Après l’annonce mercredi d’Heather Stefanson, Première ministre du Manitoba, de ne pas financer de fouilles dans le dépotoir Prairie Green pour retrouver des restes de femmes autochtones disparues, plusieurs militants autochtones se sont mobilisés.

Les restes de Morgan Harris, de Marcedes Myran et d’une femme dont l’identité n’est pas connue pourraient se trouver dans le dépotoir. Ces femmes autochtones sont les victimes d’un tueur en série présumé à Winnipeg.

Depuis jeudi soir, la décharge du chemin Brady est bloquée en réponse à la décision du gouvernement provincial. Parmi ces militants, on retrouve des membres de la famille de Morgan Harris. 

La famille se sent trahie par la décision du gouvernement. En effet, le gouvernement provincial a justifié sa décision en invoquant la sécurité des travailleurs. « Nous ne pouvons pas sciemment risquer la santé et la sécurité des travailleurs manitobains pour une recherche sans garantie. »

Provincial ou Fédéral?

La Province indique s’être basée sur un rapport de faisabilité avant de prendre cette décision. Cependant, elle a aussi précisé qu’elle n’empêcherait pas le gouvernement fédéral de procéder à des fouilles sur le site de Prairie Green.

Cette dernière question laisse placer le doute sur les véritables intentions du gouvernement provincial. C’est ce que pense Robert-Falcon Ouellette, ancien député libéral fédéral. « La Province invoque des raisons de sécurité, et ensuite elle dit : Par contre, si le gouvernement fédéral veut payer, nous verrons les mesures de sécurité à prendre. Preuve que c’est bien une question d’argent. » 

Robert-Falcon Ouellette se dit déçu du message envoyé aux communautés autochtones. « Si le gouvernement n’est pas prêt à être transparent, surtout sur le rapport de faisabilité, les gens ont l’impression qu’ils ne comptent pas à ses yeux. Ce sentiment peut amener toutes sortes de problèmes. Surtout lorsque les personnes voient que des moyens sont mis en œuvre pour retrouver des personnes non autochtones. »

Mary Jane McCallum, professeure d’histoire à l’Université de Winnipeg, est elle aussi déçue. « Je ne suis pas surprise, mais j’ai tout de même trouvé l’annonce bouleversante. J’aimerais être à Winnipeg en ce moment pour entendre les voix sur le terrain. Le gouvernement du Manitoba a montré à maintes reprises qu’il ne prendrait pas les devants et ne défendrait pas les femmes autochtones qui sont aussi des citoyennes du Manitoba. Il s’agit là d’un nouvel exemple d’indifférence à l’égard des souffrances des Autochtones. »

Originaire de la Nation crie Red Pheasant en Saskatchewan, Robert-Falcon Ouellette souligne que « ces femmes étaient des sœurs, des mères. Elles avaient une famille qui tenait à elles et on laisse ces familles dans le deuil. Quand on veut faire avancer la réconciliation, on doit se donner les moyens de le faire. 

« Il faut donner le sentiment aux personnes autochtones qu’elles comptent dans notre société, qu’elles sont importantes. »