Pour la communauté ghanéenne, cet évènement très attendu est plus qu’une simple célébration de la culture, c’est une façon de créer un héritage pour les générations à venir.

Le Folklorama, qui fait partie intégrante de la scène culturelle de Winnipeg depuis plus de 50 ans, est un évènement annuel de deux semaines au mois d’août qui célèbre les patrimoines culturels des communautés manitobaines. 

Cette année, le pavillon du Ghana a ouvert ses portes au public, une initiative qui était en préparation depuis avant la pandémie.

Maggie Yeboah, coprésidente du pavillon du Ghana, a lancé l’idée il y a environ cinq ans. En tant qu’ancienne présidente et membre actuelle de la Ghanaian Union of Manitoba Inc, elle fait partie intégrante de la communauté ghanéenne de Winnipeg depuis le début des années 1980. 

Maggie Yeboah fait part de l’histoire des Ghanéens au Manitoba qui a influencé leur participation au festival. « Les Ghanéens ont commencé à immigrer au Manitoba au début des années 1970, principalement en tant qu’étudiants. 

« Au fil du temps, avec l’arrivée de leurs familles, la communauté a commencé à s’agrandir. Puis, il y a eu la création de la Ghana Association, un groupe culturel composé principalement d’étudiants et, en 1982, la Ghanaian Union of Manitoba Inc. a été officiellement constituée et enregistrée auprès des autorités. »

Une envolée pour le Ghana

Bien que cette année marque le début de son propre pavillon, le Ghana fait partie du Folklorama depuis 1997. D’abord inscrit avec l’African Communities of Manitoba Inc. (ACOMI), le Ghana prenait part au pavillon africain commun avec d’autres pays comme le Congo, l’Ouganda et le Nigeria. « Même si nous nous sommes séparés du pavillon Folklorama d’ACOMI, la Ghanaian Union of Manitoba Inc en fait toujours partie », explique Maggie Yeboah, qui est actuellement la directrice générale d’ACOMI.

Au fil du temps, l’implication des membres ghanéens a évolué, ce qui a conduit à la création de son propre pavillon pour mieux mettre en valeur la culture ghanéenne.

Aksoua Bonsu, co-coordinatrice du pavillon ghanéen de cette année, ajoute que « l’une des principales motivations pour créer le pavillon ghanéen distinct était la croissance de la communauté dans la province ».

Maggie Yeobah souligne qu’au cours des 15 dernières années, la population ghanéenne du Manitoba a augmenté en raison de l’afflux de réfugiés. « La communauté comptait près de 1 000 personnes il y a 15 ans, environ 1 200 il y a dix ans, et, aujourd’hui, on compte environ 3 000 personnes. 

« Nous ne sommes pas une si grande communauté par rapport à d’autres pavillons. Nous sommes très fiers d’avoir réussi à nous rassembler. »

Un héritage pour la communauté

Aksoua Bonsu mentionne que Ghanaian Union of Manitoba Inc. a été « partie intégrante du succès du pavillon du Ghana » en lui apportant un soutien essentiel. Le succès du pavillon repose également sur le soutien des membres que ce soit par des fonds et par leur temps. « Le bénévolat est l’un des principaux moyens utilisés par notre communauté pour mener à bien ce projet. Des dizaines d’entre eux nous ont aidé tous les soirs », raconte-t-elle 

Au sujet des contributions financières, Maggie Yeboah souligne le soutien de certains aînés. « Une des familles de la communauté a versé 10 000 $ pour soutenir le projet ». 

Steven Tackie, l’un des artistes du pavillon, explique que plusieurs membres jonglent avec plusieurs rôles. « Par exemple, la même personne qui était sur scène a servi également de la nourriture, a tenu le petit marché ou s’est occupée d’enfants. »

Pour leur premier pavillon, le thème choisi a été La vie au Ghana. Une occasion de mêler spectacles traditionnels et contemporains. Steven Tackie affirme que « les jeunes artistes apprennent de leurs aînés, apportant leurs styles et perspectives uniques, ce qui souligne la nature dynamique et croissante de l’expression culturelle ghanéenne. » 

Avec sa sœur Angela Tackie, ils ont participé au festival depuis leur enfance. Angela Tackie partage. « J’ai commencé à participer au Folklorama en tant que danseuse à l’âge de 12 ans. Nous avons été le premier groupe de danse de l’Union ghanéenne à y participer. À l’époque, nous ne comprenions pas l’héritage que nous étions en train de créer. Nous voulions simplement nous amuser avec nos amis. On ne pensait pas que 30 ans après, nous danserions encore et que nos enfants danseraient. »

Une histoire qui résonne chez Maggie Yeboah. « Mon fils avait deux ans quand il a commencé à danser. Je participais au festival lorsque j’étais enceinte de lui. Il est aujourd’hui l’un des ambassadeurs adultes et des artistes du pavillon du Ghana.

« C’est un héritage que nous laissons aux générations à venir. Nous sommes loin de chez nous et ils n’ont pas toujours l’occasion de découvrir leur culture. Le pavillon est un moment rassembleur à cet égard. 

« Comme on dit : quand on ne sait pas d’où l’on vient, on ne sait pas où l’on va. »

La préservation culturelle est donc essentielle pour les organisateurs du pavillon. Mais le partage de cette culture avec autrui est un autre aspect important. Aksoua Bonsu relève. « Au début, j’aurais dit que le succès se mesurait au nombre de personnes qui franchissaient les portes. Mais aujourd’hui, cette perspective a changé. La mesure du succès est de voir les gens apprendre des éléments de notre culture. Voir les gens qui ramènent un souvenir ou partagent leur ressenti sur le spectacle, sur la nourriture et le décor, c’est précieux. »