Au Canada, le taux de fécondité se situe à 1,4 enfant/femme (il devrait être à 2,1 pour garantir la stabilité de la population). Et le solde naturel en 2022 (les naissances moins les décès) n’est plus que de 45 571 personnes. C’est du jamais vu.

Le dos au mur, le Canada reconnaît plus que jamais l’importance de l’immigration internationale. L’an dernier, elle s’est élevée à 657 833 personnes. L’objectif de cette politique est clairement affiché : que l’immigration devienne la source principale de soutien à la population et à la main- d’œuvre.

L’incontournable réalité des baby-booms et baby-busts

Je voudrais vous ramener à la génération de ma jeunesse. Elle s’appelle le baby- boom. Elle est venue au monde entre 1947 et 1965. De tous les pays occidentaux, le Canada a connu la plus forte croissance de baby-boomers entre 1947 et 1964. En 1971, ils représentaient 40 % de la population. En 2023, les baby-boomers représentent 23 % de la population, soit 9,1 millions de personnes. 4,8 millions ont entre 57 ans et 65 ans; 4,3 millions entre 66 ans et 76 ans.

Depuis une dizaine d’années, les baby-boomers ont commencé à prendre leur retraite. Ce phénomène va bien sûr se poursuivre. Pendant la décennie 2012-2022, la cohorte des 65 ans et plus a augmenté de 2,1 millions de personnes. Par rapport aux autres cohortes, il s’agit de la plus forte croissance relative. Cette cohorte exceptionnelle va encore augmenter de 2,4 millions de personnes au cours de la décennie 2022-2032.

Pour leur part, les différentes cohortes entre 15 ans et 64 ans vont diminuer en proportion jusqu’en 2068. Elles passeront de 66 % en 2022 à 59 % en 2068.

À cause du baby-bust (qui s’est produit entre 1966 et 1974) et de l’affaissement du taux de fécondité, la hausse dans la cohorte des 35 ans à 44 ans et celle des 45 ans à 54 ans sera insuffisante pour remplacer les baby-boomers qui ont quitté le marché du travail. Et ça malgré une immigration de 430 000 personnes par année.

Les démographes s’attendent à une augmentation de 17,6 millions de Canadiens d’ici 2068. Parmi eux, 8,1 millions auront entre 15 ans et 64 ans et 7,3 millions auront 65 ans et plus, alors que les 0 à 14 ans ne seront que 2,2 millions.

La dure réalité en guise de conclusion

Au cours des prochaines années, l’immigration internationale va certainement aider à remplacer une partie de la population de travailleurs et de travailleuses. Mais elle ne sera pas suffisante pour combler le manque de main-d’œuvre anticipé. Malheureusement, la réalité du baby-boom va nous accompagner pour aux moins une autre décennie. En 2023, il y a environ un million d’emplois vacants à combler. Sans compter toutes ces compétences et expériences des retraités qui manqueront au marché du travail