Ça roule bien pour Prairie Vélo. Après quatre ans en affaires, l’entreprise installée dans le quartier Wolseley ouvrira un deuxième magasin au 712 rue Langevin. L’endroit a longtemps accueilli un dépanneur, connu ces dernières années sous l’enseigne Timbouctou. 

Suzanne Druwé souligne l’intérêt de l’expansion pour l’entreprise. « On n’avait plus de place dans notre petit magasin de Wolseley. On voulait pouvoir montrer nos modèles disponibles, pour que les gens puissent les essayer, mais ça prenait trop de place. »

Des rénovations s’imposent avant de pouvoir ouvrir la nouvelle boutique. « Il y a beaucoup à faire. Par exemple, on doit refaire le plancher, ou encore construire une salle de bains universelle. C’est une exigence de la Ville de Winnipeg. »

Une autre priorité pour la copropriétaire est « d’embellir l’extérieur. Je veux que Prairie Vélo soit beau, accueillant, et s’intègre bien au voisinage. Que les gens du quartier en soient fiers, comme c’est déjà le cas pour notre magasin à Wolseley ».

Alors que l’entreprise grandit en espace, le couple propriétaire devra aussi embaucher du personnel. « Pour le moment, on a deux personnes qui travaillent avec nous. C’est certain qu’il va nous falloir plus de monde. On sait que c’est difficile de trouver de la main-d’œuvre qualifiée, mais le bon service à la clientèle est primordial pour nous. » 

Le vélo pour tous

Petit retour en arrière pour prendre la mesure de l’offre spécialisée de l’entreprise. Prairie Vélo, c’est l’histoire d’une passion pour le vélo et d’un constat : celui que les boutiques de vélos classiques ne répondent pas aux besoins de tout le monde.

Suzanne Druwé raconte : « Mon conjoint Brian a fait beaucoup de compétitions de vélo quand il était jeune. Le vélo a toujours été une constante dans sa vie. Il connaît bien cette industrie. Or on entendait souvent des gens, surtout des femmes, dire qu’elles étaient ressorties démoralisées de boutiques de vélos. Elles se sentaient jugées, et parfois se sentaient obligées d’acheter une bicyclette mal adaptée à leurs besoins.

« C’est pour ça qu’on a lancé Prairie Vélo, qui propose des vélos pour toutes les capacités. On voulait un magasin où tout spécialement les femmes se sentiraient acceptées et bien dans leur peau. 

 « Et puis on rencontre toutes sortes de corps et de conditions. Des gens qui n’ont pas fait de vélo depuis très longtemps et qui voudraient s’y remettre. Ou des gens qui ont des problèmes de santé qui font qu’ils ne peuvent plus en faire comme avant. Alors on travaille avec eux pour trouver le vélo qui réponde le mieux à leurs besoins. »

Parmi ces besoins : relever des défis de santé tels qu’une sclérose en plaque, une maladie de Parkinson, un accident cardiovasculaire ou encore une commotion cérébrale.

« Les vélos électriques ou adaptés, permettent par exemple à des couples de continuer de sortir faire du vélo ensemble quand l’un des deux est moins en forme, ou à des grands-parents de suivre leurs petits-enfants plus facilement. Nos clients sentent combien c’est important de pouvoir être dehors. »

Prairie Vélo travaille avec des physiothérapeutes et des ergothérapeutes afin d’identifier les meilleurs modèles au cas par cas. Vélos sans pédales, vélos actionnés avec les mains plutôt que les pieds, vélos munis d’un emplacement pour y installer une personne peu ou non mobile, voire vélo pour y ajuster un fauteuil roulant.

« Ce qu’on offre n’existe presque nulle part ailleurs au Canada. On a des exclusivités avec de nombreuses compagnies européennes. Ça marche tellement bien qu’on négocie des conteneurs entiers en provenance de l’Europe. Nous faisons beaucoup de pré-ventes. » 

Prairie Vélo a aussi développé une clientèle qui utilise leur vélo au quotidien, été comme hiver. Ces personnes profitent des services de réparation et des accessoires variés en vente dans la boutique. 

Pour la marche aussi

En plus de tous les modèles à roues, Prairie Vélo s’est aussi lancé dans la vente de déambulateurs haut de gamme. « On a l’exclusivité au Canada pour les marques européennes ByACRE et Rollz, précise Suzanne Druwé. Au début, on en vendait seulement en ligne. Depuis cette année, on a de plus en plus d’acheteurs manitobains.

« Par rapport à d’autres déambulateurs sur le marché, ils sont en fibre de carbone donc beaucoup plus légers. Ils ne pèsent que 10,5 livres. De plus, ils laissent beaucoup d’espace pour le corps, donc les utilisateurs ne se frappent pas les genoux en marchant. On a aussi des modèles pour l’hiver avec des plus gros pneus. »

Prairie Vélo prévoit continuer de vendre ses vélos électriques et ses accessoires à Wolseley, tandis que ses vélos et tricycles adaptés et ses déambulateurs seront plutôt présentés à Saint-Boniface. Les deux boutiques offriront un service de réparations.

« Selon les règlements de la Ville de Winnipeg, on doit être en mesure d’ouvrir au public au plus tard le 1eroctobre prochain. Mais je m’attends à ce que ce soit bien plus tôt. J’ai hâte de pouvoir servir le monde de Saint-Boniface chez eux. » (1)

(1) Pour plus d’information : https://www.prairievelo.ca/ pour les vélos et https://www.rollatorcanada.ca/frpour les déambulateurs.

+++ Un client qui revit +++

Atteint depuis une dizaine d’année d’une maladie musculaire dégénérative héréditaire rare, la dystrophie musculaire oculopharyngée, le Franco-Manitobain Gilbert Savard s’est vu contraint de mettre de côté une grande passion qu’il partageait avec sa femme Roxane Sarrasin et sa famille : le vélo. Pour lui, ce fut un déchirement.

« J’ai fait de la bicyclette toute ma vie. On est tous mordus de vélo dans la famille. Avec mon épouse, on a même fait un périple de cinq jours en Angleterre en bicyclette. Alors quand je me suis aperçu que j’avais moins de mobilité, j’ai d’abord acheté un vélo plus léger, puis un petit vélo électrique que je pouvais facilement enjamber. Mais je me suis mis à tomber. Ça devenait impossible pour moi de faire du vélo. J’étais vraiment malheureux et dépressif. »

En désespoir de cause, Gilbert Savard s’est finalement rendu à Prairie Vélo où il a pu essayer un tricycle. C’était non seulement plus stable qu’un vélo, mais de plus il a pu bénéficier d’une modification sur mesure de sa machine.

« Quand je l’ai essayé la première fois, j’avais beaucoup de difficulté à contrôler la roue avant. Prairie Vélo a pris ça en compte et a ajouté un gros ressort à l’avant. Maintenant, ce n’est plus la roue qui me contrôle! Ils ont vraiment trouvé le système qui répondrait à mes besoins. »

Grâce à cet achat en août 2023, Gilbert Savard a pu reprendre les balades en vélo auprès de sa femme et de sa famille. En moins d’un an, il a parcouru plus de 550 kilomètres sur son tricycle.

« Ça a changé sa vie, et la mienne aussi, confie Roxane Sarrasin. On peut refaire du vélo en famille maintenant. Comme avant. »

Gilbert Savard a également acheté un déambulateur en janvier dernier, après avoir fait deux chutes. « Mon médecin m’a convaincu en m’expliquant que ce serait catastrophique si je me cassais quelque chose. Il y en avait un super chic, très léger et tout terrain à Prairie Vélo, je peux même marcher dans la neige avec. »

Résident du nord de Saint-Boniface, c’est donc une joie pour lui de bientôt avoir une boutique Prairie Vélo à quelques rues de chez lui.

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