Immigrante de la Russie, Elizaveta Larionova est arrivée au Canada en décembre 2015, avec sa famille. Cela fait maintenant neuf ans qu’elle s’est établie au Manitoba. En Russie, elle a complété un double baccalauréat en éducation et en traduction, ainsi qu’un master en éducation.

Elle a ensuite poursuivi ses études en France, obtenant un master en lettres à l’Université Lyon 2. En 2025, elle terminera un autre baccalauréat en éducation à l’USB, afin de pouvoir enseigner dans les écoles manitobaines. Dès son arrivée au Canada, Elizaveta Larionova a commencé à enseigner le français aux immigrants à l’USB, tout en refaisant son parcours académique.

L’enseignante à l’École South Pointe School se passionne pour la langue française, qu’elle a pourtant commencé à apprendre à l’âge de 20 ans, en Russie. « D’où je viens, les gens apprennent généralement l’anglais comme deuxième langue. Mais j’ai toujours voulu apprendre le français parce que j’aime la littérature française. Victor Hugo est mon écrivain préféré. C’est une langue qui me passionne et que j’adore », confie-t-elle, en soulignant son attachement à cette langue qu’elle pratique depuis maintenant 14 ans.

Une passion ravivée pour le français

Du 9 au 15 août, Elizaveta Larionova s’est engagée en tant qu’ambassadrice au Forum des jeunes ambassa- deurs de la francophonie des Amériques pour promouvoir la langue française.

Elle explique que sa motivation découle des défis rencontrés dans son travail d’enseignante. « Très souvent, surtout dans les écoles d’immersion, j’ai des élèves qui me demandent : À quoi ça sert d’apprendre le français si je vais vivre ma vie en anglais? Ils avouent que ce sont leurs parents qui les envoient en immersion, et qu’ils n’ont pas la motivation personnelle pour continuer », partage-t-elle, ajoutant que ça « peut être décourageant à entendre régulièrement ».

Cependant, sa rencontre avec des enseignants de français dans des pays où cette langue est beaucoup moins présente, comme au Chili ou en Argentine, durant son séjour au forum a ravivé sa passion. « C’était important de parler avec eux et de voir cette flamme qu’ils ont pour la langue. Ça m’a motivée et a ravivé ma propre passion pour le français. Je suis revenue pleine d’énergie et prête pour la nouvelle année scolaire. »

En enseignant dans un contexte minoritaire au Manitoba, Elizaveta Larionova ajoute qu’elle n’a que peu d’occasions de pratiquer le français en dehors de l’école ou de l’université. « Bien qu’il existe quelques activités communautaires en ville, par exemple pour les enfants. Mais je ne participe généralement pas à des activités récréatives en dehors de mon travail. »

Le forum

Cette réalité l’a poussée à vouloir rencontrer d’autres enseignants vivant des situa- tions similaires. Mais dans différents contextes. « J’avais comme objectif, lors de ma participation au forum, de créer des liens avec d’autres ambassadeurs et d’échanger sur leurs expériences. Je voulais aussi en savoir plus sur les conférences et initiatives en français que je pourrais aussi transmettre à mes élèves. Il est important pour moi de leur montrer qu’il existe une communauté francophone, que ce soit en personne ou en ligne.

« Le forum m’a également donné de nombreuses idées à appliquer directement avec mes élèves. On m’a parlé de concours de poésie et de slam, auquel je compte participer avec eux. J’ai aussi reçu des recommandations de livres à lire avec les jeunes et des formations au Canada et en France, ainsi que de bourses pour ses étudiants universitaires. »

L’enseignante de français souligne l’importance de montrer à ses élèves qu’il existe une richesse dans la culture francophone, même si la majorité des médias qu’ils consomment sont anglophones. « Pour moi, c’est crucial de leur faire découvrir des personnages, des figures historiques, et de leur montrer que parler français, c’est cool. Il y a plein d’avantages d’être bilingue dans le monde du travail et les opportunités que cela peut ouvrir à long terme. »

Elle conclut : « Au forum, j’ai rencontré des gens vraiment incroyables, nous étions comme une famille juste après une semaine. J’ai même rencontré des gens de Winnipeg avec qui j’aimerais continuer notre relation. Nous avions eu une idée de peut-être organiser un forum ou un club. »