La nouvelle politique s’avère un argument de taille lorsqu’il est question d’infrastructures pour des communautés de langue officielle en situation minoritaire.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, Justin Johnson chef de la direction de l’Association des municipalités bilingues du Manitoba (AMBM), souhaite rappeler la pertinence de la politique du 3M. « Le 3M agit effectivement comme un cadre qui démontre, noir sur blanc, l’engagement municipal en matière de langues officielles.

« Cet engagement est reconnu par le Manitoba en vertu de la Loi sur les municipalités. C’est de notre point de vue une force de frappe qui offre une crédibilité concrète à un engagement politique local envers le bilinguisme. Cette ouverture de principe nous permet de bâtir des collaborations solides avec le gouvernement fédéral. »

Une force supplémentaire devant le Fédéral

Pas étonnant donc que plusieurs municipalités ont été motivées à adopter le cadre 3M. À l’exemple du Village de Saint-Pierre-Jolys. Son maire, Raymond Maynard, espère que « dorénavant le gouvernement fédéral reconnaîtra que les petites municipalités sont aussi importantes que les grosses villes. Et que notre reconnaissance du 3M nous permettra d’accéder à du financement fédéral supplémentaire. Car pour des municipalités plus petites, c’est souvent plus difficile de demander aux résidents de payer davantage lorsqu’on veut développer de nouvelles infrastructures. »

Justin Johnson assure que la nouvelle donne devrait avoir une certaine portée aux yeux du gouvernement fédéral. « Si l’objectif du Fédéral demeure de contribuer au développement et à la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire par l’entremise de programmes d’infrastructures, eh bien lorsqu’il sélectionne des projets porteurs en matière d’infrastructures, il peut dorénavant compter sur les municipalités qui ont adopté un cadre décrivant leur engagement. »

De plus, le 3M a développé des indicateurs qui permettent à chaque municipalité d’évaluer l’impact de certains projets. Justin Johnson précise : « Dans son orientation stratégique, le modèle 3M énumère des indicateurs au niveau infrastructures publiques et du développement économique qui ont des impacts directs sur leurs territoires. Ces indicateurs sont une clé pour évaluer la mise en place du 3M.

« La force d’un modèle standardisé, c’est de nous permettre d’avancer d’un pas ferme et légitime dans le développement de nos communautés de langue officielle en situation minoritaire. »

Engagement politique

Parce qu’évidemment, vivre dans un contexte de langue officielle en situation minoritaire demande un engagement politique, comme le reconnaît volontiers Raymond Maynard. « Avoir des infrastructures qui permettent aux résidents francophones de se rencontrer pour échanger, pour faire des activités en français, c’est vraiment précieux pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire.

« Comme municipalité bilingue, nos coûts sont plus élevés. Nous devons traduire nos documents, notre signalétique doit toujours être bilingue. Vraiment, il y a beaucoup de logistique à prendre en compte. Les villes anglophones n’ont pas à penser à ces aspects-là.

« Ce sont peut-être pour certains des détails. Mais nous avons pris des engagements auprès des résidents, donc nous ne pouvons pas décider d’aller vers le plus simple. Être bilingue au niveau municipal, c’est accepter de prendre un engagement politique. »

Justin Johnson résume toute la portée du 3M de cette manière : « Sans trop simplifier, le cadre 3M existe d’abord et avant tout pour bâtir des collectivités francophones bilingues plus fortes, vibrantes, prospères et durables. Quelle meilleure approche que de traiter avec l’ordre du gouvernement le plus proche des citoyens? »

Pour Raymond Maynard, il est certain que les municipalités peuvent jouer un rôle clé dans l’épanouissement des résidents. « À Saint-Pierre-Jolys, notre identité et notre culture sont liées à la langue française. Cet engagement envers le français nous permet non seulement de garder nos résidents, mais il nous aide aussi à attirer de nouveaux résidents à s’installer dans le village. »

L’élu illustre ce mouvement vertueux par un exemple concret. « Au fur et à mesure que la population vieillit, il faut agrandir l’hôpital. Il s’agit d’un investissement en infrastructure qui doit être pensé avec une lentille francophone, parce que plusieurs de nos résidents veulent vieillir en français. »

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté