Un changement nécessaire pour répondre aux critères d’un financement du gouvernement fédéral. 

La Société canadienne d’hypothèques et de logements (SCHL) estime que pour que le logement reste abordable à travers le pays, il faudra construire plus de 3,5 millions de logements d’ici 2030. Même si 60 % de ces logements devraient être construits principalement en Colombie-Britannique et en Ontario d’après la SCHL, Winnipeg a décidé de prendre sa part également.

En effet, dans le budget 2024, le gouvernement fédéral a renforcé son programme d’aide à la construction de logements. Il a, entres autres, bonifié le Fonds pour accélérer la construction de logements pour totaliser 4,4 milliards $. La Ville de Winnipeg a donc soumis une demande et a reçu 122 millions $ pour construire 14 000 logements sur trois ans. 

Michel Durand Wood, observateur de la politique municipale et auteur du blog DearWinnipeg.com, rappelle que « cet argent est venu avec des conditions alors les modifications aux règlements de zonage proposées par la Ville de Winnipeg sont dues à ceci ».

Deux phases

Ces changements se feront en deux phases. En ce moment, la Ville de Winnipeg est dans la phase 1 des changements de zonage dans les centres commerciaux et des corridors. « La première phase est de changer ce qui est permis sur les sites des centres d’achat comme Kildonan Place ou Polo Park en plus des propriétés qui sont près des corridors régionaux comme la route Henderson, la route Pembina ou encore la rue Marion. 

« Présentement, ces endroits sont zonés commercial donc il ne peut y avoir que des commerces. À l’instant, ce n’est pas permis sans demande spéciale. L’idée est de penser à des bâtiments à multiusages donc avec des résidences également. »

À la suite des portes ouvertes pour présenter ces changements, la Ville en débattra au conseil municipal. Néanmoins Michel Durand Wood tient à être clair sur un potentiel débat. « Il faut bien comprendre que ces changements sont requis par le Fédéral. Notre marge de manœuvre est plutôt dans le comment on veut faire ces changements plutôt que quels changements. Réellement, on doit le faire. »

Des avantages multiples

L’observateur de la scène politique municipale voit dans ces changements plusieurs avantages pour la Ville de Winnipeg. « Outre le fait que le Fédéral a imposé des critères, la santé financière de la Ville de Winnipeg est aussi en jeu. 

« La Ville de Winnipeg ne peut pas soutenir toute l’infrastructure qu’elle possède actuellement. Une plus forte densité permettra de réduire cette pression financière. 

« D’un point de vue environnemental, nous devons changer notre manière de construire la ville pour faciliter des modes de transports actifs. Alors si on met des résidences là où il y a déjà des commerces, c’est évidemment une bonne chose. Il faut se rendre à l’évidence : ce n’est plus possible de faire des trajets de 10 minutes en voiture pour aller chercher une brique de lait. »

L’éternelle question porte évidemment sur la densité des logements. Pour Michel Durand Wood, les zones commerciales sont moins sujettes à discussion. « Je pense que dans cette première phase de consultation, il va y avoir moins d’opposition. Ces changements concernent des espaces commerciaux.

« La densité minimum dans le plan proposé par la Ville est de 14 unités par acre. C’est plus que beaucoup de quartiers. Mais ce n’est pas si dense que ça. Par exemple dans Elmwood, la densité est plus que ceci. 14 unités par acre est un changement graduel et ce qu’on veut voir arriver dans les prochaines années. »

La question du commerce de proximité

Néanmoins, la deuxième phase des changements aura un impact sur les quartiers résidentiels. « En janvier 2025, il y aura une deuxième série de consultations qui va porter sur les quartiers résidentiels. Il est question de changements avec des bâtiments allant jusqu’à quatre étages. Mais encore une fois, ce sont des changements demandés par le Fédéral. L’idée est toujours la même pour densifier les zones résidentielles. »

En parallèle de ces changements, Michel Durand Wood souhaiterait voir aussi une impulsion dans les zones résidentielles. « Ce n’est pas quelque chose qui est encore discuté. Mais il serait bon aussi d’avoir plus de petits commerces dans les zones résidentielles. Ce qu’on appelle généralement des commerces de proximité. C’est aussi une manière de créer plus de densité et d’atteindre nos objectifs en matière de lutte contre les changements climatiques. »

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté