Lui et son homologue saskatchewanais, Scott Moe, sont les deux seuls premiers ministres à obtenir plus de 50 % d’approbation de l’électorat.
Pour autant, les raisons de cet appui ne sont pas les mêmes comme l’explique, Félix Mathieu, professeur adjoint en sciences politiques pour l’Université de Winnipeg. « Pour Scott Moe, il trouve son appui dans sa capacité à convaincre l’électorat de la Saskatchewan qu’il tient tête aux efforts centralisateurs d’Ottawa. Par exemple avec le Saskatchewan First Act qui permet la gestion des ressources naturelles par la Province. Ou encore plus récemment, en indiquant qu’il ne collecte pas la part de taxe en lien avec la taxe carbone. Tout ceci doit le rassurer en vue des élections d’octobre prochain.
« Alors qu’au Manitoba, c’est l’inverse. Nous sommes à un début de cycle électoral. Nous sommes dans la lune de miel de ce gouvernement qui pourrait prendre fin de manière abrupte. En effet, le gouvernement dépose son premier budget le 2 avril prochain. »
Depuis son élection le 3 octobre dernier, Wab Kinew a pu mener quelques projets qui ne suscitent aucune controverse. « L’ensemble de mesures législatives adoptées est plutôt de l’ordre du symbolique. Par exemple, La Loi sur Louis Riel, La Loi sur le chandail orange. Ou en enlevant de manière temporaire la taxe sur l’essence, ce sont des mesures qui peuvent plaire à la base électorale et à un électorat élargi. Puisqu’il n’y a pas eu le test du premier budget, nous sommes dans une certaine ambiguïté qui permet à chacun de voir ce qu’il lui plaît dans les actions du gouvernement. »
Le premier test
Cependant, le gouvernement manitobain devra déposer son premier budget le 2 avril. Un exercice qui pourrait alors avoir un impact sur la popularité du premier ministre.
Félix Mathieu détaille. « Si on n’investit pas suffisant de ressources pour les fouilles dans le dépotoir de Prairie Green, on risque de déplaire à une portion considérable. Mais, si on y va avec la pédale douce pour le système de santé, on risque aussi de déplaire à une partie de l’électorat. Est-ce qu’on va reculer par rapport à l’augmentation des taxes? Est-ce qu’on va annoncer qu’on n’annoncera pas l’équilibre budgétaire? Toutes ces mesures risquent d’avoir un impact sur la popularité de ce gouvernement. »
Ce budget sera également un tournant dans le langage du gouvernement. Si à plusieurs reprises Wab Kinew a insisté en disant que les résultats d’aujourd’hui étaient la conséquence des politiques du précédent gouvernement progressiste-conservateur, le premier budget va changer la donne. « Cette carte de dire : ce n’est pas notre faute. C’est une carte que tous les gouvernements jouent parce qu’on veut toujours plaire en politique.
« Une fois passé le premier exercice budgétaire, on a pris le contrôle de la situation financière, on a fait des choix raisonnés et on s’est projeté dans le temps. »
Prairies Green, le tournant
De l’avis de Félix Mathieu, la promesse qui pourrait être un véritable retournement pour Wab Kinew est celle au sujet des fouilles dans Prairies Green. « On en a fait un élément symbolique très fort dans la campagne. Si on investit des sommes importantes, l’autre bord va dénoncer ceci comme des investissements qui ne sont pas responsables fiscalement. Alors que si on ne met pas les ressources, on sera vu comme un gouvernement avec deux faces : qui promet des choses et qui ne le fait pas.
« Il y a aussi le dossier de la santé. Le Nouveau Parti démocratique s’est présenté comme un sauveur pour le système de santé sauf qu’à date, on n’a pas vu de grandes actions pour rétablir le système de santé. Il va donc falloir surveiller les investissements qui seront prévus dans le budget à ce sujet. »