Pour concrétiser d’une certaine manière ce retour, ils ont décidé de se réunir autour de leur passion commune : l’art.

Une si longue absence à découvrir jusqu’au 6 janvier 2025 dans la Galerie de l’Université de Saint-Boniface (USB) est avant tout une histoire de reconnexion. Reconnexion familiale entre un frère et une soeur, mais une aussi une reconnexion artistique entre deux artistes aux styles très différents, mais qui se complètent dans cette exposition. 

« Il y a eu aussi une absence de création pendant très long-temps, et aussi cette absence physique, ça nous a relancés », lance Jacques Desaulniers. « Oui, on est très différents. Je suis représentatif alors que Paulette est plus abstraite. Mais l’on est semblables sur certains points : les couleurs et les formes. » « On aime pas mal les mêmes artistes d’ailleurs, mais nos résultats sont différents », ajoute Paulette Desaulniers. 

Des arts opposés, mais complémentaires

De retour en 2020 au Manitoba après plus d’une vingtaine d’années en Asie notamment, le frère et la soeur ont commencé à évoquer cette exposition. Le point de départ a été une ancienne oeuvre de Jacques Desaulniers. « On a parlé d’une sculpture qu’il a faite dans sa jeunesse qu’une de mes amies avait adorée. On a tenté de la récupérer, mais elle habite loin mainte-nant. Donc on a parlé de faire cette structure-là une deuxième fois », explique Paulette Desaulniers.

La structure en question, faite de matériaux recyclés, s’appelle Médée II, comme un personnage de la mythologie grecque. « C’est une femme exceptionnelle, d’une grande puissance », rappelle Jacques Desaulniers. 

Cette oeuvre trône au milieu de l’exposition entourée par la dizaine de toiles de Paulette Desaulniers. « Ça m’a donné le goût de reprendre l’art. Et de mon côté, j’ai travaillé pendant un an pour faire mes peintures. Elles représentent une expression de la joie que j’ai trouvée plus tard dans ma vie. Il y a des formes rondes et des couleurs comme le jaune. Jacques va plutôt représenter une forme de rage. »

Paulette et Jacques Desaulniers, c’est aussi deux approches divergentes de la créativité. « Jacques, il fait quelque chose de très recherché, c’est un intellectuel même s’il n’aime pas que je dise ça (rires). Il fait des préparatifs, il suit des cours. Moi, c’est plus instinctif. Je décide quelle forme je veux faire puis je décore autour. »

« Oui, on est très différents. Je suis représentatif quand Paulette est plus abstraite. Mais l’on est semblables sur certains points : les couleurs et les formes. » Jacques Desaulniers.

À l’USB, pour se rassurer

Pour cette première exposition à deux, les artistes le confirment, « c’est rassurant ». « Et à titre personnel, j’adore ce que Jacques fait, alors je voulais vraiment faire cette exposition pour que le monde voie son art. » « Être frère et soeur, je crois aussi que ça touche les gens », remarque Jacques Desaulniers. 

Autre élément rassurant pour les deux artistes visuels, c’est le lieu de l’exposition. À l’USB, Paulette et Jacques Desaulniers se sentent comme à la maison. « C’est chez moi! », dit Paulette Desaulniers. « J’ai fait mon secondaire ici, mon université. J’y ai travaillé plusieurs années, membre du Sportex, je joue même encore au pickleball ici. C’était une évidence de le faire ici. On a été invités à le faire dans d’autres places, mais je voulais absolument le faire ici. »

Et à la différence d’une galerie fermée, Jacques Desaulniers apprécie le va-et-vient dans l’université qui permet au plus grand nombre de jeter un oeil sur les oeuvres.