Mieux que le « D» de 2022. Néanmoins un résultat jugé « indésirable » par l’organisme, qui appelle à plus d’action.

Les notes de ce bulletin, créé en 2010, ont toujours oscillé entre F et D+. Le score global de cette année est de D+, car 39 % des enfants et des jeunes (de 5 à 17 ans) ont respecté la recommandation des Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures : accumuler chaque jour 60 minutes d’activité physique d’intensité moyenne à élevée.

Une recommandation importante, même si avant tout l’essentiel est d’être actif, comme le rappelle le Dr Jean-Philippe Chaput, l’un des experts qui a participé au Comité de recherche du Bulletin.

« Il y a plusieurs freins à l’activité physique : le manque de temps, de motivation ou l’aspect financier. En matière de santé publique, il faut mettre l’accent sur des politiques qui font en sorte que pour les gens le choix sain devient plus facile et plus sécuritaire.

« Lorsqu’on parle des jeunes, le milieu scolaire doit vraiment être impliqué. Les jeunes y passent environ huit heures par jour. C’est un lieu qu’on peut bien contrôler, qui est le même pour les personnes plus riches ou plus pauvres. On peut avoir plus de cours d’éducation physique, de meilleure qualité, avoir des stations debout. On met par exemple des chaises partout, mais ce n’est pas obligatoire.

« Chaque mouvement compte. Chaque pas additionnel qu’on fait durant notre journée, c’est bon pour notre santé. Les directives disent un minimum de 60 minutes par jour d’activité physique, mais ça ne veut pas dire que 59 minutes, ce n’est pas bon. C’est un continuum. Six minutes seront mieux que cinq, et cinq mieux que quatre. Chaque progrès vers ce seuil de 60 minutes sera bon pour notre santé physique et mentale. »

Différences entre filles et garçons

Au lieu de viser les comportements humains, souvent très ancrés et difficiles à changer, le Dr Jean-Philippe Chaput appelle plutôt à travailler sur les politiques de santé publique.

Si le Bulletin 2024 ne révèle pas de grandes disparités entre les provinces et les territoires, en revanche des différences existent sur le plan de l’âge et du sexe. « Les filles bougent moins que les garçons. 31 % des filles respectent les directives d’une heure d’activité par jour, contre 57 % chez les garçons. Bien sûr pendant la pandémie tous les niveaux avaient baissé. Puis ils ont remonté.

« Cet effet rebond s’observe chez les garçons, mais pas chez les filles. C’est comme si des filles inscrites à des sports avant la COVID ne se sont pas réinscrites. On a du chemin à faire. Il faut prioriser les individus les plus à risque. C’est-à-dire les plus démunis socio-économiquement et les adolescentes dans la tranche d’âge 14 à 17 ans. »

Sports en français au Manitoba travaille pour encourager l’activité des jeunes en offrant plusieurs programmes ciblés. L’an passé, l’organisme a relancé le Club sport : Escrime en le réservant avant tout aux filles de 6 à 11 ans.

Chantal Young, sa directrice générale, remarque : « C’est important d’avoir des modèles de sportives, des mamans actives aussi. Il faut aussi que le mouvement soit perçu de manière positive, au lieu que ce soit juste pour de la perte de poids, par exemple. Il y a tellement de pressions sur les filles à ce niveau-là. Je l’ai ressenti et je le constate encore beaucoup, notamment sur les réseaux sociaux. »

Un effet Jeux olympiques?

Question : À quelques semaines de grands évènements sportifs comme les Jeux olympiques à Paris (ou encore en 2026 la Coupe du monde de soccer, qui aura lieu en partie au Canada), est-ce que ces rassemblements pourraient avoir un impact sur l’activité physique des jeunes, voire sur la population en général?

Chantal Young se veut optimiste : « C’est sûr que ça nous donne un peu de matériel à partager. Dans notre planification des camps sport et plein air, on met en place des activités autour des Jeux olympiques pour présenter certains jeux aux jeunes. On prépare aussi des livres pour les participants et participantes dans lesquels des pages sont consacrées aux Jeux olympiques. »

Le Dr Jean-Philippe Chaput imagine lui aussi que ces évènements sportifs puissent susciter une certaine émulation dans la société, bien qu’il ne s’attende guère à de grands impacts concrets.

« Plusieurs études ont déjà été faites sur le legs des Jeux olympiques. Ces manifestations ne semblent pas nécessairement changer le niveau d’activité physique de la population. On remarque que les gens déjà actifs deviennent un peu plus actifs, mais que dans l’ensemble ça ne produit pas une grande différence en matière de santé publique.

« En revanche, les vedettes sportives sont souvent très suivies par un public jeune sur les réseaux sociaux. Si elles passent de bons messages, ça peut aider à la cause. »