À l’occasion de cette compétition pancanadienne de cinéma, le réalisateur Rémi K. Chevalier a représenté le Manitoba et remporté le prix de la relève.
La Grande finale de la compétition pancanadienne Course des régions s’est déroulée lors des deux derniers jours de novembre au Québec. La Course des régions est une compétition de films documentaires et de courts-métrages qui s’adresse aux cinéastes émergents issus de la francophonie.
Pour participer, le cinéaste doit être considéré comme un artiste en émergence, engagé dans une démarche de recherche et d’expérimentation artistique en lien avec le milieu télévisuel, cinématographique ou celui du documentaire. Être âgé de 18 ans et plus et avoir un lien d’appartenance avec la région qu’il représente. Cette année, deux Manitobains d’adoption, le réalisateur et assistant de production à Pop Comm’, Rémi K. Chevalier, et Mehdi Bereddad, qui l’a assisté en tant que directeur de la photographie et qui est aussi concepteur multimédia pour La Liberté, y ont remporté le Prix de la relève pour leur documentaire de 12 minutes, Allegro (1). Pour ce projet, les deux Français d’origine ont suivi Michel Lavoie le temps d’une journée, dans son quotidien de danseur de ballet professionnel pour le Ballet royal de Winnipeg.
« Si c’est un documentaire centré sur une personne, ton intervenant devient ton sujet, alors l’enjeu est phénoménal. Son aisance, son énergie devant et hors caméra vont avoir un impact important sur le résultat final. »
Rémi K. Chevalier
Une rencontre
Dans le cadre d’un documentaire, la recherche de son intervenant est indissociable de la recherche du sujet, et c’est un point que Rémi K. Chevalier explique. « Si c’est un documentaire centré sur une personne, ton intervenant devient ton sujet, alors l’enjeu est phénoménal, dit-il. Son aisance, son énergie devant et hors caméra vont avoir un impact important sur le résultat final. » Et pour ce projet, il n’aura suffi que d’une rencontre.
« Je n’ai vu Michel qu’une fois avant le tournage, explique le jeune réalisateur, et c’est une personne assez discrète, timide et réservée. Ce ne sont pas forcément des qualités que l’on recherche principalement. Mais dans le cadre d’un danseur classique, cette personnalité conve-nait complètement. D’autant plus que l’on aborde dans le documentaire l’importance de la danse comme moyen de communication et de langage. C’est quelque chose qui faisait écho au fait que lui-même, aujourd’hui, s’exprime plus par la danse que par le verbal. »
Seulement, la vie d’un danseur de ballet, comme le documentaire le mentionne, n’est pas de tout repos, et cela a posé quelques défis au duo, qui a pourtant une certaine expérience du film documentaire. « Nous avions déjà fait Refuge avec POP Productions, rappelle Mehdi Bereddad. Mais celui-là, c’était sur du long terme parce que nous avions suivi l’intégration d’une famille réfugiée ukrainienne au Canada.
« Pour Allegro, nous n’avions pas le choix que de le faire en une journée. Il a fallu s’adapter aux disponibilités de Michel. » Car le danseur lui-même n’a pris connaissance de son emploi du temps que le matin même. Dans ce contexte, le processus de création s’en trouve forcément quelque peu impacté. Avant d’arriver, le réalisateur et le directeur de la photographie étaient tombés d’accord sur une idée du contenu qu’ils souhaitaient aborder au cours des entrevues, mais Rémi K. Chevalier confie : « Nous avions quelques idées de plans. Mais au final, c’était beaucoup d’improvisation et de ressentis. » Et Mehdi Bereddad corrobore avec quelques nuances. « Il fallait s’adapter. Mais le documentaire parle de danse, alors nous savions que nous allions filmer des corps. Donc, nous avions déjà deux trois idées visuelles en tête. »
Des choix techniques
Sans trop rentrer dans les termes techniques, l’on pourrait citer par exemple la volonté de filmer dans un format 4:3, qui correspond notamment à l’un des premiers formats de projection utilisés dans le cinéma des années 40. « C’est un format vraiment à l’ancienne, indique Rémi K. Chevalier. Et parce que la danse est une forme d’art tellement ancienne, ça faisait du sens de la montrer dans un format intemporel. » Son collègue ajoute : « Dans ce format, les côtés de l’image sont délimités par des bandes noires. Comme il y a beaucoup de mouvement dans la danse, ça laisse beaucoup de place au hors-champ, et donc à l’imagination. »
Lors de la Grande finale tenue au Québec, le duo manitobain a remporté l’un des cinq prix pour lesquels ils étaient en compétition avec sept autres réalisateurs, venant d’un peu partout au Canada. Un ultime prix sera attribué au mois de février, le Prix du jury, qui sera décerné par les spectateurs.
(1) Le documentaire n’est pas visible au grand public. Il pourrait faire le tour de certains festivals et UnisTV se réserve le droit d’organiser une projection de certains documentaires, sans garantir la projection de celui-ci.