2 heures, 46 minutes et 16 secondes. C’est le temps qu’il aura fallu à Mélanie DesAutels pour arriver en tête du marathon Beneva de Montréal, pour la deuxième fois. 

Franco-Manitobaine d’origine, cela fait maintenant 11 ans que Mélanie DesAutels vit dans la ville de Sherbrooke au Québec, à un peu plus d’une heure au sud de Montréal. 

Après avoir passé son secondaire ainsi qu’une première année de baccalauréat à Winnipeg, c’est en 2013 que la jeune femme se rend à l’Université de Sherbrooke où elle débute des études en médecine. « Après un an, j’ai décidé que ce n’était pas fait pour moi », explique-t-elle. 

S’en suivent alors cinq années de coupure pendant lesquels Mélanie DesAutels explore tout un tas d’options de carrière.

« En 2019, j’ai finalement repris des études à l’Université de Sherbrooke en génie civil. » 

L’athlète de 33 ans n’a donc plus jamais quitté son petit coin du Québec, et ce pour plusieurs raisons. « En parallèle de mes études, j’étais aussi dans les forces armées canadiennes et j’ai été associée à l’unité de réserve à Sherbrooke. » 

Mais le cœur de la Franco-Manitobaine y est aussi pour quelque chose. « En 2015, j’ai aussi rencontré mon conjoint qui est maintenant mon époux, alors ça aussi ça m’a rattachée à la ville. » 

Elle admet également que la région est loin d’être repoussante.

 « Je suis vraiment tombée en amour avec les Cantons de l’Est. On a des montagnes, à vingt minutes de la ville, c’est très différent des prairies canadiennes. »

Des racines manitobaines

Née à Winnipeg, dans une famille complètement francophone, Mélanie DesAutels a grandi dans le quartier de Saint-Vital. Aujourd’hui encore, une de ses proches vit toujours dans la capitale manitobaine. 

« Ma mère enseignait dans les écoles francophones et mon père était directeur d’une école au sein de la Division scolaire franco-manitobaine. J’ai été élevée en français et j’ai appris l’anglais à l’école. »

Le lien avec sa famille est important pour la coureuse qui indique qu’elle rencontre les siens au moins deux fois par année. Elle passera d’ailleurs les fêtes de Noël ici cet hiver.

C’est aussi au Manitoba que l’athlète tombe dans le monde de la course à pied. 

« Le premier marathon que j’ai couru, c’était en 2012 et c’était le Manitoba Loteries Marathon à Winnipeg. » 

Elle précise même qu’à l’époque elle n’avait jamais couru de semi-marathons. 

Sans même prendre la température de l’eau, c’est directement dans le grand bain que Mélanie DesAutels se jette à l’époque. « Je le voyais vraiment comme un défi sportif et mental que je voulais relever. » 

L’objectif est alors seulement de terminer la course, peu importe le temps que cela prendra.

Sans vraiment de programme ou de préparation adéquate, elle parvient à terminer la course. 

Ce n’est qu’en 2019, que l’athlète décide de se mettre à nouveau au défi, « de façon sérieuse » cette fois-ci. 

Avec pour objectif de courir le marathon de Boston, la Québécoise d’adoption se tourne vers un entraîneur privé et finit par se qualifier. Mes performances ont commencé à monter en flèche. En un an, j’ai diminué mes temps de plus d’une heure. » 

« Avec les performances, la motivation a suivi », lance-t-elle. 

« Cette nouvelle passion a elle aussi rapidement grandi. » 

Toutefois, la naissance de cette nouvelle passion n’est pas si surprenante que ça quand on sait l’amour de la jeune femme pour le dépassement de soi. 

« J’ai toujours aimé les sports solitaires de longues distances. J’ai commencé à courir au secondaire, mais par plaisir. J’avais envie de courir et de couvrir des distances de plus en plus longues. Mes vacances d’été je les passais à faire de la randonnée dans la nature. » 

Elle l’admet elle-même, c’est cet aspect de sa personnalité, cette envie de repousser ses limites qui l’a naturellement attirée vers les forces armées canadiennes. 

Un besoin 

Aujourd’hui, Mélanie DesAutels ne s’identifie pas comme une future ingénieure, mais bel et bien comme une « coureuse ». Elle a appris à jongler avec la course, les entraînements, la récupération, et tous les autres aspects de sa vie. 

Malgré tout, la course à pied reste son grand amour. 

« Je m’entraîne souvent deux fois par jour et ce sont les meilleurs moments de ma journée. J’en tire beaucoup de satisfaction. »

Sans même parler de la dopamine et la sérotonine que l’activité sportive relâche, Mélanie DesAutels va plus loin. 

« Pour moi, c’est essentiel, je ne serai pas capable de vivre sans courir, je crois. » 

Quelques jours seulement après le marathon, en période de repos, les jambes de l’athlète la démangent déjà. 

Pour ce qui est de la suite, Mélanie DesAutels entend bien sûr poursuivre ses efforts, jusqu’à, elle l’espère, obtenir un contrat qui lui permettrait de vivre de la course.