Toutes ces alertes se sont finalement avérées fausses, mais l’après-midi d’Alain Laberge, directeur général de la DSFM, a été très occupé. Appels à la GRC du Manitoba, à la Police de Winnipeg, aux directions des écoles, tout en rassurant les parents, le directeur n’avait jamais connu ça. « Ça fait dix ans que je suis là, c’est la première fois qu’on reçoit une alerte à la bombe, tout court. Donc, là, neuf écoles d’un coup, ça a été un long travail pour tout comprendre. »
Au lendemain de cette journée, le directeur général repense encore au déroulé des évènements. « On a reçu ce qu’on appelle un courriel de masse, dans neuf de nos écoles. Plus précisément, ce sont les garderies dans nos écoles qui ont reçu ces courriels. Inconnu de nos serveurs, le message est tombé dans nos boîtes pourriels.
« La première école qui nous a appelés, il était 13 h 30, c’était l’École Saint-Joachim à La Broquerie. On a rapidement mis les élèves en confinement dans l’aréna. C’est ce que nous faisons dans le cas d’une alerte incendie ou d’une fuite de gaz, par exemple. »
Un premier signalement à La Broquerie
À partir de là, Alain Laberge explique que les appels des écoles se sont succédé. L’École communautaire Réal-Bérard, à Saint-Pierre-Jolys, a été la deuxième à signaler cette alerte. Des écoles en ville ont aussi fait état de courriels similaires. « Après quatre ou cinq écoles, les autorités commençaient à penser que ça ressemblait à un canular. La GRC et la police ont remarqué qu’un patron se dessinait. »
La GRC du Manitoba expliquait d’ailleurs jeudi en fin d’après-midi qu’ « aucun dispositif ou objet suspect n’a été trouvé ».
Alain Laberge donne aussi quelques détails sur la teneur du courriel reçu. « Le message demandait 2 millions d’euros pour chacune de nos écoles qui avaient réceptionné le courriel, à déposer dans une banque au Maroc. Le texte était en français. »
Après de nouvelles discussions avec les autorités, la direction de la DSFM était en mesure d’assurer que ses établissements étaient sécuritaires pour la reprise des cours ce vendredi. Le directeur général salue d’ailleurs le travail des directions d’écoles.
Actualité tendue
Alain Laberge souligne aussi, après vérifications avec ses collègues dans d’autres Divisions scolaires de la province, que seule la DSFM a été touchée par ces actes malveillants.
Ces actes interviennent alors que le climat est sensible en raison de toute l’actualité au Proche-Orient. D’autres écoles d’autres provinces ont d’ailleurs subi les mêmes alertes ce vendredi. C’est le cas notamment au Québec.
Alain Laberge n’exclut donc pas que ces alertes soient liées aux évènements actuels. « La ou les personnes qui ont envoyé ces menaces pourraient très bien utiliser la panique ambiante par rapport à ce qui se passe. Jeudi à Montréal, deux écoles juives ont reçu des tirs. On essaie de faire peur à la population. Et je pense que c’est le bon moment pour nous, en tant que peuple, de s’unir et s’entraider. »
Alain Laberge, dans le contexte des alertes de jeudi, ne cache pas que « quelques parents » ont décidé de ne pas envoyer leurs enfants à l’école ce vendredi. « Les parents veulent avoir des réponses, et je les comprends. On a reçu trois ou quatre courriels de parents qui étaient mécontents qu’on ne nomme pas toutes les écoles visées.
« D’autres étaient satisfaits de notre réaction et qu’on avait pris tout ça très au sérieux. On a donc envoyé un autre courriel ce vendredi après-midi avec plus de détails, sans compromettre l’enquête. »
Pour conclure, le directeur général rappelle que des équipes d’orthopédagogues, de conseillers, et les directions d’écoles, sont là pour appuyer les élèves qui en auraient besoin.