Pour que l’Agence canadienne de l’eau puisse devenir une agence autonome et indépendante, le projet de loi C-59, Loi d’exécution de l’énoncé économique de l’automne 2023, doit tout d’abord être adopté. Et c’est en voie d’être le cas comme le confirme, Terry Duguid, député fédéral libéral pour Winnipeg-Sud et conseiller spécial de l’eau.
« L’Agence canadienne de l’eau existe en tant que direction générale au sein d’Environnement et Changement climatique Canada. Cet énoncé devrait donc être achevé et passer par le processus parlementaire au cours des prochaines semaines. Ce sera donc officiel dans les prochaines semaines. »
Pour autant, du travail est déjà à l’œuvre pour l’officialisation à l’automne prochain. En effet, sur les 215 membres du personnel nécessaire, près de la moitié a déjà été embauchée. Les locaux se trouveront au centre-ville avec Environnement et Changement climatique Canada.
C’est une grande fierté pour Terry Duguid d’avoir une telle agence à l’extérieur de la capitale nationale. Il souligne que, pour lui, le choix de Winnipeg allait de soi.
« Le Manitoba possède l’un des plus grands lacs du monde, le lac Winnipeg. Nous sommes au confluent de deux rivières. Le Manitoba compte 100 000 lacs. Et nous sommes confrontés à tous les problèmes liés à l’eau auxquels la nation et le monde entier sont confrontés. Nous avons des inondations. Nous avons la sécheresse. Nous avons la pollution dans le lac Winnipeg, la pollution par les nutriments qui provoque la prolifération des algues. Nous sommes donc un microcosme parfait pour l’Agence canadienne de l’eau. »
Des partenaires de choix
Le conseiller spécial de l’eau souligne aussi que Winnipeg permet aussi des partenariats avec des organismes qui s’intéressent à la préservation de l’eau comme le Freshwater Institute de l’Université du Manitoba ou IISD-Experimental Lakes Area.
Dimple Roy, directrice de la gestion de l’eau pour l’organisme mondial, abonde dans le sens de l’élu fédéral. « Nous pensons qu’une Agence canadienne de l’eau montre que la préservation de l’eau est une question importante pour le Canada.
« Experimental Lakes Area est une installation scientifique de réputation mondiale en matière d’eau douce. Nous sommes uniques en ce sens que nous avons la possibilité de mener des recherches sur l’ensemble de l’écosystème de 58 petits lacs. Par le passé, cette recherche scientifique a permis d’éclairer la politique publique canadienne sur des sujets tels que l’élimination du phosphore, des phosphates dans les détergents. »
Le Canada abrite près de 25 % des réserves d’eau douce du monde entier, il est donc essentiel de se préoccuper de sa préservation comme le souligne Dimple Roy. « Il nous faut une meilleure coordination. Nous sommes riches en eau et pourtant nous devons relever de nombreux défis liés à l’eau. Nous avons des problèmes de qualité de l’eau, une grande variabilité dans la quantité d’eau dont nous disposons. Je pense donc qu’il faut coordonner les agences qui effectuent toutes les différentes tâches liées à l’eau, dans toutes les zones géographiques. »
Une loi à moderniser
Une autre tâche sur laquelle devra se pencher l’Agence canadienne de l’eau est la modernisation de la Loi sur les ressources en eau du Canada. Terry Duguid explique alors : « la loi a été introduite en 1970 par Pierre Elliott Trudeau. Elle est restée essentiellement inchangée depuis plus de 50 ans. Le changement climatique et les droits des populations autochtones n’ont pas été pris en compte ou mentionnés dans la Loi.
« Nous allons donc la moderniser en mettant l’accent sur ces enjeux. C’est pourquoi l’Agence dirige actuellement des consultations d’engagement avec les Peuples autochtones ainsi qu’avec les Provinces, les Territoires et les Municipalités. »
Une modernisation plus qu’attendue par des organismes comme IISD-Experimental Lakes Area. « La Loi est très obsolète. Elle ne reflète pas notre réalité actuelle. Il est urgent de la moderniser. La santé aquatique et la biodiversité qui existent dans notre système d’eau sont fondamentales pour la sécurité alimentaire, pour la santé, elles touchent à tous les aspects de notre bien-être. »
Outre cette loi à moderniser, l’Agence aura aussi la charge du plan d’action pour l’eau douce, Terry Duguid pointe que « l’Agence aura la responsabilité d’un fonds de 650 millions $ sur 10 ans pour des actions sur le terrain dans nos bassins hydrographiques. Nous avons trop souvent tenu pour acquise la présence d’eau douce autour de nous. Mais le gouvernement veut être proactif dans la préservation et l’Agence sera le principal protecteur de l’eau, en collaboration avec d’autres partenaires ».