Le document se projette en 2050 et entend réinventer le système de transport dans la capitale manitobaine. Le plan met la priorité, entre autres, sur l’utilisation de l’espace public et l’amélioration des transports publics. L’objectif étant de remodeler les voies de déplacements dans la ville pour encourager les Winnipegois à s’éloigner de leurs véhicules.
Pour Michel Durand-Wood, observateur de la scène politique municipale et citoyen engagé, le plan va dans la bonne direction. Il nuance toutefois sa réponse en pointant du doigt un « gros bémol ».
« Le plan nous pousse à repenser la façon dont on se déplace à Winnipeg, afin que d’ici 2050, 50 % des déplacements se fassent autrement qu’en voiture. À l’heure actuelle, seulement 20 % des trajets sont faits à l’aide de transport actif et transport public. Donc 80 % se font en voiture. Il est à noter que l’objectif de 50 % avait été fixé par la ville en 2018 dans son plan d’action climatique… qui visait une transition par l’année 2030. Vu que la ville n’a fait aucun progrès depuis ce temps, ce plan repousse alors à 2050 l’atteinte de cet objectif. »
Une motivation financière
Michelle Duran-Wood souligne d’ailleurs que les motivations derrière cet objectif sont nombreuses. Il y a la préoccupation pour l’environnement, l’égalité socio-économique, mais la raison principale, est financière.
« Les coûts de maintien et d’opération d’une ville où tout le monde se déplace en voiture sont astronomiques, explique Michelle Durand-Wood. On n’a pas de choix que de transitionner une plus grande part de trajets vers des modes de transport plus durables (et plus économiques!) si on veut être en mesure de maintenir même nos routes en bon état, sans parler de nos autres infrastructures, comme des piscines par exemple. Ce n’est pas un cas qui est propre à Winnipeg, c’est partout de même. »
Quoi qu’il en soit, pour motiver la population à se tourner vers différents modes de transport, il faut que ces derniers soient plus facilement accessibles et accommodants. « Il faut donc que la ville se mette à prioriser ces modes durables dans ses investissements et ses politiques de transport et d’aménagement urbain, plutôt que de continuer à prioriser les déplacements en voiture. »
Une incohérence sur l’expansion routière
Pour finir, Michel Durand-Wood relève une incohérence dans le rapport qu’il détaille ici : « il y a un axe proposé qui ne concorde vraiment pas avec les autres : l’expansion routière. Sur un total de 4,5 milliards $ d’investissements d’ici 2050, le plan prévoit d’en dépenser près de 2 milliards $ pour continuer à faire de l’expansion routière. C’est comme si le rapport avait été rédigé, et que quelqu’un était passé derrière pour y rajouter l’expansion routière comme axe afin de justifier ce que le conseil se prépare à faire de toute façon. »
Puisque la raison d’être de ce plan est financière, cet axe d’expansion vient à contre-courant du reste de la stratégie. « Non seulement ça semble redonner la priorité à l’utilisation de la voiture (ce qui est contradictoire avec l’objectif du plan), ça dévalorise les investissements dans les autres modes de transport. Enfin, le coût d’expansion routière est tellement exorbitant qu’on risque de ne plus rien avoir pour investir dans d’autres modes. »