Des infrastructures qui leur permettent de répondre aux différentes préoccupations de leurs résidents.

D’entrée de jeu, Justin Johnson, le chef de la direction de l’Association des municipalités bilingues du Manitoba, met la table. « Je vais énoncer un fait dont les gens doivent avoir conscience : 60 % des infrastructures locales sont maintenues par les Municipalités canadiennes. Cette réalité s’applique à toutes les municipalités du Manitoba, y compris nos municipalités bilingues. »

Lorsque Justin Johnson parle d’infrastructures, il pense aussi bien aux centres récréatifs qu’aux chemins, au logement ou encore aux canalisations. Il insiste sur le fait que « des infrastructures modernes sont nécessaires pour que les collectivités bilingues demeurent compétitives, attrayantes et accueillantes pour un plus grand nombre de familles.

Justin Johnson.
Justin Johnson. (photo : Marta Guerrero)

« Peu importe le type d’infrastructures, qu’elles concernent les eaux usées, les loisirs, les besoins en connectivité, et d’autres encore, elles sont un indicateur critique et tangible de la vitalité et de la prospérité d’une municipalité au rural. »

La Municipalité rurale de Sainte-Anne, qui compte les villages de Giroux, de Greenland, de La Coulée, de Richer et de Saint-Raymond, constitue un cas exemplaire. Son préfet, Richard Pelletier, a observé une évolution dans le comportement de ses résidents.

« Avec la COVID-19, il y a eu un changement de paradigme. Les gens n’ont plus forcément envie d’être en ville. Beaucoup de jeunes familles veulent venir s’installer au rural. Elles ont envie d’être proches de la nature. Ces dernières années, on a beaucoup investi dans les parcs. Avant, ces endroits étaient souvent déserts. Maintenant, on constate un retour d’activité dans les parcs. C’est vraiment beau de voir qu’ils sont utilisés! »

Défis

Pour autant, il est parfois difficile pour une municipalité de se doter d’infrastructures. Richard Pelletier soulève quelques préoccupations propres à Sainte-Anne. « Il y a une couple de défis par chez nous. Notre hôpital n’est pas désigné régional, alors il y a toutes sortes de problèmes qui se posent, comme la rétention du personnel, l’attractivité. Nous travaillons à obtenir cette désignation.

« Il y avait aussi un projet d’école d’arts et métiers à Sainte-Anne. C’est un dossier qui a été mis sur la glace. Ce sont deux gros projets qui pourraient apporter beaucoup de vitalité à notre municipalité. »

Si, pour la Municipalité de Sainte-Anne, la question financière n’est pas forcément centrale, d’autres connaissent des soucis d’accès à du financement. Justin Johnson, dont l’organisme regroupe 16 municipalités, précise : « La question du financement des infrastructures publiques est critique. Le modèle de financement repose sur les différents ordres de gouvernement.

« Environ huit à dix sous d’un dollar collecté en impôts par le Fédéral sont reçus par les municipalités pour renouveler et développer des infrastructures. Ce modèle est désuet. La Fédération canadienne des municipalités demande au Fédéral un cadre de croissance financier modernisé pour répondre aux besoins en matière d’infrastructures. Sinon, nous ne miserons pas sur la pérennité de nos collectivités. »

Des solutions

Pour sa part, la Municipalité de Sainte-Anne a décidé d’être proactive en offrant des solutions à certains de ses résidents en matière de logements locatifs. Richard Pelletier explique : « Plusieurs villages sont confrontés au manque de logements à louer.

« Notre vision au conseil municipal est d’aider les familles et les personnes à s’installer dans notre municipalité. Nous avons donc modifié un de nos règlements administratifs. Désormais, si tu as une maison sur un terrain avec minimum deux acres, tu peux construire une autre maison sur ton terrain. Cette nouvelle maison peut accommoder les enfants qui ont le goût de vivre proche de leurs parents pour s’occuper d’eux. Ou la maison peut servir pour louer à de nouveaux résidents. »

Richard Pelletier souligne aussi la créativité de certains résidents pour parvenir à attirer du monde chez eux. « Richer, c’est un village dans la municipalité de Sainte-Anne. Le Richer Community Club s’est organisé pour créer un parc pour leur rodéo annuel qui a lieu au mois d’août. Ce parc vaut maintenant au-dessus d’un million $ et il attire environ 12 000 personnes par an.

« C’est un exemple qui montre que si on investit dans des infrastructures de qualité, il y aura forcément de l’attractivité. »

À long terme

Justin Johnson rappelle aussi que « la gestion des actifs municipaux doit se faire avec une vision à long terme pour maintenir une infrastructure aussi longtemps que possible. Une planification à long terme donne aussi l’avantage de savoir quand il est temps de la remplacer. C’est un enjeu essentiel d’avoir une gestion saine des infrastructures dans l’intérêt du bien public. »

Pour assumer cette saine gestion, il arrive donc à plusieurs municipalités de décider d’augmenter les impôts locaux. Richard Pelletier résume la question de cette manière : « Les gens devraient faire le calcul entre l’augmentation de la taxe foncière et l’argent de l’essence qu’ils mettent dans leurs voitures pour faire des activités à Winnipeg. Si on aboutit avec plus d’infrastructures en meilleur état, alors ça vaut le coup d’augmenter les taxes. »

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté