Alors que le Canada, les États-Unis et la France commémorent le 80e anniversaire du débarquement en Normandie, le livre Calepin d’espoir vient témoigner de cette guerre.
Danielle Dufresne, la fille d’Émilien Dufresne, partage le travail derrière ce livre. « C’est la réédition du livre paru il y a une vingtaine d’années. C’est mon père qui voulait écrire quelque chose parce que ses petits-enfants étaient curieux. Alors il voulait partager quelque chose. Il n’avait jamais été très loquace sur le sujet. Mais dans le contexte où il y avait des commémorations aussi bien pour les soldats morts que pour ceux qui étaient revenus, il a semblé penser que c’était le bon moment. »
Émilien Dufresne a donc raconté son histoire et a laissé le bon soin à sa fille, Danielle Dufresne d’arranger son histoire et de la mettre en forme. « Au départ, il pensait écrire une quinzaine de feuillets et la partager avec sa famille. Mais de mon côté, je trouvais que son histoire valait la peine de plus. Après tout, c’est un devoir de mémoire collectif. J’ai donc travaillé pendant sur l’œuvre. »
Grâce au travail collaboratif du père et de la fille, Émilien Dufresne a été convié aux commémorations du 60e anniversaire du débarquement en Normandie par la France, en 2004. « C’était quelque chose d’extraordinaire. »
Une découverte de famille
Évidemment au fur et à mesure du récit, Danielle Dufresne a découvert des facettes de son père. « J’ai découvert des choses. Par exemple, quand il est prisonnier et qu’il travaille dans une usine de canne à sucre, il lance sa pelle et il brise la machine. Je l’ai découvert durant notre écriture. Il s’est retrouvé prisonnier parmi les prisonniers.
« Il y a plusieurs histoires que j’ai découvertes au fur et à mesure du récit. C’était une drôle de position parce que je suis sa fille, alors j’étais pleine d’admiration pour ce qu’il a fait. Mais je raconte son histoire alors qu’il avait 17 ans à peine alors je m’imagine comme mère en train de le chicaner parce qu’il a fait des choses terriblement dangereuses. »
D’ailleurs, Émilien Dufresne s’est enrôlé sans l’autorisation de ses parents à l’époque. Son père avait fait la Première Guerre mondiale. « À un point, mon père était disparu parce que fait prisonnier par l’armée allemande. »
De plus, la lecture est ponctuée par des photos d’archives qui proviennent d’archives de la famille ou d’autres fonds d’archives. Une belle manière de donner vie au personnage d’Émilien Dufresne.
Un devoir de mémoire
Pour Danielle Dufresne, il était primordial de raconter cette histoire. « Il peut y avoir tous les experts du monde qui en parle. Mais avoir le témoignage de quelqu’un qui a vécu ses horreurs. C’est bien plus touchant. Un soldat ce n’est pas quelqu’un de programmé pour tuer.
« Mon père, il n’avait pas envie de faire carrière dans les Forces armées canadiennes. Mais il voulait se battre pour ce qu’il croyait juste. La menace hitlérienne était quelque chose de très intense. Et il voulait combattre.
« C’est important que les jeunes générations soient conscientes du sacrifice des soldats et du travail qui a été fait. »
Une édition en anglais
Si le livre est publié en français par les Éditions du Septentrion, Danielle Dufresne voulait faire porter le message en anglais également. « Un jour, un ami de mon fils a vu le livre et lui a demandé s’il était disponible en anglais parce que le message était tout aussi important. Les traducteurs professionnels demandaient jusqu’à 15 000 $ pour le faire traduire. Je n’avais pas les moyens.
« Je me suis tournée vers le service de traduction de l’Université Laval. Une professeur m’a répondu en disant qu’elle avait une étudiante en maîtrise qui était militaire qui était potentiellement intéressée. Et c’est ce qui est arrivé. Elle a fait son dernier travail de maîtrise sur la traduction de ce document.
« Ensuite, il a fallu trouver un éditeur. Je naviguais sur une page Facebook, j’ai demandé un renseignement pour un autre roman que j’ai écrit et que je voulais faire traduire en espagnol. Et là on me parle de Pierre Turcotte Editor qui édite en français, en espagnol et en anglais! Forcément, j’ai le déclic. Et c’est cette maison d’édition qui a publié le livre. »