Une compilation des statistiques de gels et de dégels à travers l’hémisphère nord, révèle qu’en moyenne, dans plusieurs régions, les lacs sont couverts de glace 45 jours de moins qu’il y a un siècle.

Cette diminution de la couverture de glace n’a pas juste des conséquences sur les patineurs, elle perturbe aussi l’écologie et l’économie locales, écrit dans la revue Science une équipe de 13 institutions des États-Unis, du Canada et de la Suède, sous la direction de Stephanie Hampton, de l’Institut Carnegie des sciences, à Washington.

Un lac joue en effet plusieurs rôles dans sa région : il contribue à la qualité de l’eau, en plus d’être un pilier de la biodiversité locale et un puits de carbone. Les lacs sont aussi une des principales sources d’eau douce dans le monde. Moins de glace signifie que davantage d’eau s’évapore au printemps, ce qui réduit la quantité d’eau douce disponible pour les humains et les animaux. 

La hausse lente des températures menace de déséquilibrer tous ces éléments, sans que l’on puisse savoir à quelle vitesse la nature sera capable de s’ajuster. Les chercheurs ajoutent que la tendance semble s’accélérer depuis 25 ans.

Entre autres conséquences, un lac qui se réchauffe plus tôt offre plus d’opportunités de croissance aux algues : elles deviennent une nuisance pour la vie marine, et pour tous les humains qui puisent leur eau potable dans ce lac.

Et c’est en plus des routes hivernales dans certaines communautés nordiques qui ne seront plus praticables si la couverture de glace sur les lacs diminue.  

Si les écologistes ne peuvent pas dire à quelle vitesse la nature sera capable de s’ajuster, en revanche, ce qui est certain, c’est que les hivers ne sont plus ce qu’ils étaient et que cela ne va pas s’améliorer : d’ores et déjà, plusieurs extrapolations publiées ces dernières années l’ont confirmé. Au point où, si la tendance à la hausse des températures se maintient, d’ici 2080, près de 20 % du million et demi de lacs qui étaient jadis gelés tout au long de l’hiver, ne seront recouverts de glace que de façon intermittente. Et plus de 15 % n’auront plus l’hiver de couverture de glace. 

Avec toutes ces retombées autant écologiques qu’économiques, c’est un exemple de thématique pour laquelle, lit-on dans l’étude, davantage de travaux réunissant des chercheurs de plusieurs disciplines seraient nécessaires.