Originaire de Sainte-Ambroise au Manitoba, résidant aujourd’hui à Winnipeg, Breanne Lavallée-Heckert s’est engagée toujours plus dans la communauté métisse et franco-manitobaine. Remplaçant Darrel Nadeau, le 4 juillet 2023, elle endossera le poste de directrice générale au Festival du Voyageur.

Le Festival du Voyageur a toujours occupé une place importante dans la vie de Breanne Lavallée-Heckert. « C’était chaque fois une expérience vraiment amusante. Je m’y suis vraiment intéressée quand j’ai fait du bénévolat là-bas avec mon école. »

Après ses études au secondaire, elle a fait un baccalauréat en droits de la personne. Puis a ensuite obtenu un diplôme en droit à l’Université McGill à Montréal.

Au cours de ses études, elle a travaillé pour la Direction des langues officielles au ministère de la Justice à Ottawa. « La question des langues minoritaires m’est très importante. Elle compose nos identités, mais porte aussi beaucoup de poids dans la justice, que ce soit dans un système étatique ou entre individus. »

Défendre son identité

Pendant son temps passé à Montréal, une chose lui a beaucoup manqué : sa communauté métisse et francophone. « Un de mes ancêtres, Pierre Delorme, était un membre du Gouvernement provisoire de Louis Riel (1). La province et l’identité métisse me tiennent à cœur. Montréal, c’est vraiment une belle place à vivre, mais il n’y a pas une communauté métisse comme ici. »

Au cours de ses études, Breanne Lavallée-Heckert a travaillé pour la sénatrice manitobaine Marilou McPhedran. Dans ce contexte, elle assistait sa patronne qui siégeait sur le comité sénatorial permanent des peuples autochtones. En travaillant dans le bureau de la sénatrice, elle a découvert, et dénoncé, une autre personne de son entourage professionnel qui aurait revendiqué faussement une identité métisse et en tirait profit. La personne en question s’identifiait comme appartenant à la communauté du Domaine- du-Roi et de la Seigneurie de Mingan.

Or, des recherches académiques ainsi qu’une décision de la Cour suprême émise le 2 mai 2019 avaient déjà invalidé l’auto-reconnaissance de cette communauté au peuple métis.

Pour Breanne Lavallée-Heckert, les relations de travail étaient devenues tout de même difficiles. « Après avoir agi, on m’a fait sentir comme si c’était moi le problème. En tant que sénatrice du Canada, je pensais qu’une décision de la Cour suprême aurait un plus grand effet sur elle. »

Breanne Lavallée-Heckert a alors décidé de quitter son poste. « Pour moi, il fallait que les gens sachent que ce problème existe dans les institutions politiques du pays. »

Ancienne sculptrice

De retour au Manitoba, elle a aidé à mettre sur pied les Red River Echoes, un collectif qui cherche à faire valoir la culture et la communauté métisse. C’est avec ce collectif qu’elle a fait sa première sculpture de neige au Festival du Voyageur. « Aucun d’entre nous n’avait fait de la sculpture de neige, on était tellement contents après avoir coupé notre premier bout de bloc », se rappelle-t-elle en souriant.

Après sa deuxième année de sculpture au festival, elle a vu le poste de directrice générale se libérer et s’est proposée. « En 2022-2023, le festival, c’était plus important que Noël pour moi », dit-elle en riant.

« Je devais encore être imprégnée de la joie du festival, et j’ai décidé d’appliquer. » Ses expériences avec de grandes organisations non gouvernementales l’ont certainement aidée, en plus de ses efforts de protection de l’identité autochtone, de l’environnement et des langues minoritaires.

« Je pense que mon expérience et mes études me permettent de mieux comprendre le fonctionnement de l’organisation. En plus, je suis une femme autochtone, ce qui est également important. J’aime aussi beaucoup le festival, ce qui a dû aider! »

Inspirée par le festival

Avec son nouveau poste, elle espère offrir de nouvelles perspectives. « C’est effrayant de voir combien l’hiver change de nos jours. La neige est intimement liée à ma culture métisse, elle régit le cours de nos vies.

« J’espère pouvoir montrer qu’il existe des pratiques durables pour vivre, et qu’il ne faut pas juste dépendre de l’état des choses et du système en place. C’est bon de voir qu’il existe d’autres options. »

En fait, avec les Red River Echoes, des efforts sont faits pour démontrer des pratiques durables avec le traitement de peaux animales pour en faire des sacs, des vêtements, des cordes et plus encore. « J’essaye de voir comment je peux contribuer à la décolonisation environnementale et incorporer une perspective autochtone. »

Après avoir travaillé auprès d’organisations qui traitaient de sujets difficiles, elle se sentait prête à s’essayer à une certaine joie de vivre. « Au festival, on sent la joie de vivre et on la reconnaît entre personnes, c’est très humain. Je veux créer un contexte inclusif où tout le monde peut connaître cette joie de vivre. »

(1) Ce gouvernement a régi le Manitoba de 1869-1870 et a tenté d’assurer une transition de pouvoir juste lors de la formation du Manitoba.