C’est un coup dur porté aux troupes de Justin Trudeau. Dans une vidéo partagée sur ses réseaux sociaux, Jagmeet Singh explique en avoir fini avec l’accord qu’il avait depuis mars 2022 avec le Parti libéral du Canada. « Les libéraux sont trop faibles, égoïstes et soumis aux intérêts des grandes entreprises pour affronter les conservateurs. Mais nous pouvons le faire. Les grandes entreprises et les PDG ont eu des gouvernements à leur service. Maintenant, c’est à votre tour », dit Jagmeet Singh.
Cet accord devait exister jusqu’en juin 2025. Les néo-démocrates s’étaient notamment engagés à soutenir le gouvernement libéral, qui est minoritaire, sur les questions de confiance.
Félix Mathieu, professeur de sciences politiques à l’Université de Winnipeg, voit dans cette décision forte un moyen de plaire à la base militante du NPD. « C’est cette base partisane première du NPD qui demandait que cette alliance soit récusée. Cette entente avait été scellée entre les leaders libéraux et néo-démocrates. Cela avait créé des frustrations, dès le départ, des forces néo-démocrates, notamment celles qui viennent de la gauche du parti et associées aux mouvements syndicaux dans toute sa diversité. »
Se dissocier des critiques émises par les Conservateurs
Le chef conservateur Pierre Poilievre, qui fait la course en tête dans plusieurs sondages d’intention de vote, avait interpellé Jagmeet Singh le 29 août dernier pour lui demander justement de mettre fin à cette coalition. Pierre Poilievre souhaite maintenant qu’un vote de confiance ait lieu, notamment sur le sujet de la taxe carbone. « Dans son annonce aujourd’hui, Singh refuse de dire si le NPD soutiendra, ou non, un vote de confiance pour provoquer une élection sur la taxe carbone à la première occasion », a-t-il notamment écrit après la décision de Jagmeet Singh.
« Cette décision va permettre au NPD de se dissocier des critiques que Pierre Poilievre accole au NPD en parlant de la coalition Libérale/NPD. Le NPD va donc pouvoir répondre avec plus de vigueur et d’authenticité. Et aussi donner une plus grande liberté de parole à ce parti notamment lors des échanges parlementaires sans se faire régulièrement rappeler qu’il est en coalition avec le Parti libéral », souligne Félix Mathieu.
Il est à noter que la fin de l’accord n’envoie pas automatiquement les électeurs aux urnes. C’est majorité des parlementaires qui votent contre le gouvernement dans le cadre d’une mesure de confiance qui peut le faire. Le Nouveau parti démocratique, sur son site web officiel, se dit par ailleurs « prêt pour des élections et qu’un vote de non-confiance serait possible à chaque fois qu’une mesure de confiance serait présentée. »
En marge d’un déplacement à Terre-Neuve-et-Labrador pour annoncer la conclusion d’un accord pour étendre les programmes d’alimentation scolaire dans la province, Justin Trudeau n’a pas voulu commenter. « Je ne vais pas faire de politique aujourd’hui », a-t-il exprimé aux médias présents sur place.