Un passionné d’Histoire français, Laurent Lemée, partage son expérience.

À 60 ans aujourd’hui, Laurent Lemée a « toujours été intéressé par les deux Guerres mondiales, surtout la Seconde ». Ses souvenirs des plages de Normandie, où les Alliés ont débarqué le 6 juin 1944 pour repousser l’armée allemande, remontent à l’enfance. 

« J’ai été élevé dans la région avec mon frère par mes arrière-grands-parents, jusqu’à l’âge de sept ans. On était à environ 1 h 30 de route des plages du Débarquement, alors une fois par an au moins, on allait se baigner sur les côtes normandes.

Un intérêt pour les guerres certainement renforcé par la proximité de son arrière-grand-père, ancien combattant de la Première Guerre mondiale. « Ça a probablement joué, toutefois mon arrière-grand-père ne parlait pas de ça. Et quand on est enfant, on veut surtout s’amuser. On ne pense pas à parler de ces sujets. »

Plusieurs décennies plus tard, Laurent Lemée confie être « toujours un peu pris par l’émotion » quand il va faire un tour sur les plages du Débarquement. « J’ai toujours l’image de cette scène du film Le jour le plus long, avec tous ces navires de guerre qui arrivent sur la plage. »

Un devoir de mémoire à transmettre

Pour Laurent Lemée, se souvenir doit être une affaire de famille. « Avec mes enfants, chaque fois qu’on passait dans la région, on s’arrêtait au cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Parce que quelque part, ce travail de mémoire, de respect, tu dois le transmettre à la prochaine génération. On ne peut pas laisser oublier ce qui s’est passé sur ces côtes, les sacrifices de ces jeunes soldats sur une terre inconnue pour notre bien et le bien du monde! »

Il ne limite d’ailleurs pas sa mission de transmission à ses enfants. « Nous avions reçu trois jours à la maison deux jeunes personnes de Winnipeg. Je les ai emmenées à la plage Juno, la plage où les soldats canadiens ont débarqué, et au musée canadien sur la plage. Ça me tenait à cœur de les y emmener. Pour moi, c’était mon devoir. »

Aujourd’hui, il continue de visiter le musée canadien et d’aller sur les plages du Débarquement régulièrement, par plaisir. « Là-bas, la côte est restée authentique. Naturelle. C’est tellement plus apaisant! Et les personnes qu’on y croise sont toujours très respectueuses du site. »

La place du Canada

S’il s’est lui-même documenté sur les contributions canadiennes lors des deux Guerres mondiales par intérêt personnel, Laurent Lemée reconnaît un manque de connaissances en France.

« Ici, on a beaucoup plus tendance à parler des Américains. Même au niveau des médias, on entend surtout parler des sacrifices des soldats américains. Les autres nationalités sont mises ensemble dans un mix. 

« Je ne me souviens que d’une seule fois où on a vraiment parlé des Canadiens spécifiquement. C’était en 2017 pour le centenaire de la Bataille de Vimy. C’est l’armée canadienne qui avait combattu dans cette célèbre bataille de la Première Guerre mondiale, donc le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et son épouse étaient venus. Ça avait été plus médiatisé. »

C’est d’ailleurs un peu par hasard, en 2015, que le père de famille a commencé à accumuler quelques informations sur les Canadiens pendant la Seconde Guerre mondiale.

« Ma fille venait de partir au Canada et nous avions pris une semaine de vacances à Courseulles-sur-Mer avec mon épouse, sans savoir que c’est là, sur la plage Juno, que les Canadiens avaient débarqué! Plus tard, je suis tombé par hasard sur une stèle des Royal Winnipeg Rifles. »

Laurent Lemée a ensuite agrandi ses connaissances de la contribution canadienne en visitant le musée canadien sur la plage Juno, mais aussi, et surtout, par le biais d’Internet.

« C’est dommage qu’on ne parle pas davantage des contributions de chaque pays en France. Certes, l’armée américaine était plus nombreuse, mais il n’y a pas de hiérarchie du sacrifice. Tous ceux qui sont venus méritent qu’on se souvienne d’eux », conclut-il.