Qui peut oublier le chaos qui a caractérisé ces années, le chambardement de l’ordre international, l’imposition de tarifs punitifs sans raison, l’abolition de l’Aléna, et ainsi de suite. Maintenant, quatre ans plus tard, Donald Trump est :
Un criminel condamné. Trouvé coupable sur 34 chefs d’accusation dans l’état de New York par un juré de ses pairs le 30 mai 2024; en principe il connaîtra sa sentence le 26 novembre, donc après l’élection présidentielle.
Un menteur invétéré. Son mensonge le plus grossier, à savoir qu’il avait gagné les élections présidentielles de 2020, a entraîné une émeute violente au Capitol américain le 6 janvier 2021.
Accusé de nombreux délits, notamment d’avoir emporté illégalement avec lui de nombreux documents après son terme à la présidence, et de s’être ingéré dans le comptage des votes en Géorgie en 2020. Ces accusations demeurent devant les tribunaux américains.
Un démagogue dont les discours électoraux sont remplis de vitupération, de rage et d’insultes grossières à l’endroit de ses adversaires et même à des groupes importants de la société américaine, notamment les militaires et les travailleurs syndiqués.
Ouvertement misogyne, sans regret; et surtout Autoritaire :
Son dédain et sa haine des institutions américaines telles qu’elles existent présentement et telles qu’elles ont évolué depuis 250 ans est partagé par un petit groupe de milliardaires et d’intellectuels qui oeuvrent depuis plus de deux ans à un vaste projet de « réforme » ou de « transformation » qui est maintenant prêt à exécuter dès l’accession au pouvoir de Trump, advenant sa victoire. Connu sous le nom de Project 2025 (1), le projet est parrainé par l’organisme de droite HeritageFoundation. On y trouve un programme détaillé visant à subvertir l’ensemble de l’appareil administratif fédéral américain pour le rendre imputable, dans tous ses racoins, directement au président. Somme toute, un agenda à tendance néo-fasciste, façonné par des proches collaborateurs de Trump.
Compte tenu de ce bilan, comment donc expliquer la popularité persistante de Trump chez de vastes secteurs de la population américaine, surtout chez les mâles blancs d’un certain âge? Le commentaire d’un de ses supporteurs est révélateur : « La première fois que j’ai vu Trump, je ne pouvais pas le croire. Tout ce que j’avais en tête est sorti de sa bouche. » (2)
En effet, tout est là : l’ignorance menant à l’irrationalité et le manque d’esprit critique de ce citoyen, qui le rend apte à gober tous les mensonges; son attrait béat d’une personnalité charismatique; et surtout, sa profonde aliénation ressentie par rapport aux élites intellectuelles et gouvernementales, surtout à Washington.
L’accession au pouvoir de Donald Trump et de sa cohorte constituerait une crise existentielle pour les États-Unis d’Amérique comme ils n’en ont pas vécu depuis la Guerre civile au 19e siècle. Pour cette raison, un grand nombre d’observateurs, moi-même inclus, refusent de le considérer comme un candidat « comme les autres », mais bien comme une grave menace à son pays et à l’ordre mondial établi depuis 1945.
(1) https://www.project2025.org/policy/
(2) New York Times, 30 août 2024.