Par Simon Laplante
Ces évaluations, qu’elles soient au niveau primaire ou secondaire, permettent, entre autres, d’identifier les lacunes et les forces des curricula ainsi que les organisations scolaires (écoles, division, provinces) qui semblent performantes et celles qui le sont moins.
Pourvu que le leadership éducationnel prenne le temps de s’intéresser et d’analyser ces résultats, les examens provinciaux et internationaux offrent de nombreuses opportunités pour mieux cerner les pratiques pédagogiques gagnantes et identifier les facteurs qui influencent la réussite scolaire des étudiants. Le leadership peut aussi engager les acteurs et partenaires dans des conversations courageuses sur la pertinence des curricula et des approches pédagogiques.
Ce que les évaluations provinciales et internationales ne font pas est de rendre compte des multiples styles d’apprentissages utilisés par les étudiants et leur contexte social. Ces évaluations ont tendance à se faire sur papier, à favoriser la mémorisation et la compréhension de concepts abstraits. Les styles d’apprentissage sont aussi variés que nos populations estudiantines.
Ainsi un étudiant qui se destine à devenir soudeur peut démontrer de façon concrète sa compréhension des alliages métalliques. Un étudiant qui se destine à devenir charpentier peut démontrer de façon concrète l’importance du théorème de Pythagore pour s’assurer des angles droits. Et il y a bien sûr tous ces étudiants qui se veulent acteurs, chanteurs, poètes et philosophes. Il est donc important que ces examens continuent à avoir un impact minimal (<20 %) dans la pondération des résultats académiques de chaque étudiant.
Le danger de ces évaluations provinciales et internationales réside dans l’utilisation des résultats par les organisations politiques, lobbyistes et médiatiques pour critiquer nos systèmes éducatifs. Récompenser les systèmes qui réussissent et pénaliser les systèmes moins performants est une pratique courante aux États-Unis ou les instances politiques se basent sur ces évaluations dans le financement des divers systèmes éducatifs.
Au Manitoba, le projet de loi 64 est un bon exemple de comment un gouvernement a voulu implanter des changements fondamentaux à notre système éducatif en se basant sur des évaluations internationales qui démontrent des lacunes au niveau des connaissances mathématiques et scientifiques chez nos étudiants.
On sait que chaque génération de parent croit que l’éducation qu’ils ont reçue est supérieure à celle de leurs enfants. Ce phénomène se répète depuis que l’école existe. La réalité est que nos systèmes éducatifs sont en constante évolution tout en offrant une constante résistance au changement. Nos écoles doivent s’adapter aux nouvelles réalités sociales et culturelles, mais aussi s’assurer que les concepts de base (littératie, numératie) continuent d’être compris par nos étudiants.
Si les évaluations provinciales et internationales permettent d’identifier, de discuter et corriger les lacunes systémiques de nos instances et pratiques éducationnelles, elles ne devraient jamais être utilisées pour pénaliser et critiquer nos éducateurs et éducatrices ou être politisées dans un contexte démocratique.