Flin Flon, Cranberry Portage, Bakers Narrows, The Pas, les résidents de ces communautés du nord-ouest de la province font face depuis plusieurs jours aux incendies. Le Premier ministre manitobain Wab Kinew est d’ailleurs sur place. Il a notamment eu une pensée pour les personnes qui ont dû quitter leurs logements. « Il s’agit d’une période très difficile pour les personnes à qui l’on a demandé de laisser derrière elles leur maison, leurs biens et leur communauté sans avoir la certitude de ce qu’il restera à leur retour. Je tiens à réaffirmer mon engagement envers vous, à savoir que notre gouvernement sera là pour vous. »
Si certains de ces feux restent encore ce 15 mai non maitrisés, des conséquences ont eu lieu à des centaines de kilomètres de là à Winnipeg. Le 12 mai notamment, Environnement Canada avait émis un bulletin spécial en raison de la mauvaise qualité de l’air au-dessus de la capitale manitobaine. Une situation qui a interpellé Derek Balcaen, vice-président du Syndicat des pompiers de Winnipeg. « Ça a été un rappel plutôt tôt ce qu’on a vécu lors de cette fin de semaine-là. Je pense qu’on a tous été surpris quand on est sorti de chez nous. On est dans une situation climatique qui est différente qu’auparavant. 2023 a été une année jamais vue. Et 2024 semble être pas mal pareil si ce n’est pire. »
Des conséquences en ville
Derek Balcaen rappelle également que les pompiers à l’intérieur de la ville ne sont pas confrontés directement à ces importants feux mais peuvent être tout de même amenés à lutter contre des phénomènes ressemblants. « Même si l’on combat les feux sauvages différemment, on est quand même affectés par les feux de forêt qui peuvent se produire dans nos forêts urbaines. On a déjà eu plusieurs évènements très intenses au cours des dernières années. Et il semble en avoir de plus en plus chaque année. Nos équipes spécialisées se font jeter en action de plus en plus souvent. »
Le vice-président, qui représente environ 1 000 pompiers professionnels et paramédicaux, souligne aussi qu’il n’y a quasiment aucune chance que les pompiers de Winnipeg soient envoyés hors de la ville pour aider les communautés touchées. C’est avant tout une question de technique. « Il faudrait que ça prenne une vraie catastrophe pour qu’on nous appelle, simplement parce que les techniques sont très différentes. Lorsqu’on parle des feux de forêt sauvages, on parle d’un matériel important, de grosses machineries, qui passent à travers les forêts. Puis, il y a les avions et les hélicoptères. Ce n’est pas de l’équipement avec lequel nos membres s’entraînent. »
Des membres inquiets
Derek Balcaen précise tout de même qu’avec les catastrophes qui s’en viennent plus régulièrement, des discussions existent ces dernières années quant à « un appel de main-d’œuvre ».
Le représentant des pompiers dit également que ses membres s’inquiètent pour cette saison de feux, il pense aussi aux collègues dans la province et même ailleurs, notamment à Fort McMurray en Alberta alors qu’un feu important se manifeste déjà dans cette municipalité présentement. « Nos pompiers urbains professionnels avaient totalement perdu la ville là-bas il y a quelques années. Ils vont faire face encore à des grands feux qui pourraient raviver la situation vécue des années auparavant. C’est un rappel que cette saison de feux sauvages est à notre porte. Et, c’est seulement avec de l’entraînement et de la bonne formation qu’on peut se préparer pour protéger le monde qui vite à Winnipeg. »
Derek Balcaen fait allusion à un feu qui s’était déclaré en mai 2016 au sud-ouest de Fort McMurray. Près de 100 000 personnes avaient dû être évacuées. Les pompiers avaient notamment été aidés par des membres des Forces armées canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada. Avec des dégâts estimés à 4 milliards $ selon la Sécurité publique du Canada, ce feu a été l’une des catastrophes naturelles les plus couteuses de l’histoire du Canada.