C’est le cas de la Municipalité de Sainte-Anne, qui a adopté en troisième et dernière lecture le 3M le 12 juin. La voilà officiellement bilingue et membre du groupe de l’AMBM.
L’Association des municipalités bilingues du Manitoba (AMBM) compte désormais un 16e membre. En adoptant le modèle de maturité municipal (3M), la Municipalité de Sainte-Anne s’engage à offrir des services dans les deux langues officielles du pays, la condition pour rejoindre l’AMBM.
Son préfet, Richard Pelletier, souligne l’intérêt d’une telle initiative. « C’est vraiment excitant de se joindre à l’AMBM. Sainte-Anne est une municipalité avec beaucoup de francophones. Plusieurs préfets dans le passé ont tenté de se joindre à l’AMBM. Pour toutes sortes de raisons, ça n’a jamais vraiment fonctionné. Parce que, parfois, le conseil municipal n’était pas prêt. Mais aujourd’hui, c’est fait! »
Nouvel élan
Justin Johnson, chef de la direction de l’AMBM, est encouragé par cette nouvelle membriété. « Depuis la reconnaissance par la Province du modèle de maturité municipale, le 3M, on constate un nouvel élan et une volonté de la part des municipalités de s’engager plus concrètement à contribuer au développement de leur communauté francophone et bilingue.
« Et c’est le cas de la Municipalité rurale de Sainte-Anne qui a adopté son règlement municipal en matière de prestations de services dans les deux langues officielles. »
C’est par la volonté des actuels conseillers municipaux que le dossier est revenu sur le devant de la scène. Sur sept élus, quatre conseillers sont aptes à tenir une conversation en français, comme le précise Richard Pelletier.
« Les trois conseillers anglophones reconnaissent l’importance du français et plus largement du bilinguisme dans la municipalité. Ils ont donc appuyé la motion d’adopter le 3M et par conséquent de rejoindre l’AMBM. »
Des avantages
Richard Pelletier y voit plusieurs avantages. « Nous voulons être reconnus comme un ordre de gouvernement qui agit pour le français en situation minoritaire. L’AMBM va pouvoir nous aider à porter cette voix. Car désormais nous faisons partie d’un plus gros groupe qui défend les intérêts des francophones au niveau municipal. Je pense que nous aurons plus d’impact auprès du gouvernement provincial et du Fédéral pour pouvoir continuer à offrir des services en français. »
Justin Johnson est sensible à l’ambition affichée par la Municipalité de Sainte-Anne. « C’est un ordre de gouvernement qui s’engage, tout comme le font les deux autres ordres de gouvernements, provincial et fédéral. Avec un plus grand nombre de membres, la force de frappe de l’AMBM se renforce pour pouvoir organiser des partenariats avec les trois ordres de gouvernements. Ce n’est que positif. Donc on est super heureux de compter parmi nous la MR de Sainte-Anne. »
D’après le recensement de Statistique Canada de 2021, la municipalité comptait 5 580 résidents, dont 1 275 avaient des connaissances en français. C’est-à-dire que 1 275 personnes avaient la capacité de soutenir une conversation en français. En 2016, la population était de 5 005 résidents et le nombre de personnes capables de soutenir une conversation en français était de 1 210.
Grande croissance
Richard Pelletier note que « la municipalité de Sainte-Anne connaît une très grande croissance. J’ai le privilège d’avoir un commerce à Sainte-Anne et je rencontre beaucoup de personnes qui choisissent de s’installer ici et qui parlent français. Certains ont vécu à Toronto, Vancouver, ailleurs encore, et ils viennent s’installer au Manitoba parce que parfois ils ont des enfants ici. Ils choisissent le rural pour le calme que ça peut offrir. »
Dans ce mouvement vers le rural, le fait que la Ville de Sainte-Anne fasse partie de l’initiative des Communautés francophones accueillantes du Réseau de l’immigration francophone du Manitoba (RIF MB) mérite d’être souligné. Richard Pelletier indique « qu’effectivement, plusieurs de nos résidents sont des immigrants d’autres pays. Donc notre engagement envers les langues officielles vient renforcer tout le contexte d’immigration et d’agrandissement de l’espace francophone.
« Nous sommes tellement fiers de notre francophonie et de pouvoir accueillir des gens de partout qui viennent renforcer notre communauté. »
Mesurer les progrès
Concrètement, l’adoption du 3M signifie une offre active de services en français dans la municipalité, comme l’explique Richard Pelletier. « Nous allons devoir nous assurer d’offrir des services en français à ceux et celles qui le demandent, s’assurer qu’il y a du personnel capable d’offrir ces services aussi. Nous avons déjà beaucoup de personnel bilingue. Notre engagement devient juste plus formel. Être dans un groupe plus important devrait permettre de soutenir nos efforts dans ce sens. »
Justin Johnson confirme les propos du préfet. « La Municipalité aura un outil en vue de mesurer son engagement, de mesurer ses progrès en matière linguistique, et pourra également quanti-fier ses investissements, avec l’appui de l’AMBM.
« La direction générale de la Municipalité est responsable de la mise en oeuvre de ce règlement. L’AMBM joue un rôle d’appui à la fois financier et de ressources humaines pour accompagner ces premières étapes et établir les priorités. »
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté