 150°C à 160°C ou que le froid solidifie le bois. Dans les paramètres du climat normal, la température n’affecte pas la performance du bois. »
Il précise : « Quand le bois est constamment exposé aux éléments, il est recouvert de neige et de pluie. Il devient mouillé. Deux choses peuvent alors se produire. »
La première est un cycle de contraction et d’expansion des morceaux individuels de bois, sur un temps plus long, ce qui peut causer des changements de forme assez importants et nuire à la manière dont le bois était façonné.
« Pour les problèmes mécaniques de ce genre, il faut préciser que les méthodes d’aujourd’hui pour façonner le bois sont différentes de celles d’autrefois. Autrefois, elles utilisaient souvent des clous, des chevilles en bois ou bien des rainures et languettes. Sur le long terme, avec la friction de la contraction et de l’expansion, les jointures peuvent se désintégrer. »
Bien que possible, cette première option est plus rare. L’expert continue son explication et évoque une deuxième possibilité, plus probable à son avis.
« Quand le bois est exposé à l’eau, il devient très attrayant pour les insectes et les champignons. Ma réaction immédiate quand j’entends qu’une structure en bois s’est effondrée, c’est que le bois a pourri, et du bois pourri est beaucoup plus fragile. »
Protéger le bois
Pour éviter la dégradation du bois, il est généralement traité avec des agents conservateurs dès l’usine. Stavros Avramidis précise : « selon les photos que j’ai pu voir de la structure, avec la couleur un peu verte du bois, je me demande s’ils ont utilisé du bois traité au CCA (1). C’est un agent qui est toxique aux insectes et aux champignons, mais qui a tendance à s’écouler lentement, permettant à la pourriture de s’installer.
« Ces traitements restent la meilleure façon de protéger le bois pour de longues périodes. Les traitements de surface ont tendance à chuter en efficacité au bout d’un an ou deux », ajoute-t-il.
Ces risques sont connus et des actions peuvent être prises pour prévenir ces dangers. « Il est possible de prélever des échantillons de bois pour déterminer sa santé et son intégrité structurelle. Il existe aussi des instruments qui peuvent le faire sans prélever des échantillons. »
À première vue, il prescrit des inspections régulières. « L’inspection n’est pas mon champ d’expertise, mais j’estimerais qu’il faut inspecter une structure comme celle-ci tous les 1 à 2 ans. »
La Ville de Winnipeg, à qui appartient la structure, a demandé au Festival du Voyageur de mener une enquête. À l’heure d’écrire ces lignes, des ingénieurs étaient déjà sur le terrain à la recherche de réponses.
« Il est possible de prélever des échantillons de bois pour déterminer sa santé et son intégrité structurelle. Il existe aussi des instruments qui peuvent le faire sans prélever des échantillons. »
Stavros Avramidis
Qu’en disent les divisions scolaires?
Lors de sorties scolaires, il est attendu que les lieux visités respectent les normes de sécurité élémentaires. La Division scolaire franco-manitobaine (DSFM), qui organise régulièrement des sorties scolaires au Fort Gibraltar, rappelle la nécessité du rapport de confiance, qui doit être à la base de toute collaboration pour la sécurité de tous et toutes.
Sur ce point, le directeur général de la DSFM, Alain Laberge, fait écho à ce que Brian O’Leary, directeur général de la Division scolaire Seven Oaks, déclarait le 2 juin dans le Winnipeg Free Press.
« N’étant pas des experts en bâtiment, la DSFM a une attente que les lieux que nous visitons soient sécuritaires et inspectés. Ceci dit, pour chaque sortie scolaire qui peut présenter un niveau de risque plus élevé, nous suivons les recommandations de Youth Safe Manitoba. Aussi, nous demandons à nos directions d’école de s’assurer que le groupe qui participe à une visite ait en sa possession leur plan d’urgence », conclut-il.
(1) Le chrome-cuivre-arsenic (CCA) est un agent conservateur pour le bois.