Selon des chiffres qui ont fuité ces derniers jours dans plusieurs médias, le maire de Winnipeg Scott Gillingham devrait présenter une hausse de 5,95 % de ces impôts, soit la plus forte augmentation depuis plus de 30 ans.

Pour Michel Durand-Wood, observateur de la vie municipale, chroniqueur pour La Liberté et auteur du blogue DearWinnipeg.com, il s’agit là d’un mal nécessaire. « La ville se retrouve avec une position financière nette de 1,2 milliard $ dans le négatif, à la fin 2023. Ce sont des argents dépensés dans le passé qu’on doit retrouver dans les budgets futurs. À mesure que ces obligations financières du passé se faufilent dans le présent, on doit trouver les fonds dans le budget, qui se fait de trois façons : en coupant des services, en négligeant le maintien d’infrastructures, ou en augmentant les impôts. »

Selon Michel Durand-Wood, la Ville ne s’attaque qu’aux symptômes et non aux causes du problème. « Et tout ceci avant même de considérer les fonds supplémentaires nécessaires à cause de l’inflation, le déficit de fin d’année prévu pour 2024 qui devra être comblé en 2025, et le déficit d’infrastructures qui se chiffre actuellement à 800 millions $ par année. Pour parvenir à tout payer cela, on parlerait d’une augmentation de 100 ou 200 %. C’est impossible, donc on continuera à se creuser un trou financier, tant qu’on ne se sera pas attaqué à la cause du problème: un patron de développement qui ne se paie pas. »

Selon les estimations, cette hausse de l’impôt foncier devrait rapporter environ 40 millions $ qui ne serviront qu’à « simplement payer les coûts de l’inflation et à prévenir certaines coupures encore plus sévères, sans oublier nos factures du passé », souligne Michel Durand-Wood.

« De vrais problèmes financiers structuraux »

Politiquement, cette hausse représente-t-elle un risque pour l’administration de Scott Gillingham? En effet, quand il était candidat à la mairie en 2022, il n’avait qu’évoqué des augmentations des 3,5 %. « On peut donc dire qu’il s’apprête à briser cette promesse, mais la promesse n’était jamais réaliste pour commencer. Je ne pense pas que cela affectera sa carrière politique, car les Winnipegois commencent à reconnaître qu’on fait face à de vrais problèmes financiers structuraux. Les augmentations sont donc inévitables, tout comme le sont probablement d’autres coupures, et la négligence continue, voire l’abandon total, de certaines infrastructures. »

Michel Durand-Wood rappelle d’ailleurs qu’il ne s’agit pas là d’un défi que pour Winnipeg. « À Toronto et à Brandon, par exemple, c’était dans les 9 % l’an dernier. Cette année, la ville de Victoria propose une augmentation de plus de 12 %. »

Enfin, l’observateur politique s’attend même à d’autres augmentations, car cela ne suffira pas à réduire les problèmes financiers de la capitale manitobaine. « Est-ce assez haut pour contrer le déclin financier de la ville de Winnipeg? Même pas proche, ce n’est que partie remise à l’an prochain, pour une autre ronde d’augmentations, de coupures et d’abandon d’infrastructures. »

La réunion extraordinaire du comité exécutif débutera ce mercredi à 14 h.