Le 3 octobre, les Manitobains décideront qui sera leur prochain gouvernement. La campagne se joue souvent en ville, mais au rural les candidats s’efforcent de faire entendre leurs voix.
La circonscription de La Vérendrye porte un nom historique qui reconnaît la présence de francophones dans l’Ouest. Cette présence perdure, formée en 1879, la circonscription abrite, parmi d’autres, les municipalités bilingues de Saint-Pierre-Jolys et La Broquerie.
La population de la circonscription qui dépasse est d’environ 25 000 âmes. Le revenu moyen pour chaque maisonnée est de 81 000 $. Située au sud-est de la ville de Winnipeg, la circonscription est encadrée par la frontière américaine et la frontière ontarienne.
Sous le contrôle du Parti progressiste-conservateur depuis 2011, le candidat qui a remporté trois élections successives, Dennis Smook ne s’est pas représenté pour les élections de 2023.
Quatre candidats se font face pour prendre sa place, Monica Guetre pour le Parti libéral, Konrad Narth pour les PC, Bianca Siem pour le Nouveau Parti démocratique (NPD) et Matthew Wiebe pour le Keystone Party (KP).
Des distances au rural
Bien que des divisions politiques dressent des frontières entre ces candidats, leurs expériences sont relativement similaires. Une campagne électorale comprend souvent une part importante de visites de porte en porte.
Ceci pose un défi dans les zones rurales, en ville les distances entre maisons et blocs d’appartements ne sont pas grandes. Au rural, ces candidats peuvent se retrouver à faire des trajets de plus d’une heure pour aller à d’une maison à une autre.
Matthew Wiebe remarque avec humour. « Pour être candidat au rural, ça prend beaucoup d’essence. »
Bianca Siem suggère que c’est une question de bien se chausser. Néanmoins, elle a aussi pris d’autres mesures pour tenter d’assurer le succès de sa campagne. « J’ai aussi tenté de mélanger divers moyens de communication, un engagement important sur les médias sociaux. »
Sujet essentiel : les soins de santé
L’entrée en politique de Matthew Wiebe est liée à son parti. « J’ai choisi de participer aux élections sous la bannière Keystone puisqu’ils n’ont pas une ligne directrice ferme. C’est important pour moi de pouvoir se prononcer et voter sur ce qui me semble juste. »
Le candidat PC de la région est impliqué en politique dans ces environs depuis un certain temps. « J’ai une passion pour la politique, après mes études universitaires je me suis impliqué dans le conseil municipal de ma communauté. Pendant 12 ans, j’ai rempli ce poste et j’ai compris combien le lien du régional et du provincial était important pour faire avancer les choses dans ma communauté. »
Bianca Siem, elle, souhaite représenter une communauté qui l’accompagne depuis sa jeunesse. « J’ai grandi dans le sud-est du Manitoba et, pour moi, c’est une occasion de redonner à une communauté qui m’a toujours soutenue. »
La question des soins de santé dans la circonscription est soulignée par tous les candidats. Monica Guetre l’identifie comme sa motivation première, « La Vérendrye a été complètement ignoré, le gouvernement ne peut pas continuer à ignorer le reste du Manitoba. On attend des heures dans des salles d’urgence et des mois pour des spécialistes ».
Des inquiétudes
Peu importe le moyen choisi par les candidats pour interagir avec les électeurs de leur circonscription, ils sont souvent tombés sur des inquiétudes similaires. Chacun fait écho de la question électorale de la santé.
« Plusieurs de nos professionnels en santé sont mécontents avec l’état du système de santé », a proposé Matthew Wiebe.
La candidate du NPD se rappelle une interaction qu’elle a eue avec des électeurs. « Les gens dans le sud du Manitoba sont très inquiets face à l’état de la santé. J’ai parlé avec un ambulancier il y a quelques semaines, il m’expliquait qu’il n’y avait pas assez d’ambulanciers dans la région et que les salaires étaient meilleurs ailleurs dans le pays et que les gens quittaient le Manitoba pour profiter de ces salaires. »
Konrad Narth, lui aussi, reconnaît l’importance de la question. « Je pense que les questions au niveau local sont largement les mêmes qu’au niveau provincial. La santé, le coût de la vie et le logement sont de grandes questions. »
Il enchaîne, se focalisant sur des enjeux qui sont, selon lui, davantage locaux. « À part cette question-là, les électeurs sont conscients de la croissance sociale impressionnante que l’on a dans la région et veulent s’assurer qu’elle continue. »
L’augmentation du nombre de voies sur l’autoroute 59 est aussi un enjeu qui a été capté par les candidats. « Nous avons la troisième plus grande ville de la province et nos autoroutes ne sont pas assez grandes, il n’y a pas de façon sécuritaire de se mettre sur la route. Les gens devraient pouvoir se rendre chez eux de manière sécuritaire. »
« J’aimerais soutenir et encourager l’expansion de l’autoroute 59, l’infrastructure doit rattraper la croissance », ajoute Konrad Narth.
Une variété d’enjeux
Aucun des candidats de cette circonscription n’a servi comme député provincial. Chacun d’entre eux entretient une vision différente du gouvernement actuel.
Le candidat qui se présente sous la bannière PC explique son angle. « Je sais que je me suis associé à un parti, mais mon objectif premier c’est de représenter mes concitoyens. »
Matthew Wiebe du Keystone Party dénonce le gouvernement actuel. Il explique que les électeurs avec qui il a parlé sentent « un mécontentement et une frustration générale envers l’état des choses. On a besoin d’un changement puisque les choses ne fonctionnent pas. C’est décourageant de voir que les gens ne se sentent pas écoutés. »
Un autre problème que Monica Guetre tient à souligner s’en tient aux actions du gouvernement PC et l’exploitation des ressources. « Il faut protéger notre eau potable, les PC ont soutenu un programme de forage. On pourrait se retrouver avec de l’eau qui n’est plus sécuritaire à boire! Ça aura un impact sur les fermes et les maisonnées. »
Bianca Siem, suggère également que le gouvernement PC n’en fait pas suffisamment pour soutenir les programmes de repas dans les écoles de la province. « J’ai vu au cours de mes études à quel point le manque de nourriture pour les élèves peut nuire à leur apprentissage. J’aimerais m’assurer que tous les élèves qui fréquentent des écoles au Manitoba aient un programme qui leur offre un repas pendant qu’ils sont à l’école. »
Quant à la francophonie?
Aucun des candidats qui se présentent dans La Vérendrye ne s’est identifié comme un francophone.
La candidate libérale souligne néanmoins sa présence. « Il y a une forte population francophone dans l’est du Manitoba qui n’est pas suffisamment bien servie. »
Matthew Wiebe avait ceci à dire : « Je ne pense pas que les gens devraient être traités différemment à cause de la langue qu’ils parlent, je compte discuter avec eux pour comprendre leurs besoins. »
Bianca Siem a dit qu’elle suivrait la ligne directrice de son parti. « Notre parti s’est engagé à prendre plusieurs mesures pour améliorer l’état du système d’éducation en français dans la province. Je soutiendrais ces mesures. Je ne suis pas francophone, mais j’ai grandi à Sainte-Anne et je connais des gens qui le sont. Je sais à quoi peut ressembler une forte communauté francophone. »
Konrad Narth rappelle les interactions qu’il a déjà eues avec des organismes francophones dans la communauté pour montrer son point de vue. « Je ne suis pas bilingue, mais j’ai déjà bâti des rapports avec des représentants des municipalités francophones dans ma circonscription. À travers ces connexions, je m’efforce de comprendre les avantages et défis propres à cette communauté. »
La Vérendrye accueillera, peu importe son choix, un député qui servira pour la première fois dans le Palais législatif.