Un travail de grande ampleur. Les raisons invoquées pour cette initiative comprennent : éliminer des erreurs factuelles, corriger l’absence d’un aspect important de l’histoire, réévaluer des croyances et comportements controversés, ou encore incorporer de nouvelles connaissances.
Il est tout à fait pertinent de revoir comment sont présentés les évènements et les personnages qui ont marqué l’histoire. Comme l’explique d’ailleurs une plaque installée au parc provincial Upper Fort Garry, « les perceptions historiques changent avec le temps et des différences d’interprétation importantes peuvent émaner du point de vue de chaque auteur ». Autrement dit, les évènements du passé restent les mêmes, mais leur interprétation varie d’une personne à l’autre et d’une époque à l’autre.
Au Manitoba, l’exemple le plus significatif d’un changement de perspective historique est sans aucun doute la perception populaire de Louis Riel, passant de traitre à Père du Manitoba auquel on consacre une journée fériée depuis 2008.
Toujours au Manitoba, et pas plus tard qu’en avril, la Première ministre, Heather Stefanson, a déclaré que le 30 septembre ne serait pas institué jour férié. Pourtant, en réponse à l’appel à l’action no 80 du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation, le gouvernement fédéral, en 2021, a désigné le 30 septembre jour férié pour honorer les victimes et les survivant.e.s du système de pensionnats autochtones.
Pour justifier sa décision, Mme Stefanson a prétendu qu’elle devait consulter des représentants autochtones, ce qu’elle avait déjà déclaré l’an dernier. Alléguant maintenant qu’il y avait une divergence d’opinion entre ces représentants, elle a évoqué la nécessité de plus de consultations. Les porte-parole autochtones ont vite dénoncé ce qu’ils considèrent un prétexte.
Heather Stefanson continue de se dire préoccupée par les effets négatifs que la création d’un jour férié supplémentaire aurait sur les entreprises qui luttent pour se remettre de la pandémie. De leur côté, les commerçants, par la voix du président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Manitoba, Chuck Davidson, ont déclaré qu’ils n’avaient jamais dit à la Province qu’ils ne pourraient pas assumer une journée fériée cette année. Ce que les entreprises veulent, c’est tout simplement une décision.
Parmi les torts immenses infligés aux populations autochtones, les pensionnats représentent une des taches les plus sombres dans l’histoire du Canada. En comparaison de quoi, la préoccupation de circonstance de la Première ministre se résume à peu de choses.
À l’exemple de Parcs Canada, il est grand temps que le gouvernement du Manitoba reconnaisse que « les perceptions historiques changent avec le temps ». Et que poser un geste symbolique devrait nous aider à apprendre à vivre avec notre propre histoire.