Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté
De fait, en fin de matinée ce 17 août 2023, quelques-uns des membres du camp Marcedes, notamment Jorden Myran, sœur de Marcedes Myran, l’une des victimes dont le corps pourrait se trouver dans le dépotoir, se sont rendus sur le parvis de l’Hôtel Fairmont. Rapidement rejoints par une trentaine de personnes, jeunes et moins jeunes. Les manifestants ont attendu l’arrivée des membres du Syndicat national, dont le congrès triennal se déroulait justement à l’hôtel.
Après quelques chansons, le tambour toujours à la main, Jorden Myran, non sans une certaine gaieté dans la voix, a souligné en souriant : « C’est la première marche autochtone qui est dirigée par une personne non autochtone. Recevoir du soutien de l’autre côté… c’est fantastique. » Il s’agirait donc, selon les personnes présentes aujourd’hui, d’une marche historique.
Démonstration de soutien
Finalement, près de 200 membres du SEI ont embarqué à bord de deux bus pour se rendre devant le Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP). Plusieurs membres du syndicat, qui représente 35 000 employé.e.s de l’Agence du revenu du Canada, et notamment son président national, Marc Brière, ont marché aux côtés des manifestants autochtones jusqu’au Musée. Avant de se mettre en marche, ce dernier est revenu sur les motivations derrière cette initiative. « Ce congrès était une bonne occasion pour nous de montrer notre soutien aux familles des victimes, d’être des alliés. De faire ce qui est juste. »
Aux alentours de 12 h, en scandant « Search the landfill! », le cortège s’est mis en marche vers le MCDP où une haie d’honneur et des applaudissements ont accueilli les manifestants. Des centaines de personnes, Autochtones et allié.e.s, s’étaient rendues sur place. Sur les marches du Musée, presque sous le regard de Mahatma Ghandi, des enceintes ont été installées, prêtes à diffuser des chants traditionnels, mais surtout des discours de la famille de femmes et filles autochtones assassinées. Entre autres ceux de Sue Caribou, Jorden Myran et Melissa Robinson.
Une affaire humaine
Encore une fois, le choix de l’emplacement n’a pas été laissé au hasard. Jorden Myran le disait déjà il y a près d’un mois, lors de l’installation du camp Marcedes, baptisé en hommage à sa sœur disparue, aux abords du Musée. « C’est une affaire qui concerne directement les droits de la personne. » Une idée que partagent, visiblement, les membres du SEI. C’est en tout cas le cas d’Alan Craig, membre du syndicat : « Nous sommes ici en espérant que le gouvernement reconsidère sa position. Il s’agit d’êtres humains, c’est une cause humaine. » Ainsi, une fois de plus, c’est le Musée canadien pour les droits de la personne qui a été choisi pour recevoir les manifestants.
« Nous avons été contactés directement par les familles à propos de cet évènement, précise Rorie McLeod, chargé des relations média pour le MCDP. C’est un honneur pour nous de les accueillir. »
Le MCDP apporte son soutien au camp Marcedes depuis son installation le mardi 18 juillet. Isha Khan, sa présidente-directrice générale, a exprimé dans une lettre adressée à l’Assemblée des chefs du Manitoba le soutien « sans équivoque du Musée canadien pour les droits de la personne envers les revendications pour retrouver les restes humains de Marcedes Myran, Morgan Harris et Buffalo Woman ». Un soutien que le MCDP a démontré aujourd’hui encore.