Kamala Harris et ses conseillers ont orchestré une convention démocrate nationale qui a capté l’attention de millions d’Américains la semaine dernière. Organisation impeccable, remplie de surprises plaisantes, de discours passionnés par tout le leadership démocrate sans exception, de musiques et de vedettes choisies pour plaire à toutes les couches de la population et d’envolées oratoires sans arrêt par les personnages les plus populaires du parti, dont les plus mémorables furent celles de Michelle et Barack Obama, Hilary Clinton, Nancy Pelosi et Oprah Winfrey.
Les heures prises soir après soir pour transmettre un message démocrate rafraîchi n’ont jamais semblé interminables, tellement la cadence était serrée et variée. On y a vu la diversité américaine se déferler dans toute sa splendeur, martelant son patriotisme (USA, USA!!), avec des messages souvent personnalisés, touchant notamment à la violence dans les écoles, le carnage causé par les armes à feu et les difficultés encourues par les femmes par rapport aux limitations sur l’avortement. On a même vu des républicains, notamment l’ancien représentant Adam Kinzinger, qui rappela à son parti qu’il n’a pas le monopole sur le patriotisme, et que les démocrates sont tout aussi patriotiques que les républicains.
Cependant le point culminant fut sans contredit le discours de Kamala Harris elle-même, rempli de passion et de compassion, dur comme fer sur les obligations internationales des États-Unis et oui, sans merci sur les dangers que pose la candidature de Donald Trump pour la démocratie américaine. Mais avant tout, on retient l’atmosphère de joie qui dominait la foule, personnifiée par Kamala Harris elle-même et son sourire omniprésent. Quel contraste avec la vision apocalyptique, les insultes et la vitupération qui avait caractérisé la convention républicaine en juillet!
Objectivement donc, le parti s’est maintenant positionné très favorablement face à l’électorat américain, sans parler du fait que ses coffres débordent, ayant cueilli plus de 500 millions $ en quelques semaines seulement.
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Mais les écueils se succéderont à une allure folle au cours des prochaines semaines. D’abord, le troisième candidat Robert F. Kennedy Jr s’est retiré de la course après la convention pour appuyer Donald Trump, posant immédiatement la question : où iront ses millions d’adeptes? Les premiers sondages indiquent que cette tournure d’évènements a bénéficié un peu plus à Donald Trump qu’à Kamala Harris; par contre, les effets positifs de la convention auraient consolidé l’avance de Kamala Harris au niveau national, même après le retrait de Robert F. Kennedy Jr. Elle devancerait maintenant Trump par environ 4 % (1), chiffre qui pourrait augmenter à mesure que les sondages post-convention s’accumulent.
L’arsenal républicain se met en marche dès cette semaine. Donald Trump va multiplier ses grands ralliements, surtout dans les états clés. Une campagne publicitaire républicaine nationale va déferler sur la population très bientôt, soulignant les difficultés économiques que vivent les Américains, notamment l’inflation qui fait toujours ses ravages et incluant sans doute aussi des campagnes de salissage contre Kamala Harris et Tim Walz, à la manière républicaine bien établie depuis plusieurs présidentielles.
Entretemps les Américains, et le monde entier, retiennent leur souffle en attendant le prochain point tournant de la campagne, soit le débat des chefs prévu pour le 10 septembre.
(1) Selon le site Fivethirtyeight.com.