Par Pascal Lapointe.

Au point où les États-Unis pourraient s’en mordre les doigts dans quelques années.

Les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables atteindront en effet les 2000 milliards $ cette année, selon le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie.

La capacité mondiale de l’énergie solaire a doublé depuis 2022, selon une estimation publiée par le Conseil mondial du solaire à l’ouverture de la COP29.

Par ailleurs, en Chine, les observateurs étrangers débattent depuis le printemps dernier quant à savoir si le pic des émissions de gaz à effet de serre a été atteint l’an dernier ou bien cette année

Dans cette perspective, une administration Trump qui réaliserait sa promesse de mettre fin aux investissements massifs de l’administration Biden dans la transition énergétique (l’Inflation Reduction Act) pourrait être malavisée. D’autant plus que ces investissements ont été trois fois plus nombreux dans des comtés qui avaient voté Trump en 2020, selon une estimation du Washington Post publiée à la fin-octobre. 

Certes, les gouvernements de la planète sont pour la plupart loin d’être en voie d’atteindre les cibles de réduction des gaz à effet de serre qu’ils s’étaient fixées pour 2030. Et sur ce plan, les États-Unis sous Biden n’ont pas mieux fait. L’espoir d’éviter de dépasser le seuil du 1,5 degré d’augmentation par rapport à l’ère préindustrielle s’est donc évanoui, et le seuil des 2 degrés sera à ce rythme lui aussi dépassé dans la deuxième moitié du siècle.

Pourtant, si la tendance se maintient, c’est-à-dire si les énergies renouvelables continuent de progresser au même rythme, c’est le marché qui pourrait dicter les prochaines étapes et non les politiciens, quoi qu’en dise l’entourage de Donald Trump.

Ce dernier a été dénoncé pendant la campagne électorale pour avoir promis à des dirigeants du pétrole et du gaz, lors d’un dîner en mai dernier, qu’il les débarrasserait de toutes les réglementations environnementales s’ils versaient « un milliard de dollars » à sa campagne.

Or, le Wall Street Journal rapportait le 6 octobre que le lobby du pétrole aurait fait pression auprès de l’équipe Trump pour qu’elle n’annule pas les réglementations environnementales de l’ère Biden, ni l’Inflation Reduction Act.

Reste que, investissements ou pas, une chose semble claire alors que se déroule la COP29 : à court terme, ce n’est plus vers les États-Unis que le reste du monde regarde pour un leadership politique contre les changements climatiques. La Chine s’affirme, elle qui a passé la dernière décennie à construire une industrie du solaire et de l’éolien, qu’elle commence à présent à exporter. Au grand dam des entrepreneurs américains du solaire et de l’éolien.

Et même au grand dam des Européens : les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne ont tout de même diminué de 8 % l’an dernier, presque autant que l’année du confinement pandémique.