Voulu comme un levier pour l’éducation à la vérité et la réconciliation, la plus vieille organisation de défense des Métis francophones espère mener davantage de projets éducatifs de la sorte. 

Du 27 au 30 septembre inclus, les personnes qui le souhaitent pourront assister gratuitement à une série de films présentés par l’Union national métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM) à l’Université de Saint-Boniface (1).

Parmi la sélection : Le chemin de la guérison, Soleils Atikamekw, Ste. Anne et Wilfred Buck. Une sélection de films minutieusement choisis par l’organisation. Joël Tétrault, secrétaire du CA explique la volonté derrière ce festival. « Chez les peuples autochtones, la façon de transmettre les connaissances et les histoires c’est par la tradition orale. En parlant avec la réalisatrice, Alanis Obomsawin, elle me parlait du fait que les films sont une continuité de cette tradition orale qui ajoutent aussi du visuel. 

« Les films sont donc une excellente manière de transmettre des histoires, des leçons de vie, des connaissances et des habiletés aux prochaines générations. »

Un pont entre les cultures

C’est avec ce constat bien en tête que l’UNMSJM a donc décidé d’obtenir un financement pour organiser ce festival. « Nous voulons créer des meilleures relations entre les Métis et les Premières Nations. Ce festival est un pont pour s’asseoir ensemble et regarder un film. 

« Il y a plusieurs thèmes dans cette programmation : identité, continuité et espoir. Cette occasion permet d’avoir un espace de rencontre et de discussion. Nous ne sommes pas rendus à la réconciliation et on ne peut pas avoir la réconciliation sans la vérité. Dans les films, nous abordons le thème de la colonisation, son impact. Mais aussi des chemins vers la réconciliation. »

Dans cette volonté d’inviter le plus grand nombre à participer à ce festival, tous les films seront bilingues français et anglais à l’exception de Soleils Atikamekw. Joël Tétrault souligne que « c’est un film majoritairement en atikamekw, langue d’une Première Nation au Québec. Il y aura donc uniquement des sous-titres en français. C’est un film commandité par Cinémental. Outre ce film, tous les autres seront sous-titrés en anglais ou en français suivant la langue du film. Nous voulions vraiment faire un festival le plus inclusif possible ». 

Soleils Atikamekw

Joël Tétrault souhaite attirer l’attention des gens sur le film Soleils Atikamekw. « Ce film montre le racisme systémique présent dans la police. C’est basé sur une histoire vraie. Il est question de six personnes qui se sont noyées dans une fourgonnette. Et certains acteurs de ce film sont des descendants des personnes qui sont décédées dans cette noyade. C’est un film très poignant. »

À la programmation officielle s’ajoute un court-métrage réalisé par le Métis, Maxime Kornachuk. « En fait, la soirée du dimanche est consacrée à l’identité métisse. Maxime était un jeune réalisateur métis qui a fait un court-métrage d’animation sur son identité métisse. Il dure un peu plus de trois minutes. L’autre film est celui de Renée Vermette, Ste. Anne qui parle de l’identité métisse dans la région de Sainte-Anne. »

Pour avoir une activité pleinement éducative, l’UNMSJM a aussi décidé d’organiser des panels de discussions à la suite de la diffusion des films. Joël Tétrault assure que « chaque film aura une session de questions-réponses ou bien un panel pour aborder quelques thèmes. Par exemple pour la soirée du dimanche soir, Renée et Maxime seront présents pour répondre à des questions. Nous attendons encore quelques confirmations. Mais les gens auront toujours la chance de poser des questions à un panel. 

« C’était très important de pouvoir discuter des thèmes présents dans les films. Bien sûr on veut que les gens passent un bon temps. Mais on veut aussi avoir une mission d’éducation alors ces discussions vont pouvoir servir à ceci. »

Une vocation pédagogique

Cette mission d’éducation, Joël Tétrault souhaite la renforcer au sein de l’UNMSJM. « Nous avons un CA très dynamique et qui veut se lancer dans des projets éducatifs. Pour arriver à la réconciliation, il faut vraiment qu’on s’éduque. 

« À l’Union, nous voulons aussi offrir des espaces en français pour discuter des enjeux métis. Mais aussi des espaces d’éducation en français. Nous voulons vraiment nous positionner comme la voix des Métis francophones. »

Joël Tétrault souligne tout de même que « la réconciliation ce n’est pas seulement l’affaire des Métis, des Premières Nations et des Inuits, chacun a un rôle à jouer. Nous invitons donc tout le monde à nous rejoindre pour ce premier festival de films. » 

(1) Aucun billet n’est requis.