Par Shari Narine, journaliste à l’initiative du journalisme local

Chaque super-héros a une histoire d’origine. Celle de l’adolescente métisse Echo Desjardin est relatée dans la série de quatre romans graphiques intitulée A Girl Called Echo – Omnibus (Une fille nommée Echo – Omnibus).

« À bien des égards, je considère l’histoire entière d’Echo comme son histoire d’origine. Dans la dernière image, elle porte une cape, le drapeau des Métis avec le signe infini… C’est ainsi que l’on devient solide et fier de qui l’on est et d’où l’on vient. En apprenant toutes ces choses, Echo devient fière et capable, ce qui fait d’elle une super-héroïne », explique Katherena Vermette, auteure Métisse de la Rivière-Rouge.

Le terme “super-héros” n’aurait peut-être pas fait partie du lexique de Mme Vermette si son partenaire et illustrateur du roman, Scott B. Henderson, n’avaient pas été un « connaisseur de bandes dessinées et de super-héros ».

Plus tard, elle a appris qu’”Echo” était le nom d’un personnage secondaire de l’univers des bandes dessinées Marvel.

Mme Vermette explique qu’elle a choisi ce nom pour son personnage parce qu’en tant que « voyageuse dans le temps… elle est vraiment l’écho de ses ancêtres. Elle est la pulsation qui continue encore et encore ».

Le titre “Omnibus” rassemble quatre romans graphiques distincts dans lesquels Echo voyage dans le temps pour prendre part à l’histoire des Métis. Son voyage commence dans Pemmican Wars (Les guerres de pemmican), se poursuit dans Red River Resistance (La Résistance de la Rivière-Rouge), puis dans Northwest Resistance (la Résistance du Nord-Ouest), et se termine dans Road Allowance Era (L’ère des allocations de route).

Mme Vermette explique que lorsqu’elle a écrit le premier roman en 2017, son intention était d’en faire une série en quatre parties, entre autres parce qu’elle « aimait le chiffre quatre ».

Et bien que les trois premiers romans capturent les conflits qui « ont été si importants dans la formation de l’identité nationale métisse », elle savait qu’elle ne voulait pas que l’histoire d’Echo se termine par la Résistance du Nord-Ouest.

« Notre histoire (métisse) s’arrête tellement souvent à 1885. Je voulais aller plus loin, déclare-t-elle. Je ne savais pas que j’allais me concentrer sur l’époque des allocations de route avant d’être plus avancée dans le processus. »

Si Mme Vermette se dit « très chanceuse d’avoir grandi avec ces histoires », ce n’est pas le cas de nombreux enfants Métis. Elle a pensé qu’en abordant les aventures d’Echo par le biais d’une narration graphique, l’histoire serait plus accessible aux jeunes lecteurs et aux lecteurs réticents.

Même si Mme Vermette connaissait déjà l’histoire des Métis, elle savait qu’elle devait faire des recherches pour en compléter les détails. Elle s’est tournée à la fois vers des sources canadiennes générales et des travaux d’érudition sur les Métis. Il lui a fallu environ un an pour faire des recherches sur chaque livre et elle a beaucoup appris en cours de route.

« Je me suis aperçue qu’il fallait souvent passer par des sources qui sont vieilles et obsolètes, et parfois ouvertement ou subtilement racistes. Mais il faut passer par là pour obtenir les faits », confie-t-elle.

Au cours des 10 à 20 dernières années cependant, les études sur les Métis ont changé la saveur de ses recherches.

« C’est tellement une bouffée d’air frais que de lire des gens qui pensent davantage dans le même sens que vous. C’était une différence immense, tout un monde, mais j’ai ressenti le besoin d’équilibrer les deux », dit-elle.

Ces faits sont soigneusement intégrés dans les aventures d’Echo, souvent par le biais du graphisme plutôt que de mots.

« J’ai été stupéfaite de voir à quel point je pouvais faire rentrer beaucoup d’histoire dans le roman, contrairement à un texte en prose ou poétique où il faut expliquer beaucoup de choses par des mots. Ce que je n’ai pas eu à faire dans le roman graphique. Cela m’a vraiment époustouflée », raconte Mme Vermette, qui a remporté le Prix littéraire du Gouverneur général pour la poésie en 2013.

Le coloriste Donovan Yaciuk a également joué un rôle important dans la narration de l’histoire, car les aventures historiques d’Echo sont représentées par des couleurs vives, tandis que sa vie quotidienne est illustrée principalement en couleurs pâles.

Mme Vermette remercie également sa rédactrice en chef, Annalee Greenberg, qui a simplifié le processus et lui a permis d’établir le caractère d’Echo.

« C’est un personnage introverti. C’est une fille timide. Son monde est présenté, et c’est pourquoi un roman graphique était l’endroit idéal pour elle, parce qu’elle n’est pas une personne bavarde. Elle ne parle pas à tort et à travers », explique Mme Vermette.

Elle ajoute que le look d’Echo est « un hommage » aux jeunes femmes spéciales de sa vie et « à tous les autres jeunes gens introvertis incroyablement puissants qui veulent rester derrière leurs écouteurs et ne parler à personne ».

À la fin cependant, Echo se transforme en une jeune fille confiante, qui tire son soutien et sa force de sa mère et de la longue histoire de son peuple. Elle apprend que malgré toutes les épreuves subies par les Métis, ils « continuent à survivre », explique Mme Vermette.

C’est ce lien de parenté ou « kinscapes » qui a incité Brenda Macdougall, titulaire de la chaire de recherche universitaire sur les traditions familiales et communautaires des Métis et directrice de l’Institut de recherche et d’études autochtones de l’Université d’Ottawa, à utiliser la série de romans graphiques Echo dans le cadre de son cours sur l’histoire et la géographie des Métis.

Mme Macdougall définit les kinscapes comme une « série de constellations relationnelles entrelacées de l’être et de l’appartenance ».

Dans un essai à la fin d’Echo – Omnibus, Mme Macdougall écrit : « La force de la série, cependant, réside dans le lien entre le passé et le présent, alors qu’Echo s’efforce de se comprendre et de comprendre sa déconnexion d’avec sa mère en apprenant à connaître ses ancêtres, son histoire et sa patrie. »

Mme Vermette admet que le fait que son œuvre de fiction soit utilisée dans un cours d’histoire à l’université est « intimidant… L’histoire elle-même est vraiment difficile parce qu’il y a certains éléments factuels, mais beaucoup de choses sont laissées à l’interprétation et à l’imagination ».

A Girl Called Echo – Omnibus est publié par Highwater Press et est désormais disponible à l’adresse suivante : https://www.portageandmainpress.com/Books/A/A-Girl-Called-Echo-Omnibus.