Une expansion qui, comme le répète la Ville depuis longtemps, est supposément critique à l’avenir de notre ville, malgré le fait que la Ville est incapable de maintenir toutes les routes qui nous appartiennent déjà.

Mais examinons les propos mis de l’avant pour appuyer cette affirmation douteuse.

#1 Les retombées économiques sont favorables

Une étude réalisée pour la Ville en 2012, et mise à jour en 2017, calcula les bénéfices économiques de l’expansion à 125 millions $ sur 20 ans, ou environ six millions $ par année.

Le coût estimé du projet était à ce temps de 129 millions $. Aujourd’hui, on parle plutôt de 550 millions $, voire 1,2 milliards $ lorsqu’on inclut les coûts de financement, ou l’équivalent d’environ 39 millions $ par année pour 30 ans. C’est une dépense de 39 millions $ par année pour 30 ans pour un bénéfice de six millions $ par année pour 20 ans… Pas fort comme retombée économique.

#2 Kenaston est un corridor commercial critique

Selon les données de la Ville, moins de 4 % de la circulation sur ce segment de route est composé de trafic commercial. Et avec les investissements de la Province sur la route périphérique se chiffrant dans les milliards $, le chemin le plus rapide entre CentrePort et la frontière américaine ne sera jamais le boulevard Kenaston.

#3 L’expansion va alléger la congestion

Les projections de la Ville disent le contraire. Après l’expansion, le temps de voyage est prévu augmenter jusqu’à 30 %, et ce, même avant d’avoir fini de payer le projet.

#4 L’expansion va réduire l’émission de gaz à effet de serre

Selon la demande de subvention que la Ville a présentée au gouvernement fédéral en 2018, la Ville n’avait même pas fait le calcul pour le savoir. Mais six voies de voiture émettent plus de gaz à effet de serre que quatre voies, même si elles passent moins de temps à tourner au

ralenti. En mesurant l’écart dans les projections de congestion de la Ville, le projet d’expansion émettra 14 % de plus de gaz à effet de serre en 2041 que si on ne faisait pas le projet, et 68 % de plus qu’aujourd’hui.

#5 L’expansion est critique pour le développement de Naawi-Oodena

Au contraire, ce n’est pas ce qu’indique le plan maître pour le projet de développement des sept Premières Nations du Traité n°1 sur l’ancien site des baraques Kapyong. Dans une section spécifique à l’expansion du boulevard Kenaston, il est indiqué que la configuration proposée de Kenaston pose des « défis considérables » pour l’accès au site, le confort et la connectivité des piétons et cyclistes, et la création d’un caractère urbain fort.

Face à cela, la Ville s’empresse de dire que le projet est toutefois nécessaire, car seulement 30 % des coûts du projet sont attribuables à l’expansion propre, le reste étant pour du maintien nécessaire. Bref, ce n’est pas un projet d’expansion, c’est un projet de maintien.

Il est vrai que le pont St James approche de la fin de son cycle de vie, et que son remplacement fait aussi partie de ce projet. Il est vrai que les égouts combinés à cet endroit doivent être séparés. Il est vrai que la chaussée tombe en miettes.

Mais cette situation est aussi vraie pour le pont Arlington, le pont Louise, et maints segments d’égouts et de routes partout à Winnipeg. Alors pourquoi prioriser Kenaston, un projet qui, jusqu’à l’élection de l’automne, ne se retrouvait même pas dans le Top 10 des priorités d’infrastructures de la Ville?

Les commentaires récents du maire peuvent nous éclairer sur cette question : il presse que l’ajout de voies est une partie non-négociable du projet. Est-ce alors une expansion?

Une expansion qui va nous coûter plus d’un milliard $ en continuant d’appauvrir la Ville, qui va augmenter la congestion, augmenter l’émission de gaz à effet de serre, et nuire au développement de Naawi-Oodena.

C’est beaucoup pour une expansion qui n’est pas une expansion.