Depuis le 12e siècle, la langue officielle de l’escrime est le français. Les premiers textes rédigés sur le sujet de l’escrime délimitaient des règles et conseils en français. L’un de ces textes s’intitulait Le Jeu de la Hache. Quelques siècles plus tard en 1567, le roi français Charles IX fonde la première école d’escrime moderne, l’École française d’escrime. Les fondements posés par cette école deviendront la norme internationale au 18e siècle. Aujourd’hui, la tradition persiste encore, lors de compétitions, les règles d’arbitrage exigent l’utilisation du français pour les termes techniques.

L’escrime est un sport qui oppose deux adversaires dans un match. Ces derniers échangent des frappes ou touches, et le gagnant est déterminé par une touche ou un grand nombre de touches faites avec l’arme sur le corps de l’autre.

Il existe trois disciplines en escrime. Le sabre, qui consiste à faire plusieurs touches rapides avec la pointe ou le plat de l’arme. Le fleuret, où l’on cherche à toucher l’adversaire au tronc (buste, cou et épaules) avec la pointe de la lame. L’épée, la discipline la plus ancienne, où l’on vise à toucher l’adversaire avec la pointe de l’épée n’importe où sur le corps.

Xavier Slocombe pratique l’escrime depuis près de dix ans. Membre de la communauté franco-manitobaine, il s’est accroché à ce sport. « C’est vraiment sympathique de pouvoir faire un sport en français. Je suis tombé dessus un peu par hasard, ma mère voulait que j’essaye plus de sports et comme j’aimais La Guerre des étoiles, passer d’un sabre laser à un vrai sabre n’était pas un grand saut! », s’amuse-t-il.

Depuis, Xavier Slocombe n’a plus lâché ce sport. Aujourd’hui, il s’entraîne cinq fois par semaine matin et soir, et trouve encore du temps pour entraîner des athlètes plus jeunes.

Ayach Bounachada, l’entraîneur en chef de l’équipe provinciale du Manitoba, s’en réjouit : « Pour quelqu’un comme Xavier Slocombe qui veut un jour compétitionner aux Jeux olympiques, c’est clair qu’ils ne lâcheront jamais le sport. En plus, il entraîne déjà les plus jeunes. Donc même s’il arrêtait de faire des compétitions, il continuerait comme entraîneur. »

Se mettre au sport

La pratique de l’escrime peut prendre plusieurs formes, il y a des clubs de loisirs et des équipes de haute performance, comme celle que l’on retrouve dans l’association provinciale.

« Quand les jeunes commencent à faire de l’escrime, ils le font dans un club. Celui-ci leur fournit tout l’équipement, pour des frais de cotisation annuels d’environ 300 $ », explique Ayach Bounachada.

« Le club enseigne la base aux jeunes, et quand l’association provinciale remarque des jeunes plus engagés ou doués, elle leur propose une place dans l’un de ses programmes de haute performance afin de les diriger vers des compétitions régionales, nationales et même internationales. »

Le Manitoba, à cause de sa population limitée, ne rassemble qu’une quarantaine de membres dans l’équipe provinciale. C’est relativement peu. Mais elle se retrouve régulièrement dans les trois meilleures provinces au niveau national en matière de résultats.

« On a peu de membres, mais on a d’excellents résultats, à tous les niveaux, même international!, souligne Ayach Bounachada. Grâce à ces résultats, Sport Manitoba nous donne un très bon budget. »

Entraîneur d’escrime depuis plusieurs dizaines d’années, il s’efforce de créer un programme qui plaît aux jeunes et livre de bons résultats. « Il faut que les jeunes s’amusent dans le sport. S’ils ne s’amusent pas, ils partent. Même au niveau de l’équipe provinciale, ils s’amusent. »

Pendant notre entrevue, l’autonomie des jeunes est impressionnante. Après avoir reçu quelques exercices à faire, ils s’organisent en groupes, installent l’équipement et pratiquent, recevant de temps en temps des corrections sur leur technique.

Ayach Bounachada, qui les surveille du coin de la salle tout en faisant l’entrevue, en vante les avantages. « Les jeunes qui font de l’escrime deviennent disciplinés, respectueux et autonomes. C’est un sport qui est bon pour l’esprit et le corps. On travaille la stratégie tout en bougeant notre corps. »

Toucher un plus grand public

Sasha Morton Salmon, un athlète de l’équipe provinciale, a découvert ce sport sur un babillard au Centre scolaire Léo-Rémillard. « Je faisais du Taekwondo, mais après je voulais trouver un autre sport alors j’ai essayé l’escrime. J’en fais maintenant depuis six ans.

« J’aime que le sport me fasse travailler à plusieurs niveaux, stratégie, force et endurance. Ça me garde en forme et mon expérience en sports de combat s’applique aussi très bien à l’escrime. Il y a vraiment quelque chose pour tout le monde dans l’escrime, à cause des trois disciplines du sport. »

Ayach Bounachada aimerait faire connaître ce sport à plus de jeunes. « J’aimerais aller dans les écoles et donner des ateliers d’escrime. C’est un sport génial, et qui expose les jeunes au français. On a une si grande communauté francophone au Manitoba, pourquoi ne pas pratiquer un sport en français?

« Et malgré l’utilisation d’une arme blanche, c’est un sport très sécuritaire. La majorité du temps, quand un membre de mon équipe est blessé, c’est à cause d’un autre sport. Les règles en escrime sont très strictes, ce qui aide pour augmenter la sécurité du sport. Tout ce qu’on a comme blessures, ce sont des petits bleus de temps en temps », dit- il.

Avec une plus grande base d’athlètes, les jeunes auraient tous plus d’occasions pour faire des compétitions. Xavier Slocombe en serait ravi : « Récemment, une athlète de l’Alberta est venue nous voir pour qu’on s’entraîne ensemble et qu’on fasse des matchs. On a tous appris des choses. S’exposer à plus d’athlètes aide notre développement. »