Originaire du Manitoba, Shelley Dupasquier a toujours eu le goût des arts du théâtre. Pourtant, rien ne la destinait à venir étudier à l’École nationale de théâtre du Canada, comme elle le dit. « J’ai déménagé de Winnipeg à Montréal en 1998 pour venir à cette école. J’en suis sortie diplômée en 2001 du programme de production.
« À cette époque-là, il y a presque 25 ans, il y avait plusieurs Franco-Manitobains avec qui je me tenais, que ce soit au Théâtre Cercle Molière ou aux Chiens de Soleil.
« J’ai commencé à travailler au Cercle Molière comme assistante de mise en scène/ régisseuse et ces amis-là fréquentaient l’École dans le programme de production ou encore en écriture. Je pense à Marc Prescott, Martin Levesque, Joël Bergeron, etc. Quand ils revenaient pendant les vacances de Noël, ils me parlaient de l’École. J’ai donc tenté ma chance, j’ai passé l’entrevue. Il y avait un projet d’entrée à faire, je l’ai fait et j’ai été acceptée.
« Mais rien ne présageait que j’aille à l’École nationale de théâtre. J’étais sportive, je pensais devenir travailleuse sociale, peut-être professeure d’éducation physique. C’était donc très circonstanciel. »
Rouler sa bosse
Finissante en 2001, Shelley Dupasquier a alors poursuivi sa carrière dans le monde des arts du spectacle, avant d’être rappelée par l’École nationale de théâtre.
« J’ai roulé ma bosse dans le milieu de la culture : le cirque, la danse, le théâtre, etc. À la fin de l’été 2022, j’ai reçu un message de la directrice générale de l’École, Fanny Pagé, que je ne connaissais pas.
« Elle m’informait qu’il y allait avoir un poste à pourvoir et que mon nom était ressorti à l’interne, donc qu’elle venait voir ce que je faisais et pêcher quelques informations.
« Évidemment, le message a piqué ma curiosité parce que c’était mon école. Quand elle m’a parlé du poste, j’étais émerveillée. C’est un très beau poste. J’ai lancé mon nom dans l’arène et j’ai finalement eu le poste. »
« On est à l’École nationale de théâtre, ce n’est pas une école classique. Alors l’administratif doit épouser la formation et ses besoins. Ce n’est pas tout le temps évident d’avoir de la flexibilité et de la souplesse. Il faut trouver un cadre flexible. »
Shelley Dupasquier
Un cadre flexible
Depuis sa prise de fonction à la fin octobre 2022, Shelley Dupasquier s’acclimate tout doucement à son nouveau rôle. « Pour voir toutes les étapes, il faut quand même faire une année complète. J’espère pouvoir apporter une synergie entre le côté administratif et le côté pédagogique.
« On est à l’École nationale de théâtre, ce n’est pas une école classique. Alors l’administratif doit épouser la formation et ses besoins. Ce n’est pas tout le temps évident d’avoir de la flexibilité et de la souplesse. Il faut trouver un cadre flexible. »
Être passée par l’École apporte à Shelley Dupasquier un autre regard sur le fonctionnement interne. « À l’École, on t’apprend beaucoup de métiers, et surtout la collaboration entre les différentes parties prenantes d’une pièce de théâtre. C’est quelque chose qui va te servir toute la vie. La beauté de l’École, c’est que les élèves apprennent tous les métiers du théâtre.
« En passant de nouveau les grandes portes de l’École, j’ai eu des papillons dans le ventre. Il y a quelque chose qui fait que l’espace d’un instant, je ne savais plus dans quelle époque je me trouvais. Je me sens extrêmement chanceuse, je peux redonner à l’établissement qui m’a tant donné.
« En 25 ans, beaucoup de choses ont changé. Aujourd’hui, il y a toute une structure autour de l’élève qui n’existait pas forcément à l’époque. Ce n’est pas forcément une critique, c’est ce que j’ai constaté en revenant. »
Impact de la pandémie
Bien qu’elle ait pris son poste après les restrictions sanitaires, Shelley Dupasquier constate les traces que la pandémie a pu laisser sur l’École. « La culture a été impactée de façon majeure par la pandémie. Des élèves qui viennent à l’École et qui n’ont pas vu de théâtre depuis deux ans, qui n’ont pas vu d’arts vivants depuis un moment, bien sûr que ça change les perspectives. Nous essayons de reconstruire le milieu, et l’École aussi. Il y a des cohortes qui ont été diplômées pendant la pandémie et je me demande comment ils se retrouvent dans le milieu. »
Sensibilité francophone
Manitobaine dans le cœur, Shelley Dupasquier, grâce à son poste, n’oublie pas de faire valoir sa francophonie minoritaire. « C’est important de souligner que c’est l’École nationale de théâtre DU CANADA. Je veux dire que les francophones de partout au Canada sont les bienvenus. J’ai une sensibilité à la francophonie en situation minoritaire. Dans les discussions, je veille à ce qu’on pense à eux. Pour moi, c’est plus qu’une responsabilité, je veux voir des Franco-Manitobains à l’École nationale de théâtre du Canada. »