L’enchaînement peut sembler paradoxal quand on se rappelle que plusieurs de ces incendies sont allumés délibérément par des groupes qui veulent ainsi mettre la main sur de nouvelles terres agricoles. Mais il faut se rappeler qu’une forêt brûle mieux lorsque le terrain est sec. Or, l’année 2024 a été particulièrement sèche en Amazonie.
Mais à long terme, il y a pire : plus on brûle la forêt, et plus c’est toute la région qui s’assèche.
C’est qu’on n’appelle pas l’Amazonie une « forêt humide » pour rien. Elle accumule une énorme quantité d’eau. De sorte que plus on coupe les arbres, et moins il y a d’humidité dans l’air. Moins il y a d’humidité dans l’air, moins il y a de pluie, donc des risques de propagation des incendies qui sont plus élevés — et du coup, encore moins d’arbres. C’est un exemple de ce que les climatologues appellent une boucle de rétroaction (feedback loop) : les changements climatiques régionaux sont accélérés par les changements climatiques régionaux.
Selon les estimations des chercheurs brésiliens, la saison sèche dans le sud de l’Amazonie, une portion correspondant au tiers de la forêt, durerait à présent quatre à cinq mois, soit cinq semaines de moins qu’il y a 25 ans.
Déjà, à la mi-septembre 2024, on recensait quelque 200 000 feux de forêt au Brésil depuis le début de l’année, plus du double de ceux observés pendant la même période l’an dernier. Et ce, en dépit des efforts du nouveau président, Luiz Inácio Lula da Silva, pour serrer la vis aux différents groupes qui veulent agrandir, plus ou moins légalement, leurs terres agricoles. Cela représenterait 418 000 km2 de forêt brûlée jusqu’ici en 2024, selon l’organisme européen Global Wildfire Information System.