L’initiative de l’exposition a été prise par le Musée Saint-Pierre-Jolys afin de rendre hommage à l’homme qui a grandi à la Rivière-aux-Rats.
Sol Desharnais, commissaire de l’exposition, l’a soigneusement planifiée. Il a commencé le travail voilà plus d’un an. « Ça faisais longtemps que le Musée envisageait de réaliser une exposition sur Réal, qui est une personnalité importante de notre région. Il est né à Saint-Pierre-Sud et se considère d’ailleurs comme un fils de Saint-Pierre-Sud.
« À 16 h 30, le 22 octobre, nous avons dévoilé officiellement la nouvelle exposition au public. Ensuite, nous avons proposé à nos invités de faire une petite promenade jusqu’à la maison Goulet, située à 100 mètres du Musée sur les terres du vieux couvent, pour prendre un verre et partager ce moment ensemble. »
Réal Bérard est une figure importante pour la communauté franco-manitobaine. Sol Desharnais a pensé cette exposition comme une célébration de l’artiste. « C’est un homme qui donne énormément. Il a contribué à façonner notre identité visuelle en tant que Franco-Manitobains, et même en tant que Canayens. Avec plus de 60 ans de carrière, on peut voir l’influence de sa créativité sur notre francophonie. »
L’exposition présente non seulement des oeuvres de Réal Bérard, mais offre aussi des panneaux retraçant son parcours, de son enfance à son engagement dans la communauté manitobaine. Sol Desharnais détaille : « L’exposition débute par une introduction sur Réal Bérard. Sur l’un des panneaux, nous évoquons son enfance, avec des images de lui enfant, avec sa mère et d’autres membres de sa famille. Nous abordons sa scolarité et la manière dont il a été inspiré dès son enfance par l’art. Par exemple, il fréquentait l’église et voyait les grands tableaux peints par des artistes de Paris, ce qui était pour lui comme entrer dans une grande galerie d’art.
« Sur un autre panneau, nous dressons un portrait de sa famille, intitulé La Familia, qui rend également hommage à Eva Navarrete, sa femme, et à son patrimoine de Mexicaine. Une autre section traite de ses études à Montréal, à Winnipeg et au Mexique. Autant d’écoles des beaux-arts qui ont incontestablement nourri son inspiration. »
« Réal m’a beaucoup inspiré en grandissant. Je le voyais partout, que ce soit par exemple dans le journal, ou au village. Je lui suis reconnaissant, car il a rendu possible mon rêve de devenir artiste. Travailler sur cette exposition à son sujet est ma manière de le remercier. »
Sol Desharnais
Les travaux de Réal Bérard
En poursuivant l’exposition, un panneau retrace la présence de Réal Bérard dans les parcs provinciaux du Manitoba. Sol Desharnais précise : « Là aussi, Réal a contribué à créer une identité visuelle pour nos parcs. Par exemple, la couverture de la brochure du Parc provincial du Whiteshell s’adressait bien évidemment à tous les Manitobains. Sans oublier tout le travail de cartographie qu’il a fait en lien avec tous ses voyages en canot dans le Nord ou sur nos rivières locales, dont la rivière aux Rats, la rivière Roseau. Il a réalisé les carte de canotage de manière ludique en les rehaussant de ses dessins. Par exemple en donnant des recettes de pemmican, des recettes de nos grands-mères, des anecdotes et des histoires. »
La section suivante du Musée se penche sur le travail graphique de l’artiste. « Son emploi au ministère des Ressources naturelles ne l’a pas empêché de donner de son temps aux organismes à but non lucratif. Nous présentons des affiches publicitaires, des couvertures d’annuaires téléphoniques, ainsi qu’une affiche pour une pièce du Théâtre Cercle Molière (TCM), une vente de bric-à-brac dans son quartier, ou encore une soirée de ballet alors que sa fille suivait des cours de danse.
« Il y a toute une section où j’ai fait un montage-collage d’une vingtaine de différentes affiches qu’il a créées. Ainsi qu’un catalogue que l’on va pouvoir consulter afin de se rendre compte de l’ampleur du travail de Réal. »
Un autre panneau expose des exemples de son travail dans des séries limitées. « Réal a réalisé nombre de gravures sur bois et de sérigraphies, comme des cartes postales, des cartes de voeux, des tableaux miniatures. Nous montrons également un bloc de bois sculpté de ses propres mains pour illustrer le processus de travail. »
Cayouche, frère jumeau de Réal Bérard
L’exposition aborde également « son frère jumeau », Cayouche, son nom de plume quand il s’habille en caricaturiste, apparu pour la première fois le 18 mai 1978 dans le journal La Liberté et que l’on retrouve chaque semaine en page 2 depuis l’automne 1982.
« Cayouche a toujours été un personnage important qui s’exprime en canayen, notre langue, et que nous comprenons tous. Nous présenterons quelques exemples de son travail, ainsi que le livre de Bernard Bocquel, Les caricatures de Cayouche, publié en 1992 aux Éditions du Blé.
« L’exposition aborde également le tableau animé Jours de Plaine, conçu sur une chanson de Daniel Lavoie. Nous montrons le clip vidéo avec des dessins de Réal, réalisé en 1989-1990. Ce court-métrage d’animation musicale avait été présenté au Festival de Cannes en mai 1990. Dans la galerie, nous présentons une photo de Réal en tuxedo. C’est la première et la dernière fois, je pense, que l’on va voir Réal ainsi habillé, parce que ce n’est vraiment pas son style! (rires). »
Le dernier panneau traite de la sculpture sous différents angles. Sol Desharnais explique : « Nous abordons non seulement la sculpture sur neige, mais aussi la sculpture sur bronze, la sculpture multi-matériaux et la sculpture en béton. Il s’agit d’un survol de son travail dans ce domaine. »
Présenter une petite sélection d’oeuvres de Réal Bérard s’est avérée une tâche ardue pour le commissaire. « J’aurais pu remplir les quatre étages du Musée avec son travail. J’ai toutefois cherché à monter une exposition qui reflète au mieux l’artiste. J’encourage cependant tous ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur Réal Bérard à consulter des archives disponibles au Centre du patrimoine ou encore à effectuer des recherches en ligne. »
Un grand remerciement
À travers cette exposition, Sol Desharnais a également voulu mettre en avant l’homme derrière l’artiste.
« La mission du Musée est de continuer à raconter notre histoire commune. Réal est un homme extrêmement humain. Comme Réal, mon grand-père, Armand Desharnais, était l’un des fondateurs du Musée. Mon père, René Desharnais, a aussi beaucoup oeuvré pour le Musée. En montant cette exposition, j’ai eu le sentiment de les avoir à mes côtés pour me soutenir. Je suis convaincu qu’ils se réjouiraient de voir que nous mettons en valeur l’un des nôtres qui le mérite.
« Réal m’a beaucoup inspiré en grandissant. Je le voyais partout, que ce soit par exemple dans le journal, ou au village. Je lui suis reconnaissant, car il a rendu possible mon rêve de devenir artiste. Travailler sur cette exposition à son sujet est ma manière de le remercier. »
Pour préparer cette exposition, Sol Desharnais s’est entouré d’amis, de connaissances et de collègues de Réal Bérard afin de présenter une rétrospective fidèle de l’artiste et de son travail.
« Ma soeur m’a aidé à effectuer la traduction, Denis Duguay m’a soutenu dans le développement des idées pour les panneaux, Raymond et Nicole Lavergne ont apporté une contribution matérielle importante, et David MacNair, un ami proche de Réal, a participé à la conception graphique de l’exposition. Je tiens également à remercier le Comité culturel de Saint-Pierre-Jolys, la Province du Manitoba, le Centre culturel franco-manitobain, le Centre du patrimoine et Francofonds, qui ont subventionné ce projet. »
L’humilité de Réal Bérard
Le principal intéressé de cette exposition a été surpris devant l’une des annonces.
« Je savais déjà qu’il y aurait une exposition sur mon travail. Mais lors d’une marche à Saint-Pierre-Jolys, j’ai vu une affiche disant Bérard exhibit. Ça m’a mis en furie! J’ai téléphoné à Sol et je lui ai dit : Si vous changez pas ça en français, vous ne me verrez pas le 22 octobre! (rires)
Réal Bérard demeure très humble par rapport à cette exposition.
« Tant que j’ai la liberté de créer mes caricatures et mes dessins dans mon coin, c’est tout ce qui m’importe. J’ai des copains qui font à peu près la même chose que moi, et je ne comprends pas pourquoi on me met en avant et pas eux. À part peut-être à cause de mon âge?
« J’ai fait un tri dans mes affaires et j’ai envoyé le tout à Sol en lui disant : Ce que tu n’utilises pas, mets-le à la poubelle. Après un certain temps, on accumule tellement de choses. »
Saint-Pierre-Jolys revêt une grande importance pour Réal Bérard, qui y a grandi à quelques milles au sud. Il précise : « À l’époque, il y avait le village de Saint-Pierre-Jolys et trois petites communautés aux alentours. Il y avait Carey, avec ses élévateurs à grains et une station de chemin de fer, qui était très importante car tout le monde l’empruntait pour se rendre à Winnipeg. Ensuite, il y avait Sainte-Geneviève, et Saint-Pierre-Sud, le coin des Métis, d’où je viens. »
Le Musée ouvrira exceptionnellement ses portes pour permettre au public de profiter de l’exposition les 25, 28 et 29 octobre. L’entrée est gratuite.