Marie-Ève Fontaine est une artiste de théâtre née et élevée dans le quartier de Saint-Boniface. Elle a fréquenté l’École Précieux-Sang et obtenu son diplôme au Collège Louis-Riel en 2009. Tout au long de ses années au secondaire, elle a été très impliquée dans des évènements artistiques et culturels de la francophonie.
Exemples? Ses participations à des ligues d’improvisation (avec son frère, Louis-Félix Fontaine), au Théâtre Cercle Molière (TCM), à la radio et en journalisme. Son engagement dans la francophonie manitobaine a largement été influencé par ses parents, Jean Fontaine et Natalie Labossière.
Marie-Ève Fontaine témoigne : « Je dois mes premières expériences professionnelles à ma mère. Elle m’emmenait faire des ateliers dans les écoles et m’a enseigné des techniques d’animation qui se sont révélées très utiles dans ma vie professionnelle. »
Natalie Labossière est au demeurant une artiste multidisciplinaire reconnue en sa qualité de marionnettiste pédagogue et de coautrice (avec Janine Tougas) de la série de livres pour enfants Paul et Suzanne. Pour sa part, Jean Fontaine, fondateur de la Ligue d’Improvisation du Manitoba (la LIM), a également travaillé comme animateur à la radio et comme producteur d’émissions.
« Mon père, en tant que producteur, m’a enseigné des outils plutôt du côté entrepreneurial. Il m’a appris l’importance de se vendre en tant qu’artiste pigiste.
Mes parents ont souvent entrepris d’écrire et de mettre en scène des spectacles avec leurs amis. J’ai pu assister dans les coulisses, ou parfois même aider avec les productions. C’est grâce à ces expériences que j’ai commencé à m’intéresser au théâtre. »
Plusieurs opportunités
Conclusion? « La pomme ne tombe pas loin de l’arbre », fait remarquer l’artiste, qui a débuté sa carrière théâtrale à l’Université d’Ottawa à l’automne de 2009, dans le but de poursuivre ses études de théâtre en français. Cette décision s’est avérée prometteuse pour la jeune artiste.
« J’ai opté de me consacrer au théâtre sans même penser que ça me mènerait à une carrière professionnelle. Mais lorsque je suis arrivée à Ottawa, j’ai reçu des offres intéressantes pour des productions professionnelles avant même de terminer mes études. Il y avait plusieurs opportunités comme comédienne en français. » Elle a obtenu son baccalauréat en théâtre de l’Université d’Ottawa en 2014.
Bien que la plupart de ses activités artistiques se soient déroulées dans la capitale fédérale, elle revient souvent dans sa ville natale, afin de partager ses passions en donnant des ateliers dans les écoles ou en montant des spectacles avec le TCM.
L’été 2023, elle a présenté sa pièce Cet été qui chantait au TCM, inspirée du livre éponyme de l’autrice Gabrielle Roy. Marie-Ève Fontaine se réjouit de l’accueil réservé à cette pièce.
« J’ai travaillé sur ce projet pendant six ans. J’ai beaucoup appris dans le processus de création. La pièce a été un grand succès auprès du public du TCM, et nous l’avons ensuite présenté à Ottawa pour le festival Zone Théâtrale en septembre 2023.
« L’année prochaine, nous ferons une tournée dans tout le pays. Cette pièce de théâtre est l’une de mes expériences artistiques les plus précieuses. La majeure partie du travail de création s’est déroulée au Manitoba. Mais les membres de notre équipe viennent de partout au Canada : du Québec, du Manitoba, de Yellowknife et d’Ottawa. Ma mère joue avec moi sur scène. L’harmoniciste Gérald Laroche joue aussi avec nous. »
Dans un esprit de reconnaissance, la comédienne exprime sa gratitude à l’endroit de soutiens clé.
« Geneviève Pelletier, la directrice artistique du TCM, est celle qui m’a encouragée à monter le projet. Elle a grandement contribué à ma carrière. Auparavant, en plus de mes parents, le dramaturge Marc Prescott a été l’un de mes premiers metteurs en scène. Il a également eu beaucoup d’influence sur moi. Dans la région d’Ottawa, il y a Joel Bedos, qui a été pour moi un professeur, un mentor et un metteur en scène de grande importance. »
De la scène à l’écran
Outre le théâtre, Marie-Ève Fontaine paraît aussi au petit écran, notamment dans la série sur Gabrielle Roy. Elle a interprété le rôle de Clémence dans Le Monde de Gabrielle Roy de Renée Blanchar à l’été 2021 et 2023 pour la première et la deuxième saison de la série.
« J’ai été ravie de jouer dans la série. Car comme dit, Gabrielle Roy a été un personnage très important dans mon parcours artistique. D’ailleurs mon premier emploi, je l’ai eu à la Maison Gabrielle-Roy. »
Marie-Ève Fontaine revient souvent à Winnipeg. « Il y a beaucoup de choses dont je m’ennuie quand je ne suis pas au Manitoba. Friendly Manitoba, la devise sur les plaques d’immatriculation, est juste. On dirait que c’est plus facile de se connecter aux gens d’ici. Il suffit d’un simple bonjour le matin donné à des personnes qu’on ne connaît pas forcément. Ce genre d’interactions simples ne se produit pas souvent dans les plus grandes villes. On dirait que les gens sont trop pressés. »
« J’apprécie aussi le fait de constamment croiser des connaissances à Saint-Boniface. J’ai l’impression de faire partie d’une communauté. Ce qui me manque le plus, c’est de sentir cette connexion historique avec le territoire. J’ai toujours apprécié notre quartier, l’Esplanade Riel.
« J’aime penser à l’histoire des Métis et des Voyageurs ou à celle de la Cathédrale Saint-Boniface qui a brûlé. Je trouve que le Manitoba est tellement riche d’histoires francophones, de peuples autochtones et de résistance. C’est une province spéciale, avec une culture unique. »