De Saint-Lazare à Saint-Georges, les communautés rurales sont particulièrement affectées.

À Saint-Lazare, Sarah Deschambault, mère de famille, s’inquiète des effets que la grève pourrait entraîner sur ses proches. 

Alors que la plupart des documents qu’elle peut recevoir par voie électronique lui sont déjà accessibles, elle craint que la population plus âgée ne soit affectée.

« Je suis inquiète que des gens manquent des rendez-vous médicaux qu’ils attendent depuis des mois. Ici au rural il faut attendre pour des spécialistes et des IRM, ça prend très longtemps. »

La semaine dernière, Soins communs Manitoba a déclaré qu’une perturbation dans les services de Postes Canada pourrait apporter des changements au système de notifications aux patients.

Dans un communiqué de presse, l’autorité de santé publique a précisé que l’envoi des lettres de confirmation pour les rendez-vous prévus après le 1er février serait temporairement suspendu.

« Si l’interruption du service postal persiste, les patients visés recevront la confirmation de leur rendez-vous par texto ou téléphone », peut-on lire dans la directive.

Commerce en ligne

L’approche du temps des fêtes apporte son lot de préoccupations aux acheteurs de cadeaux.

Pour les habitants des grandes plaines, la grève des facteurs constitue un défi additionnel alors que Postes Canada s’occupe souvent des dernières étapes de livraisons dans les régions rurales.

Si Sarah Deschambault fait beaucoup d’achats en ligne, c’est aussi pour des raisons pratiques. 

« Ce n’est pas toujours facile de se rendre en ville pour faire des achats », ajoute la résidente de Saint-Lazare. 

Lorsque La Liberté a appelé les bureaux de poste de Saint-Lazare, Saint-Malo et Saint-Georges, les employées ont indiqué que leurs locaux étaient ouverts puisqu’ils ne relevaient pas du STTP. 

Lucie Dean tenait le téléphone en main. La travailleuse du bureau de poste de Saint-Georges a constaté une réduction importante dans sa charge de travail.

Bien qu’elle traite les colis reçus à son bureau de poste, elle ne peut pas les expédier.

« Les gens attendent leurs commandes de cadeaux pour Noël, mais les colis sont à l’installation de traitement, mon facteur ne peut pas les livrer. »

Les revendications

La Liberté s’est entretenue le 19 novembre avec Éric Toupin, représentant syndical pour la région des prairies du STTP. 

Depuis la grève, il est souvent au téléphone, tout en se faufilant entre les trois lignes de piquetage des grévistes de Postes Canada à Winnipeg.

« Nous luttons pour obtenir des salaires équitables et des conditions de travail sécuritaires. On veut avoir le droit de prendre notre retraite dans la dignité », explique le délégué.

Parmi les demandes, le syndicat revendique notamment une hausse salariale de 22 % sur 4 ans, un régime de retraite défini et une amélioration des avantages.

« Comme syndicat et comme travailleur, on n’a pas pris la décision d’arrêter le travail légèrement. Nous sommes conscients qu’il y a un impact sur les petites entreprises au Canada. Nous, on dit que ça vaut la peine. »

Une nouvelle convention collective permettra selon le syndicat, de « fixer la barre » en matière des services de livraison au Canada.

La diversification des services offerts est aussi sur la table des négociations.

« Il y a plus de bureaux de poste que de Tim Hortons au pays », constate M. Toupin.

Le STTP désire revoir le modèle opérationnel des bureaux de poste en les transformant en « carrefour communautaire » offrant de l’internet à haute vitesse, des bornes de recharge pour véhicules électriques et des services bancaires.

Présentement, la Société canadienne des postes compte 4 carrefours.

Où en sont les négociations?

« Postes Canada est en train de négocier en mauvaise foi, affirme le représentant syndicale, ils veulent que le ministre du Travail Steven MacKinnon intervienne pour nous remettre au travail. »

Une intervention du gouvernement fédéral serait « très inquiétante », ajoute-il.

Au quatrième jour de la grève, le Service fédéral de médiation et de conciliation avait nommé un nouveau médiateur.

Ce dernier a rencontré les deux partis pour la première fois, menant des discussions séparées avec Postes Canada et le STTP.

Selon Valérie Chartrand, responsable des relations avec les médias à la société d’État, les négociations se poursuivent toujours « autour de la table ».

« Il y a encore des grands enjeux où on a un grand écart, on doit se rapprocher. De notre côté, je crois que le syndicat et la société ont tous les deux le désir de voir un avenir pour le service postal. C’est la façon de se rendre qui est différente. »

Interrogée sur la question d’une intervention du gouvernement fédéral, Mme Chartrand a dit qu’il y a toujours une volonté de négocier des ententes « à la table ».

« C’est notre plus grande priorité pour l’instant. »

Postes Canada fait également valoir sa situation financière. Le service de livraison fédéral a perdu 3 milliards de dollars depuis 2018.